Halyomorpha halys
Punaise diabolique ou Punaise marbrée
Généralités
La punaise diabolique est un insecte hémiptère originaire d’Asie bien que sa présence soit aujourd’hui avérée sur chaque continent. Depuis 2012, elle est repérée en France et son air de répartition croit rapidement.
Elle est très polyphage et son impact sur de nombreuses cultures n’est pas négligeable. On la retrouve aussi bien sur le kiwi que sur de nombreuses autres cultures fruitières, maraichères, grandes cultures et plantes d’ornement. Cette punaise est arboricole et se déplace donc via les haies, bois et boisements avoisinants les vergers, ainsi qu’à partir des cultures qu’elle apprécie particulièrement (maïs doux, soja...).
Symptômes et dégâts
Halyomorpha halys est une punaise poly-phytophage, elle peut être active sur l’Actinidia et entrainer des piqûres sur les fruits (difficilement repérables) (figure 1). Sur ces fruits touchés, on peut observer :
- Des dégâts internes au fruit le rendant impropre à la consommation et à la vente (figure 2) ;
- La présence de tâches translucides juste en-dessous de l'épiderme (à l'endroit des piqûres) quand le fruit est peu mûr. Cela évolue en une sorte de liège blanc à mesure que le fruit gagne en maturité. Parfois, le fruit présente également des tissus internes lignifiés ;
- La chute du fruit (les fruits tombent plus facilement sous l'effet des piqûres chez les variétés de kiwis jaunes).
Aux Etats-Unis d’Amérique, où la punaise est très présente, il a pu être observé jusqu’à 60% de pertes dans certaines cultures. En Pennsylvanie, 25% des récoltes de pêches et de fruits à noyaux ont été perdues en 2010. On constate une augmentation de sa présence d’années en années. En France, un verger de poirier de Savoie a perdu 100% de sa production en 2019. En Italie, la punaise diabolique a entrainé des pertes de récolte de 40% à 100% dans les vergers (pommes, kiwis, pêches et nectarines) en 2019. Ces dégâts sont estimés à 8000€/ha.
Biologie
- Description de l’adulte (figures 3, 4 et 5) :
Taille : 12 à 17 mm de long pour 7 à 10 mm de large
Couleur : brun jaunâtre, parfois rougeâtre, parfois verdâtre par endroit. Densément marquée de points sombres
Signes distinctifs : antennes foncées annelées de clair (anneau blanc ou rougeâtre à la base des articles IV et V), connexivium alternant blanc et brun en taches triangulaires. Absence de pointe ou de protubérance sur la face inférieure de l’abdomen. Tête allongée et rectangulaire avec les marges latérales concaves.
Confusion possible : Rhaphigaster nebulosa. La différence la plus marquante entre les deux espèces est la présence d’une grande pointe a la base de l’abdomen de Rhaphigaster nebulosa (figure 4). De plus, la position des parties blanches des antennes diffère d’une espèce à l’autre (figure 5).
- Description de l’ooplaque (figures 6 et 7) :
Les œufs sont blancs et en forme de tonnelets arrondis de 1,6 mm de long sur 1,3 mm de large. Groupés en une ooplaque, les œufs portent un opercule en forme de couvercle et entouré de petits picots. Après la naissance des larves, ils restent en place, avec le couvercle soulevé par un système d’ouverture triangulaire et noir appelé « ruptor ovi » (très visible).
- Description des larves :
- Stade 1 (figures 6 et 7)
Taille : 2,4 mm
Elles restent groupées autour des œufs. Forme elliptique, non déprimée (ou plate). De loin la tête et le thorax paraissent noirs, l’abdomen rouge avec des taches noires. Attention beaucoup de larves de punaises européennes au premier stade ressemblent à cela.
- Stade 2 (figure 7)
Longueur : 3,7 mm
Ovoïdes, plus ou moins déprimées. De loin elles paraissent grises. Tête rectangulaire avec une paire de projections en forme de cornes devant les yeux ; antennes noir-rougeâtre avec la partie apicale de l’article III blanche. Tête, thorax, plaques dorsales et connexivum en grande partie noirs, excepté les régions latérales, subhyalines. Pronotum bordé sur ses marges latérales par une rangée d’épines. Abdomen grisâtre avec des taches ainsi que les jonctions intersegmentaires rougeâtres. Pattes brun noirâtre.
- Stade 3 (figures 8 et 9)
Longueur : 5,5 mm
Corps pyriforme (en forme de poire), relativement déprimé (assez plat). Tête rectangulaire avec une paire de projections en forme de cornes devant les yeux. Tête, thorax, plaques dorsales et connexivum en grande partie noir brunâtre avec des zones brun jaunâtre, notamment en avant des paires d'orifices odorifères. Pronotum bordé sur ses marges latérales par une rangée d’épines. Abdomen blanchâtre avec des taches et les jonctions intersegmentaires rougeâtres. Pattes brun noirâtre, sauf la base des fémurs et le milieu des tibias blancs.
- Stade 4 (figure 9)
Longueur : 8,5 mm
Corps comme au stade 3, pyriforme, assez déprimé, de coloration presque identique. Antennes noir rougeâtre, sauf l’apex de l’article III et la base de l'article IV blanc jaunâtre. Fémurs bruns avec des points noirs dispersés, et leur base blanc jaunâtre. Tibias et tarses brun noirâtre sauf le milieu des tibias blanc jaunâtre. Une légère dépression d’un noir pourpré au milieu de la surface interne de chaque segment du connexivum.
- Stade 5 (figure 10)
Corps comme aux stades 3 et 4, pyriforme, assez déprimé. Antennes comme au stade 4. Tête, thorax, plaques dorsales et segments du connexivum en grande partie noir brunâtre avec un reflet métallique, sauf quelques taches jaunâtres sur la tête et le thorax et aussi sur le connexivum. La moitié antérieure des marges latéro-antérieures du pronotum, les marges latérales du mésonotum et le milieu des marges latérales du connexivum sont blanc subhyalines. Abdomen blanc jaunâtre pâle, densément couvert de points noir métallique, avec les jonctions intersegmentaires rougeâtres et des points rougeâtres. Fémurs marbrés de brun noirâtre, à base blanchâtre ; tibias et tarses en grande partie bruns, avec le milieu des tibias et l’apex des tarses blancs. Sternites thoraciques, hanches, trochanters, bases des fémurs, dessous de l’abdomen à tous les stades surtout le dernier, blanchâtres, contrastant fortement avec les marges du thorax et de l’abdomen plus sombres.
- Cycle de vie (figure 11) :
En Suisse, l’espèce semble être univoltine (un cycle de vie d’une seule génération par an) et en Italie l’espèce est peut faire jusqu’à 2 cycles. Elle est très probablement trivoltine (3 générations) dans le Sud-Ouest de la France. Aux premiers froids, les punaises peuvent s’observer en grande quantité car elles se réfugient souvent dans les maisons où elles passent l’hiver à l’état adulte. Sa reproduction est printanière, la ponte se déroule en juin par une trentaine d’œufs. Les cinq stades larvaires se développent durant l’été et la nouvelle génération d’adultes est mature en août-septembre.
Pour plus d'informations sur cet insecte, vous pouvez consulter la page de l'application AGIIR dédiée à la punaise diabolique.
Gestion
Prophylaxie :
Aujourd’hui, la seule action efficace connue est l’installation de filets anti-insectes évitant l’entrée sur le verger des punaises. Ils ne permettent toutefois pas d'empêcher l'entrée de 100% des individus, la punaise pouvant entrer dans les vergers en marchant.
Gestion :
Favoriser les oiseaux ou les parasitoïdes est une solution. Trissolcus japonicus est le parasitoïde naturel d’Halyomorpha halys, il est donc pour cela très intéressant. Anastatus, Telenomus, et Ooencyrtus sont d’autre genre de parasitoïdes qui pourraient eux aussi permettre de réguler la population des punaises.
La pulvérisation insecticide est moins efficace en système non clos que sous filets insect-proof (cf. Italie). A l’heure actuelle aucun traitement préventif ou curatif n’est autorisé en France sur kiwi contre cet insecte. Un usage (pour l'instant non pourvu) a été créé. Une dérogation 120 jours déposée par le BIK permet de couvrir l’usage de juin à août 2024.
Le BIK mène actuellement des recherches sur les dégâts causés par la punaise et expérimente des répulsifs et des plantes de service.
Des recherches sont également en cours sur les cultures pièges et l’efficacité de certain prédateurs généralistes.
Les matières actives autorisées dans le cadre de la lutte contre la punaise diabolique sur kiwi sont disponibles sur le site E-phy.