Watermelon mosaic virus (WMV)
Virus de la mosaïque de la pastèque
(Potyviridae, Potyvirus)
Le WMV est un potyvirus transmis par puceron selon le mode non-persistant. Il est signalé sur Cucurbitacées dans les principales zones de production du monde sous climats tempéré et méditerranéen, principalement en plein champ.
Le WMV est très fréquent en Europe, en Amérique et en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie. Il a été décrit pour la première fois en France en 1974. Une enquête épidémiologique conduite en métropole dans les principaux bassins de production de 2004 à 2008 a révélé que le WMV était le virus le plus fréquent chez les Cucurbitacées : il était présent dans plus de 82% des 2660 échantillons analysés. Il existe, toutefois, une certaine diversité régionale : il est très fréquent dans le Sud-Est de la France, un peu moins dans le Sud-Ouest, et il est encore assez rare dans le Centre-Ouest. Sa fréquence varie aussi selon l'espèce considérée : Il est très présent chez la courgette (94% des échantillons analysés), la courge (85%), le melon (78%) et plus rare chez le concombre, espèce principalement cultivée sous abris (14% des échantillons analysés).
Certaines souches de WMV, et particulièrement les souches EM récemment apparue en France, peuvent provoquer des symptômes sévères de mosaïque et des déformations sur le feuillage et des décolorations voire des déformations sur fruits. Les attaques précoces entraînent parfois d'importantes pertes de rendement.
D'une façon un peu surprenante, le WMV n'est pas signalé dans des zones de production tropicales et assez rarement dans les régions subtropicales, alors que les pucerons vecteurs y abondent. Ainsi, on n'a pour l'instant jamais isolé le WMV aux Antilles, dans le Sud de la Floride ou en Afrique de l'Ouest ou de l'Est. Cette observation est un peu paradoxale puisque ce virus infecte une espèce tropicale, la vanille, particulièrement dans les îles du Pacifique où il provoque une maladie grave de cette Orchidée.
Le WMV a été signalé pour la première fois en Floride en 1954. Toutefois, pendant près de 25 ans une certaine confusion a régné son sujet car très rapidement deux souches dénommées WMV1 et WMV2 ont été distinguées d'après leurs gammes d'hôtes. Le WMV1 infecte principalement les cucurbitacées, le WMV2 a une gamme d'hôtes beaucoup plus large incluant des légumineuses et de nombreuses espèces adventices. Des études sérologiques ont permis d'établir au début des années 80 que le WMV1 était en fait une souche d'un virus différent, le Papaya ringspot virus (PRSV), le WMV2 devenant alors le "vrai" WMV.
La caractérisation de son génome a révélé une propriété originale : il serait issu d'une recombinaison* entre deux virus infectant les légumineuses, le Soybean mosaic virus (virus de la mosaïque du soja) et le Bean common mosaic virus (virus de la mosaïque commune du haricot) qui n'infectent pas les Cucurbitacées. Peut-être est-ce cette recombinaison qui a permis au WMV d'étendre sa gamme d'hôte aux Cucurbitacées.
L'étude de nombreux isolats de WMV d'origines géographiques diverses a montré l'existence de trois groupes moléculaires d'après la séquence de leur protéine de capside**: les groupes 1, 2 et 3. Jusqu'à la fin des années 90, on trouvait en France principalement des souches du groupe 1, qu'on appelle aussi les souches "classiques" (CL), et quelques souches du groupe 2 dans la région niçoise. Ces deux types de souches ont été signalés dans d'autres pays du Bassin Méditerranéen (Espagne, Tunisie). Au début des années 2000, un nouveau type de souche appartenant au groupe 3 [appelées aussi souches émergentes (EM)] est apparu dans le Sud-Est de la France. Depuis, ces souches, souvent associées à des symptômes plus sévères, se sont bien installées et tendent à remplacer les souches CL présentes jusqu'alors. Les souches EM ressemblent beaucoup à des souches décrites en Extrême-Orient (Chine, Japon) mais l'on ne connaît aujourd'hui ni leur origine géographique réelle, ni leur voie d'introduction en France. Notons que des souches EM viennent d'être signalées dans différents pays dont l'Espagne et les USA, confirmant le caractère invasif de ce type de souche.
Les particules de WMV sont flexueuses et mesurent environ 760x12 nm.
De nombreux virus provoquent des mosaïques chez les cucurbitacées, ce qui rend le diagnostic visuel souvent difficile. Des kits commerciaux de diagnostic ELISA sont disponibles ainsi que des amorces pour le diagnostic moléculaire (RT-PCR). La distinction entre les différents groupes de souches peut se faire soit en ELISA à l'aide d'anticorps monoclonaux, soit en RT-PCR , avec des amorces spécifiques.
* La recombinaison correspond à un échange d'information génétique entre deux virus ou deux souches virales.
** La protéine de capside est une protéine qui protège l'acide nucléique et qui de ce fait est le principal constituant de la particule virale.