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Botrytis cinerea

Pourriture grise, Moisissure grise ou Gray Mold

 

 

Généralités

Botrytis cinerea (parfois appelé Sclerotinia) est un champignon ascomycète responsable de la pourriture grise, présent sur chaque continent. Il infecte de nombreuses espèces végétales d’’intérêt.


Symptômes et dégâts

 

Botrytis cinerea s’attaque aussi bien aux tissus sains qu’à des tissus endommagés, sénescents ou blessées par des insectes, des incidents climtiues ou des pratiques culturales (il est donc partiellement saprophyte). Il peut attaquer les parties aériennes de l’arbre notamment les fleurs et les fruits, sur lesquels il est problématique.

 

Les dégâts causés par ce champignon se font notamment durant la conservation et peuvent montrer jusqu’à 30% de pertes dans des cas extrêmes (plus souvent 0,2 à 2 % de perte).

Les dégâts sont visibles au verger et en conservation post-récolte avec des impacts diffèrents : 

Au verger :

On observe des nécroses sur les fleurs mâles et femelles d’Actinidia (figure 1). Il est parfois possible de constater des nécroses chancreuses sur les rameaux d’un an (en particulier au niveau des vestiges des pédoncules floraux).

En conservation post récolte :

Son observation sur fruit est particulièrement visible lors de la conservation post récolte en sortie de chambre froide (après au moins 3 semaines de conservation à 0°C). On constate alors une pourriture molle progressant depuis la lésion (nécrosée) de façon centrifuge vers la joue du fruit. Les tissus de l’épiderme deviennent alors mous et bruns et peuvent se recouvrir, en condition humide, d’un mycélium gris blanc et parfois de sclérotes si les conditions le permettent. Dans le fruit, les zones colonisées de l’endocarpe deviennent vert sombre et semblent « saturées en eau ». Le champignon va coloniser et contaminer les fruits voisins de proche en proche, et former ainsi des “nids de pourriture”.


Biologie

Conditions favorables à l'infection :

Les conditions pour les contaminations sont des températures entre 15 et 20°C et un pourcentage d’humidité supérieur à 90% pendant au moins 15h ou une présence d’eau libre. L’enherbement en inter-rang avec des plantes hautes ne fera que favoriser ces contaminations. Enfin, une fertilisation trop importante permettra à Botrytis cinerea de contaminer plus facilement les arbres.

Infection, propagation et dissémination :

 

Botrytis cinerea se conserve sous forme de sclérotes durant l’hiver. Au printemps, le mycélium forme des conidiophores qui, à leur tour, vont libérer des conidies propagées par le vent ou la pluie. Ces conidies contaminent les plantes dans des conditions entre 15 et 20°C et à un pourcentage d’humidité supérieur à 90% pendant au moins 15h ou en présence d’eau libre. Elles vont alors germer dans l’organe infecté et vont former un nouveau mycélium qui détruira les tissus internes.

 

A l’air libre, le mycélium produira des conidiophores bruns qui se couvriront de conidies hyalines donnant un aspect gris. Mycélium et conidiophore blanc/gris apparaissent sur fruit notamment au niveau de l’attache des pédoncules et des sépales. Ces conidies vont être propagées par le vent ou la pluie et former de nouveaux foyers de contamination.


Gestion 

Prophylaxie :

Voici quelques mesures de prévention au verger recommandées pour lutter contre Botrytis cinerea :

  • Adapter la fertilisation pour éviter la présence de plantes trop poussantes, les tissus jeunes étant plus sensibles à Botrytis cinerea ;
  • Maintenir un enherbement ras entre les rangs pour limiter les réservoirs possibles d'inoculum ;
  • Favoriser l'aération du verger, défavorable au champignon par le mode de palissage, le choix de taille et les travaux en vert.

La méthode du « curing » est applicable aux fruits. Elle consiste à laisser les fruits après récolte à température ambiante pendant au moins 48h avant la mise en chambre froide, permettant une meilleure cicatrisation et limitant les risques d’infection et de développement du champignon.

Gestion :

Tout d’abord, il convient de retirer au plus tôt les fruits atteints (et ne pas les laisser au sol ni en contact avec les autres).

Certains produits, notamment à base de fludioxonil, sont autorisés en application avant récolte. D’autres produits contenant des bacilles comme  Bacillus subtilis str. QST 713 ou Bacillus amyloliquefaciens ssp. plantarum strain D747 sont également autorisés. 

Il est à noter que l'on observe chez Botrytis cinerea une forte diversité génétique. Cette diversité lui permet une adaptation rapide à la pression de sélection et donc au développement de phénomènes de résistances aux fongicides utilisés. Une telle apparition de résistance a déjà été constatée sur certaines molécules telle que la vinchlorosine sur certaines souches de Botrytis cinerea.

Une étude scientifique a mis en évidence que la présence d’ozone gazeux lors de la conservation semble réduire de plus 50% les dégâts en bloquant la sporulation sur fruits déjà infectés lors de la conservation, les empêchant ainsi de contaminer les fruits sains. Cependant cette technique expérimentale n’est, à notre connaissance, pas appliquée en station de conditionnement.

Les matières actives autorisées dans le cadre de la lutte contre Botrytis cinerea sur kiwi sont disponibles sur le site E-phy.

Dernière modification : 15/03/2024
Botrytis_nécrose fleur
Figure 1
Cycle de vie Pourriture grise
Figure 2