Hymenoscyphus fraxineus
La chalarose du frêne
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Position systématique : Champignon - Ascomycète - Helotiaceae
Hôtes habituels : Frênes
Localisation sur l'hôte : Rameaux, feuilles, collets
Hymenoscyphus fraxineus (synonyme Chalara fraxinea) est un champignon ascomycète responsable de la chalarose du frêne. Ce pathogène est invasif en Europe depuis les années 1990. Il est originaire d'Asie de l'Est où ses hôtes indigènes sont le frêne de Mandchourie et le frêne de Chine. En Europe, le frêne commun et le frêne oxyphylle sont très sensibles à la maladie. De forts taux de mortalité sont observés chez le frêne commun, notamment chez les jeunes arbres, directement imputable à la chalarose. La première mention de la maladie en France date de 2008 dans le Nord-Est. La chalarose s'est ensuite propagée vers l'ouest et le sud à une vitesse d'envion 60 km par an (figure 1). Seuls les frênes présents dans le pourtour méditerranéen ne sont pas malades, en raison d'un climat chaud et sec en été peu propice à l'infection des rameaux. A l'inverse des deux autres espèces indigènes au Europe, le frêne à fleurs (Fraxinus ornus) présente une bonne résistance à la maladie.
- Biologie
Les ascospores véhiculées par le vent à partir de mai-juin se déposent et germent sur les feuilles. Elles provoquent la formation de nécroses foliaires en été. Le champignon développe son mycélium et passe des feuilles vers les pousses et les rameaux à partir de la fin de l'été. Des nécroses se développent alors sur ces rameaux à partir d'une insertion foliaire. La multitude d'infection foliaire et de rameaux provoquent des mortalités de branches et un houppier très dégradé.
Le champignon survit en hiver sur les rachis (nervure principale de la feuille et pétiole) dans la litière. Il y développe une plaque pseudosclérotiale noire protectrice. Au printemps, des fructifications blanchâtres appelées apothècies se forment sur les rachis qui libèrent des ascospores.
Les ascospores sont aussi capables de pénétrer au collet des arbres via les lenticelles et de former des nécroses en forme de flamme. Ce symptôme est surtout observé dans les forêts denses en frêne et dans un sol humide. Fréquemment, l'armillaire (champignon pourridié racinaire) s'installe sur ces nécroses au collet et accélère la dégradation du bois.
- Symptômes et éléments de diagnostic
Dans le houppier, les arbres atteints présentent des nécroses foliaires brunâtres, des nécroses corticales sur les rameaux, des faciès chancreux et des mortalités de rameaux et branches.
Les jeunes rameaux ou pousses chalarosés prennent une couleur brun-orangé.
Les nécroses au collet sont visibles sur les arbres sub-adultes ou adultes dans des frênaies denses et très infectées. Elles sont le signe d'un stade très avancé de la maladie et d'une grande vulnérabilité des arbres.
- Dégâts
La chalarose cause de sévères dégâts : les plantations de frêne commun sont à proscrire en forêt, les peuplements purs en frêne sont voués à l'échec et, dans cette situation, une substitution d'essences est recommandée.
Toutes les tranches d'âges des arbres sont touchées, du jeune semis à l'arbre âgé. Cependant, plus les arbres sont jeunes, plus ils sont vulnérables. Dans les zones très infectées, les taux de mortalité annuelle sont de l'ordre de 30% chez les arbres d'un diamètre de moins de 5 cm et de 10% chez les arbres de 5 à 25 cm de diamètre.
Hormis l'âge des arbres, les dégâts s'accentuent progressivement avec le temps de présence du pathogène dans la région. Par ailleurs, les peuplements présentant plus de 20% de frênes, les sols humides et les climats tempérés et arrosés en été sont favorables à la maladie.
A l'inverse, l'état sanitaire des frênes dans les haies, en ripisylve ou isolés dans les parcs ou jardins est moins dégradé. Les périodes climatiques chandes et séches en été limitent aussi les dommages car le pathogène survit mal quand la température dépasse les 30-35°C. Dans les zones très urbanisés (le long des rues), l'impact est très faible : dans ces situations, les feuilles ne s'accumulent pas au pied des arbres sur les sols artificialisés. Le cycle de la maladie ne s'y accomplit pas complètement car, en l'absence de feuille, la production de spores à partir des rachis est fortement réduite voire nulle.
La santé du frêne en forêt est donc fortement compromise par la chalarose. Cependant, le frêne commun ne disparaitra pas. Certains individus sont tolérants à la maladie et à condition qu'ils soient preservés, ils pourront générer petit à petit de nouveaux individus tolérants. Par ailleurs, en mélange avec d'autres espèces et s'il représente moins de 20% des arbres dans un peuplement, le frêne commun peut se maintenir.
Voir aussi :
CHALFRAX, le site du projet pour mieux comprendre et apporter des éléments de gestion
L'émergence de la chalarose en France, Revue Forestière Française n°6, 2018
La chalarose du frêne, 12 ans après la première detection en France