Ecologie, épidémiologie
- Conservation
Le virus de la mosaïque de la pastèque (Watermelon mosaic virus, WMV) infecte d'assez nombreuses espèces botaniques n'appartenant pas aux cucurbitacées, tant cultivées (pois, haricot, épinard, mâche, vanille...) que spontanées (séneçon, capselle, lamier, fumeterre). Ces plantes jouent un rôle très important pour la conservation de ce virus pendant l'hiver en constituant des "plantes réservoirs" en l'absence de culture sensible. Elles seront au printemps les sources de virus et parfois aussi de pucerons vecteurs d'où s'initieront les épidémies.
La diversité des plantes réservoirs identifiées à travers le monde explique sans doute l'aptitude de ce virus à s'adapter à des écosystèmes très différents allant de régions sub-désertiques (désert de Californie ou d'Arizona) aux zones méditerranéennes ou tempérées (Europe, Afrique du Nord).
- Transmission
Le WMV est transmis selon le mode non persistant par plus de 38 espèces de pucerons, parmi lesquelles le puceron du melon, Aphis gossypii, le puceron vert du pêcher, Myzus persicae, ainsi qu'A. citricola, A. crassivora et Macrosiphum euphorbiae. Le puceron vecteur est capable d'acquérir le virus sur une plante infectée, ou de le transmettre à une plante saine, au cours de piqûres très brèves de l'ordre de quelques dizaines de secondes (piqûres "d'épreuve" permettant à l'insecte de reconnaître si la plante sur laquelle il s'est posé est un hôte favorable à son développement). Le puceron reste capable de transmettre la maladie généralement pendant quelques dizaines de minutes voire quelques heures, mais il perd rapidement cette capacité s'il effectue des piqûres d'épreuve ou des piqûres alimentaires. Il pourra toutefois acquérir à nouveau le virus, s'il refait des piqûres d'épreuve sur une plante infectée.La transmission du WMV par puceron fait intervenir, comme pour tous les potyvirus, un mécanisme moléculaire très sophistiqué. Une protéine virale, le facteur assistant, joue un rôle d'adhésif « double-face » : il constituerait un « pont » entre l'extrémité du stylet* des pucerons sur laquelle il se fixe et les particules virales.
La très grande efficacité de ce mode de transmission fait que la maladie peut se propager très rapidement dans une culture sans que l'on ait observé d'importantes populations de pucerons. Il n'est pas rare de voir l'ensemble des plantes d'une parcelle contaminé par le WMV en quelques semaines.
Pour l'instant, ce virus n'a pas été signalé comme transmis par la graine chez le melon, la courgette, le concombre ou chez des plantes réservoirs.
Au laboratoire, le WMV peut être transmis mécaniquement, mais il ne semble pas que ce mode de transmission de plante à plante se produise au champ et joue un rôle significatif dans la dissémination du virus dans les conditions naturelles du champ.
* Le stylet est l'organe qui permet aux pucerons de s'alimenter sur les plantes