Espèces apparentées à la laitue : le genre Lactuca
Lactuca est un vaste genre caractérisé par la présence de « lait », le lactucarium ; ce liquide blanc, le latex, collant, qui s'écoule des blessures des feuilles ou des tiges, lui a donné son nom. Les formes sauvages forment une rosette à feuilles souvent épineuses ; puis, la même année ou l'année suivante, les tiges s'allongent et la floraison survient en été dans nos régions. Les capitules étant largement ouverts, ressemblent à ceux des pissenlits à maturité, les graines sont dispersées par le vent.
Le genre Lactuca, comportant plus de 100 espèces dans le monde, serait originaire du Turkestan avec une zone de diversification dans le Bassin méditerranéen. En Europe, d'après Flora Europaea, 17 espèces ont été identifiées parmi lesquelles un groupe de compatibilité a été défini. Il s'agit d'espèces diploïdes à 9 paires de chromosomes comprenant, outre la laitue cultivée (L. sativa), 3 autres espèces à fleurs jaunes L. serriola (figures 1 à 6), L. saligna (figure 7), L. virosa (figure 8). Parmi ces espèces, L. serriola est souvent présente sur les bords de chemins et dans les jachères dans nos régions. Elle peut constituer un hôte alternatif pour certains pathogènes de la laitue. Ces espèces ont été utilisées comme sources de gènes pour améliorer la laitue (voir le lien sur les résistances de la laitue aux bioagresseurs). Ainsi, de nombreux gènes de résistances des variétés actuelles sont issus de L. serriola, espèce facile à utiliser car elle est totalement compatible avec la laitue. Les gènes identifiés chez L. saligna et L. virosa sont beaucoup plus difficiles à transférer chez la laitue. En effet, les hybrides sont délicats à obtenir et souvent stériles ou peu fertiles. Des techniques de laboratoire ont été développées pour faciliter l'utilisation de ces espèces et élargir ainsi la variabilité disponible pour l'amélioration de la laitue. Ainsi, les cultures in vitro d'embryons immatures permettent d'obtenir des hybrides (L. sativa x L. saligna) et facilitent l'obtention des rétro-croisements entre la laitue et les hybrides [L. sativa / L. virosa]. Lors de la réalisation de ces croisements ou l'obtention de leurs descendances, des caractères défavorables peuvent retarder le transfert des résistances à la laitue ou même l'empêcher. Par exemple, de nombreux hybrides entre L. sativa et L. virosa sont nécrotiques et meurent au stade 4-5 feuilles.
D'autres espèces, comme L. perennis, sont spécifiques de certains systèmes pédo-climatiques. Cette espèce pousse sur des sols calcaires en zone méditerranéenne ; il s'agit de plantes pérennes à fleurs bleues, non compatibles avec la laitue, qui sont traditionnellement ramassées et consommées en salade sous le nom provençal de Bréou.
La laitue cultivée se distingue des formes sauvages par plusieurs caractères morphologiques dits de domestication :
- formation d'une pomme ou tout au moins d'un stade végétatif marqué avec un grand nombre de feuilles aboutissant à un «bouquet» plus ou moins serré ;
- absence d'épines sous les feuilles ;
- diminution du latex et de l'amertume ;
- capitules resserrés dans les bractées permettant de retenir les graines sur la plante à maturité.
La laitue a été consommée dès l'antiquité. Au Moyen Age, des types laitue pommée et romaine étaient cultivés. Le nombre de variétés va augmenter fortement à partir du XVIIème siècle en France. La sélection en Europe est actuellement très intense, surtout en France et aux Pays Bas. Chaque année, plus de 30 nouvelles variétés sont inscrites au catalogue officiel. Parallèlement, les amateurs cultivent encore de vieilles variétés de la fin du XIXème siècle.