Diaporthe melonis Beraha & M.J. O'Brien (1979)
Pourriture noire et "tige pourpre"
- classification : Fungi, Ascomycota, Sordariomycetes, Sordariomycetidae, Diaporthales, Diaporthaceae
- synonyme : Phomopsis cucurbitae McKeen (1957)
- dénomination anglaise : black rot and purple stem
Diaporthe melonis est un champignon tellurique qui a été signalé dans plusieurs régions de production du monde, notamment en Inde, au Japon, aux États-Unis et au Canada, affectant principalement le melon, le concombre et la pastèque. Son incidence sur ces cultures semble peu marquée.
Ce champignon ne sévit pas en France sur Cucurbitacées.
Principaux symptômes
Des lésions aqueuses, rougeâtres à violette, s'initient et s'étendent sur la partie basse de la tige. Par la suite, elles s'éclaircissent et deviennent blanches avec l'âge. Des exsudats gommeux, ambrés, apparaissent généralement au niveau des lésions. Lorsque la tige est ceinturée par un chancre, les feuilles flétrissent et se dessèchent et les plantes dépérissent.
D. melonis peut être responsable de pourritures sur les fruits de melon, parfois à partir de la cicatrice stylaire. Dans le cas de melons immatures, les infections peuvent rester latentes et ne se manifester qu'après récolte, en cours de stockage et de conservation.
Soulignons que les lésions sur tige sont généralement plus ou moins recouvertes de structures globulaires noires : des pycnides parfois alignées en rangées. Ce ne serait pas le cas sur les fruits pourris.
Biologie, épidémiologie
Les informations disponibles concernant la biologie et l'épidémiologie de D. melonis restent encore limitées.
- Conservation, source d'inoculum
Les modalités de conservation de D. melonis ne sont pas connues. Il doit certainement pouvoir se conserver par l'intermédiaire de son mycélium et de ces pycnides comme de nombreuses autres espèces de Phomopsis.
- Pénétration, invasion
L'infection des organes s'initie généralement sur les tissus sénescents et notamment aux endroits sur les plantes où ils sont fréquents : jonctions de la tige et pétioles, vrilles, entre-noeuds. Les pièces florales sénescentes constituent des bases nutritives très propices à la pénétration de D. melonis.
Une fois en place, le mycélium envahit les tissus épidermiques et corticaux, ainsi que les faisceaux vasculaires qui finissent par être détruits.
- Sporulation et dissémination
Ce champignon produit sur les lésions de nombreuses structures globulaires noires, de formes variées : des pycnides. Leur taille est d'environ 0.5 mm. Celles-ci produisent à l'extrémité de conidiophores hyalins et deux types de conidies dénommées alpha ou bêta en fonction de leur forme. Les conidies alpha sont hyalines, unicellulaires, fusiformes à ellipsoïdales, et biggutulées. Leurs dimensions moyennes sont de 8.3 × 2.6 µm. Les conidies bêta sont hyalines, filiformes, unicellulaires et incurvées à l'une de leurs extrémités. Elles mesurent en moyenne 24.7 × 1.3 µm.
Cet agent pathogène semble produire essentiellement des pycnides et des conidies de type alpha.
Ces conidies sont extrudées des pycnides sous la forme d'amas muqueux ou de cirrhes, et elles sont disséminées essentiellement par les éclaboussures d'eau, les outils ou encore les travailleurs au cours de leurs travaux dans les cultures, en particulier si celles-ci sont mouillées.
- Conditions favorables à son développement
Les conditions favorables au développement de D. melonis sont plutôt mal connues. Le champignon serait favorisé par les conditions d'humidité élevée.
Comme de nombreux champignons aériens, il affectionne particulièrement les ambiances humides et les périodes pluvieuses. Les plantes étiolées et/ou hébergeant de nombreux tissus sénescents sont aussi probablement plus vulnérables.
Méthodes de protection
Comme pour la biologie de D. melonis, peu d'informations sont disponibles concernant les méthodes protection à mettre oeuvre pour contrôler ce champignon. Il est toutefois conseillé d'associer toutes les mesures et les méthodes permettant de l'éliminer ou de limiter son développement.
- En cours de culture
La ou les premières plantes malades doivent être éliminées avec soin, afin de limiter l'extension de ce champignon. Pour cela, il convient de les placer dans un sac plastique pour éviter tout contact avec les autres plantes saines environnantes lors de leur élimination de la culture. Elles seront rapidement détruites par la suite. Une fois la maladie présente dans la culture, il faut éviter la présence de visiteurs, et il convient de travailler dans les cultures lorsque les plantes sont sèches.
Ce champignon appréciant les conditions climatiques humides, il est donc indispensable de bien aérer les serres afin de réduire l'hygrométrie et d'éviter la condensation d'eau sur les plantes.
Aucun fongicide n'a été signalé comme efficace à l'égard de D. melonis.
En fin de culture, les débris végétaux seront éliminés, ils ne seront en aucun cas entassés et conservés à proximité des parcelles, car ils constitueront ultérieurement des sources d'inoculum. Il sera préférable de les détruire en utilisant de la chaux vive ou en les brûlant. Sinon, le tas de débris sera recouvert d'un film plastique afin de constituer une barrière mécanique.
- Culture suivante
Il sera important de mettre en place des mesures prophylaxiques. En culture sous abris, en hors-sol notamment, l'ensemble de l'exploitation devra être désinfectée afin de la débarrasser du maximum de propagules susceptibles de contaminer les nouvelles plantes. Il faudra pour cela désinfecter la surface des structures internes des abris. Les sacs, les substrats, les outils et les autres matériaux ayant pu être contaminés devront être éliminés. S'ils sont réutilisés, ils devront être désinfectés auparavant.
Aucune variété n'a été identifiée comme étant résistante.
Il sera indispensable d'utiliser des plants sains qui devront être produits avec un substrat sain. De plus, on évitera d'arroser excessivement les plants, ce qui limitera le risque de développement du champignon. Il faudra se méfier de la qualité sanitaire de l'eau utilisée pour la préparation de la solution nutritive et/ou l'irrigation des plantes, surtout si elle provient d'un canal d'irrigation, d'un cours d'eau, d'un bassin ayant pu être contaminés. Les conduites du réseau de goutte-à-goutte devront être nettoyées ou remplacées. Les dépôts seront éliminés avec une solution acide, et le circuit désinfecté sera ensuite rincé à l'eau. Dans les serres où la solution nutritive est recyclée, les mesures prises seront plus importantes. Le circuit devra être désinfecté à plusieurs reprises afin d'être certain de se débarrasser du pathogène.
Les plateaux, les caisses réutilisés pour contenir les plants seront désinfectés. On sera particulièrement vigilant sur leur qualité sanitaire. Les outils servant au travail du sol dans les parcelles contaminées seront bien nettoyés avant leur emploi dans d'autres parcelles saines. Il en sera de même pour les roues des tracteurs. Un rinçage soigneux à l'eau de ce matériel suffira souvent à le débarrasser de la terre infestée.
* Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.