Pyrenochaeta lycopersici

Maladie des racines liégeuses

  

Généralités 

  • Champignon tellurique surtout étudié sur tomate, décrit dans un premier temps en Europe, est maintenant présent dans les zones de production de plusieurs continents. C'est un marqueur des sols dits « fatigués » qui ont supporté notamment des cultures de tomates à plusieurs reprises et/ou d'autres cultures sensibles, essentiellement légumières.
  • Signalé dans des substrats organiques et minéraux de cultures en hors-sol, alors qu'il ne dispose pas de structures lui permettant de se disséminer facilement.
  • Peu dommageable sur aubergine non greffée, normalement pas sans incidence lorsqu'elle est greffée sur porte-greffe de type KNVF.
  • affectant en particulier les cultures sous abris en sol.
  • La "monoculture" de plants d'aubergine non greffés peu générer une augmentation de son incidence.
  • Il fait surtout parti d'un complexe parasitaire racinaire de plusieurs bioagresseurs telluriques classés en fonction de leur incidence décroissante : Colletotrichum coccodesMeloidogyne spp.,  Phytophthora nicotianaePyrenochaeta lycopersiciRhizoctonia solani, Globodera tabacum.
  • Colonise ou recolonise plutôt lentement les sols désinfectés, c'est pour cette raison que cette pratique est efficace sur une période relativement longue, pour autant que la méthode ou le fumigant ont été choisis avec soin.
  • Trois groupes de souches auraient été définis en fonction de leurs optima thermiques : des souches froides, tempérées et chaudes. Ces groupes ne semblent pas présenter une grande variabilité moléculaire d'après les rares travaux portant sur le sujet. 
  • Organes attaqués : principalement les racines de façon très partielle et localisée sur aubergine en France.
  • Symptômes :
    • Lésions sur radicelles, particulièrement sensibles, qui brunissent, se dégradent rapidement et disparaissent.
    • Les racines révèlent localement altérations brunes et lisses dans un premier temps, puis elles deviennent superficiellement liégeuses ; apparaissent par la suite quelques manchons peu renflés, craquelés et d'apparence sèche (figure 3).
    • Généralement, la présence de Pyrenochaeta lycopersici sur les racines de l'aubergine n'entraine pas de réduction de croissance des plantes, voire leur dépérissement comme cela peut être le cas sur tomate.
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  • Signes : forme exceptionnellement des pycnides de taille irrégulière, produisant des conidies ellipsoïdes de 4-6 x 1-1,5 µm (figure ) et pourvues de setae sur les racines altérées.
  • Confusions possibles : Colletotrichum coccodes.

Biologie

  • Conservation : se conserve plusieurs années dans le sol sur les débris végétaux grâce à son mycélium et à ses chlamydospores. Divers hôtes alternatifs cultivés, entrant en rotation avec la l'aubergines ont capables de l'héberger et de le multiplier : en particulier la tomate non greffée, laitue, melon, concombre, poivron, haricot, pastèque, épinard, fraisier, Carthamus tinctorius. Il en est de même pour plusieurs mauvaises herbes. Notons que ce champignon, bien qu'ayant une croissance très lente dans le sol, peut atteindre les couches profondes.
  • Sources d'inoculum : son mycélium et à ses chlamydospores.
  • Infection : son mycélium pénètre directement  dans les tissus racinaires ou via des blessures. et colonise le cortex 
  • Développement, sporulation : colonise rapidement les tissus du cortexgrâce à son mycélium, entraînant progressivement sa pourriture ou sa subérisation. Il forme exceptionnellement des pycnides de taille irrégulière, produisant des conidies ellipsoïdes de 4-6 x 1-1,5 µm (figure 1) et pourvues de setae sur les racines altérées de tomate.
  • Dissémination : Étant donné la rareté de ces pycnides, on peut penser que ces structures ne contribuent pas beaucoup à la dissémination de P. lycopersici. Les potentialités de dispersion de ce champignon sont donc très limitées et dépendent surtout des activités liées à la culture de la tomate, voire de l'aubergine.. Ainsi, la dissémination peut s'effectuer par l'intermédiaire de plants et/ou de substrats contaminés, des outils et des engins aratoires.
  • Conditions favorables : il est plutôt connu pour se développer en conditions climatiques froides, les souches « froides » disposant d'un optimum thermique situé entre 15-20°C (souches nord européennes) ; les souches "chaudes" sont encore pathogènes à 26-30°C. Ces dernières sont rencontrées notamment dans plusieurs pays du Bassin méditerranéen (Tunisie, Liban, etc.). La monoculture de tomates et/ou la production en alternance ou non de cultures sensibles dans la même parcelle augmente le taux d'inoculum du sol et favorise son extension dans celle-ci.

Protection

  • Réaliser des rotations culturales préventivement, avant que le sol ne soit fortement contaminé. Elles devront durer au moins 3 à 4 années. Bien sûr, les autres plantes entrant dans la rotation ne seront pas sensibles. De plus, les mauvaises herbes susceptibles d’héberger le champignon seront éliminées des parcelles.
  • Désinfecter les sols fortement contaminés (solarisation, biofumigation, fumigant, etc.).
  • Désinfecter les sacs, pots, gouttières des cultures hors-sol infestées, ou les remplacés.
  • Choisir un sol drainant, bien travaillé : un bon sous-solage permettra aux racines d’accéder à des couches neuves.
  • En pépinoère, utiliser des substrats sains (désinfectés) et éviter de poser les mottes à même le sol. En effet, elles se contaminent souvent au contact de ce dernier, en particulier si celui-ci n’a pas été désinfecté.
  • En présence de flétrissements en cours de culture, ce qui est rare sur aubergine, tenter de maintenir les plantes en vie le plus longtemps possible ; pour cela il convient :
    •  de les butter afin de favoriser l’émission de racines adventives qui pourront suppléer les racines anciennes altérées. En culture hors sol (sur tourbe ou sur pouzzolane + tourbe) et lors de graves attaques, de la tourbe peut être apportée localement au collet afin de permettre un enracinement complémentaire. De la sciure de bois est parfois utilisée ;
    • de les bassiner aux périodes les plus chaudes de la journée pour éviter des évaporations trop importantes et non compensées, conduisant au flétrissement, au dessèchement et à la mort des plantes ;
    • de surveiller attentivement l’irrigation. En effet, si les plantes flétrissent, ce n’est pas forcément lié à un manque d’eau, mais plutôt aux altérations racinaires dues àaux bioagresseurs telluriques associés à P. lycopersici. Dans certains cas, les producteurs ont tendance à augmenter l’irrigation pour répondre aux flétrissements, ce qui conduit à amplifier les lésions racinaires par asphyxie.
  • Eliminer et de détruire soigneusement les plantes malades et leur système racinaire en cours et en fin de culture.
  • Le greffage est une solution éminemment efficace, en particulier pour les cultures sous abris et les jardins d’amateurs. Plusieurs porte-greffes hybrides intra ou interspécifiques sont actuellement disponibles.

Dernière modification : 01/12/2023
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
Pyrenochaeta1
Figure 1
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Figure 2
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Figure 3
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Figure 4
Pyrenochaeta5
Figure 5
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Figure 6