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Alternaria cucumerina (Ellis & Everh.) J.A. Elliott, (1917) var. cucumerina

Alternariose des brûlures foliaires



- classification : Fungi, Ascomycota, Dothideomycetes, Pleosporomycetidae, Pleosporales, Pleosporaceae
- téléomorphe : Lewia
- synonymes : Alternaria cucumerina (Ellis & Everh.) J.A. Elliott, (1917) ; Alternaria brassicae var. nigrescensPeglion, (1892) ; Macrosporium cucumerinum Ellis & Everh., (1895)
- dénominations anglaises : Alternaria leaf blight, Alternaria wilt


L'alternariose est une maladie foliaire qui affecte de nombreuses espèces de Cucurbitacées appartenant aux genres Citrullus, Cucumis, Cucurbita. Le champignon responsable, Alternaria cucumerina, semble largement répandu dans le monde. On le signale par exemple sur le continent américain (Canada, USA, Venezuela, Brésil, Argentine, Chili), à Cuba et Trinidad, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Asie (Japon, Chine, Thaïlande, Inde, Arabie), en Afrique (Égypte, Kenya, Libye, Mozambique, Nigeria, Rhodésie, Afrique du Sud, Soudan, Zambie), à Chypres. En Europe, il aurait été observé notamment en Angleterre, Roumanie et en France. Soulignons, qu'à notre connaissance, ce champignon ne semble pas avoir sévit avec gravité sur notre territoire depuis de très nombreuses années.

Comme nous l'avons suggéré précédemment, sa gamme d'hôtes chez les Cucurbitacées est assez large, affectant le concombre, le melon, la pastèque, Cucurbita moschata, Luffa aegyptiaca et Luffa cylindrica, la margose (Momordica charantia), la cristophine.


Principaux symptômes

A. cucumerina est avant tout un champignon pathogène sur feuilles, bien que des symptômes sur fruits soient aussi mentionnés. Les premières lésions apparaissent plutôt sur les vieilles feuilles situées à proximité du collet. Elles sont d'abord petites (0,5 mm de diamètre), de couleur brun-jaune, et bordées par un halo vert clair à jaune. Par la suite, ces taches s'étendent progressivement, coalescent, et forment de larges zones nécrotiques et brunes pouvant atteindre plusieurs centimètres. Notons que ces lésions montrent par transparence des motifs plus ou moins concentriques. A terme, de nombreuses feuilles se nécrosent et meurent, laissant les fruits exposés aux brûlures solaires. Ajoutons que les tiges ou les pétioles ne semblent pas affectés.

Des lésions concaves et concentriques, de plusieurs centimètres de diamètre, peuvent aussi être observées sur les fruits mûrs. Les tissus lésés se couvrent bien souvent d'un feutrage vert-olive foncé constitué des conidiophores et de conidies d'A. cucumerina. Ce champignon peut aussi causer de tels dégâts pendant le transport et la conservation des fruits, en particulier sur melons et courges.


Biologie, épidémiologie

 

  • Conservation, sources d'inoculum

A. cucumerina se pérennise dans une parcelle grâce à son mycélium (et probablement des chlamydospores formées à partir de ce dernier) qui peut survivre dans les débris de plants malades au moins deux années. Ses conidies, bien que survivant durablement à la sécheresse pendant plusieurs mois, semblent perdre rapidement leur viabilité dans le sol. Les graines sont aussi susceptibles de conserver, et donc de disséminer ce champignon, notons que les contamination ne semblent pas internes. A. cucumerina serait aussi hébergé par quelques plantes cultivées ou sauvages qui pourraient assurer sa multiplication et sa conservation.

  • Pénétration, invasion

Le mycélium dormant présent dans les débris végétaux semble constituer l'inoculum primaire. Si des conidies polluant la surface du limbe assurent ce rôle, elles émettent un à plusieurs tubes germinatifs. Par la suite, le champignon pénètrent directement la cuticule, ou soit par l'intermédiaire des stomates ou d'une blessure. En conditions chaudes et humides, l'infection aurait lieu au maximum 46 heures +après la germination des conidies. Le mycélium une fois en place dans les tissus les envahit et les détruits progressivement. L'incubation dure entre 3 et 12 jours en fonction des conditions climatiques.

  • Sporulation et dissémination

A. cucumerinum sporule plus ou moins abondamment sur les tissus altérés en conditions humides et forme des conidies qui assureront la dissémination de la maladie, et donc les contaminations secondaires. En effet, ces spores, une fois sèches, sont facilement transportées par le vent et les courants d'air sur des distances non négligeables et/ou par les éclaboussures d'eau.
Rappelons que les graines peuvent être aussi à l'origine de la dissémination de l'alternariose.

  • Conditions favorables à son développement

Ce champignon sévit particulièrement dans les régions de production pluvieuses où les températures sont élevées. La présence d'eau libre sur les feuilles (consécutive à des rosées, des pluies, des aspersions) et des températures comprises entre 21 et 32°C sont très favorables aux contaminations et à la formation des conidies. La germination de ces dernières nécessite la présence d'eau libre sur les feuilles et elle peut se produire entre 10 et 35°C, avec un optimum situé aux alentours de 25-28°C. La sévérité de la maladie augmenterait proportionnellement à la durée d'humectation des feuilles. Elle serait favorablement influencée par des pluies fréquentes qui augmenteraient l'humidité relative de la canopée, et accentueraient la dispersion des conidies par éclaboussures. Enfin, signalons que la pullulation de mineuses serait à l'origine d'une augmentation du nombre de lésions d'alternariose sur feuilles de melon.


Méthodes de protection

  • En cours de culture 

L'alternariose est une maladie qui ne nécessite pas dans tous les cas l'application de fongicides. En effet, bien souvent son incidence est plutôt faible et ne justifie pas des traitements. Néanmoins, si cette maladie prend de l'ampleur dans la culture, plusieurs fongicides sont signalés comme efficaces dans la littérature : chlorothalonil, manèbe mancozèbe, iprodione imazalil, azoxystrobine. Soulignons que cette maladie ne semble pas sévir en France actuellement et qu'aucun fongicide n'est actuellement homologué sur Cucurbitacées.

Par contre, un certains nombre de mesures doivent être mises en oeuvre afin de limiter son extension. Dès les premiers symptômes, il convient d'éviter la présence d'eau libre sur les plantes et les fortes hygrométries. Sous abri, il faut aérer au maximum et proscrire les bassinages et les irrigations par aspersion.
En plein champ, veillez à ne pas employer l'irrigation par aspersion. Si elle est indispensable, elle sera réalisée le matin ou en cours de matinée afin que le feuillage se ressuie rapidement, en aucun cas le soir.
Il sera indispensable d'éviter tout stress aux plantes, et de leur assurer une fumure équilibrée, notamment en azote.
Dans la mesure du possible, le maximum de débris végétaux (feuilles et fruits) doit être éliminé en cours et en fin de culture, et détruit. Certains auteurs conseillent de les enterrer profondément.

  • Culture suivante 

Des rotations d'au moins 2 années avec des plantes non hôtes permettront de réduire les niveaux d'inoculum du sol. Il conviendra aussi d'éliminer les adventices pouvant servir d'hôtes intermédiaires.
De plus, on évitera de mettre en place une culture à proximité de parcelles de cucurbitacées déjà affectées, ou d'autres cultures sensibles comme la pomme de terre ou l'aubergine.
Les fumures seront équilibrées, et il conviendra d'éviter les excès ou les manques d'azote.
Il sera aussi judicieux de réaliser les plantations selon une densité qui permette une bonne aération de la végétation, un bon ressuyage après les pluies ou les irrigations par aspersion, et de produire des plantes plutôt vigoureuses. On évitera de planter dans des sols hydromorphes. En présence de tels sols, il conviendra de les drainer. Il sera préférable d'irriguer les plantes par goutte à goutte plutôt que par aspersion.

Des traitements fongicides ne pourront être réalisés qu'en situations épidémiques graves, avec les matières actives signalées précédemment.
L'application de bicarbonates de sodium, de potassium et d'ammonium sur melon aurait permis de contrôler plus ou moins efficacement le développement de cet Alternaria sur cet cucurbitacée. Par ailleurs, il faudra limiter le développement des épizooties de mineuses qui semblent favoriser l'expression de l'alternariose.

Des résistances variétales plus ou moins efficaces ont été détectées chez certains types de melon (cantaloup, honeydews), elles ne semblent pas disponibles actuellement chez les variétés commercialisées.

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Dernière modification : 04/12/2023
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • V Mayet (INRA)