Tassements du sol

Dès les années 1990, l’étude de divers cas de dépérissement, en particulier de hêtre, a révélé l’importance des phénomènes de tassements de sol liés aux passages d’engins forestiers (broyeurs, tracteurs, débusqueurs, porteurs, abatteuses…).

L’entrée sur les parcelles de matériels lourds à roues provoque des perturbations physiques du sol comme l’orniérage ou le scalpage (décapage local des couches superficielles). Ces manifestations visibles sont fréquemment accompagnées d’un tassement des horizons de surface, plus insidieux, en particulier sur les sols limoneux ou argilo-limoneux, les plus sensibles à ce phénomène.
L’époque de passage des engins est déterminante : le tassement dépendant en particulier de la teneur en eau du terrain, les périodes d’engorgement sont à éviter.

Les effets directs observés sont une perte de porosité et la formation de zones d’imperméabilité qui vont modifier de façon considérable la circulation de l’eau dans le sol. Ces phénomènes réduisent la quantité d’oxygène disponible dans le sol, ce qui compromet la survie des racines fines, voire des racines plus grosses, en particulier en période pluvieuse et perturbe le développement des arbres.

Une hydromorphie de surface apparaît ainsi fréquemment, aussitôt révélée par la végétation (envahissement par les carex, le jonc ou la molinie). L’implication de microflores pathogènes (Phytophthora) dans le processus n’est pas à écarter.

• Symptômes et éléments de diagnostic

Les symptômes sur les arbres n'ont rien de spécifique, ce sont ceux observés dans le cas d'un dépérissement (voir fiche "dépérissement"): mortalité d'un certain nombre de tiges, mortalité de branches et rameaux, attaque de parasites de faiblesse...

La présence d'indices de passage d'engins (ornières....) à proximité des arbres les plus atteints doit alerter. Un changement de végétation avec notamment apparition d'une végétation hygrophile par zone bien circonscrite (bande correspondant aux passages d'engins...)  est un autre élément.

Des sondages à la tarière dans des zones "saines" et des zones "dépérissantes" permettent de comparer la structure des horizons de surface et éventuellement de mette en évidence une perte de porosité.

• Dégats et conséquences

Pour des essences sensibles au tassement de sol comme le hêtre, le chataignier ou le Douglas, un changement brutal dans la porosité du sol  peut se traduire rapidement par un dépérissement et des mortalités plus ou moins importantes selon l'intensité et la répartition du phénomène.

L'envahissement par une strate herbacée et l'hydromorphie de surface limitent les possibilités de régénération naturelle et augmentent les travaux.

La perte de porosité limite également le choix des essences en plantation, ainsi que les potentialités de la station.

On peut ainsi observer un total changement de vocation après un tassement de sol sur l'ensemble d'une parcelle: des sols à bonne potentialité initiale pour le hêtre peuvent ne plus convenir à cette essence après exploitation!