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Hydromorphie

 

 

Généralités

Les plants de kiwi ont des besoins conséquents en eau en comparaison à d'autres espèces mais sont également très sensibles aux conditions anaérobiques. Ils ont besoin de quantités relativement élevées d'oxygène et ne supportent pas les sols trop argileux (>30% d'argile) car trop hydromorphes. En effet, Actinidia, comparé à d’autres espèces, ne dispose que d’un faible espace racinaire destiné aux échanges gazeux et n’a pas la capacité de développer des tissus parenchymateux au niveau des racines pour s’adapter à des conditions anaérobiques.

Il faut donc un sol suffisamment drainant pour éviter les saturations en eau trop longues et fréquentes (dans un contexte où l’irrigation est importante pour la croissance de la plante ou dans la lutte contre le gel). Tout ces apports indispensables doivent être surveillés car ils risquent fortement de saturer le sol en eau.

En cas d'inondation, on considère que les dégâts sont proportionnels au type de sol, au temps pendant lequel il est inondé, à la hauteur d’inondation et surtout au moment de l’inondation.  En période de repos végétatif, on estime qu’un verger peut supporter sans de trop lourdes conséquences une inondation de 2 jours consécutifs, alors qu’en végétation toute inondation entraînera immanquablement des conséquences dont les dégâts peuvent être dramatiques dès la première journée d’inondation, allant jusqu'à la mort du verger en 15 jours après l’inondation.


Description des dégâts et symptômes

L’excès d’eau peut causer des asphyxies racinaires entrainant chez les arbres une diminution de la croissance et une dégradation des radicelles. Les conséquences directement visibles sont un palissement des feuilles et une perte de vigueur. Ces dégâts peuvent être fatals aux pieds touchés.

La composition du sol peut augmenter ou diminuer les risques liés à l’hydromorphie. Si le sol est trop calcaire, les évènements d’hydromorphie passagers vont causer des carences, notamment en fer, entrainant des chloroses.

Il est à noter que les conditions d’hydromorphie passagères favorisent le développement de Phytophthora spp. et autres agents pathogènes pouvant entrainer des pourritures racinaires grave plus tard dans la saison.

Confusion possible : 

Les Actinidia présentent les mêmes symptômes en cas de manque d'eau.


Gestion 

Avant mise en place du verger

Plusieurs opérations sont réalisables selon la topologie du site.

  • Mise en place d'un système de drainage permettant d’évacuer l’excès d’eau. Ces drainages devront être adaptés aux conditions topographiques et pédologiques de la parcelle. Un drainage peut être mis en place avant installation (au moins un an avant) pour limiter la stagnation de l’eau. Toutefois, il ne faut pas oublier que ce système permet une évacuation de l’eau relativement lente, son utilité étant dépendante du type de sol et son action peut être insuffisante en cas d’arrivée massive d’eau.
  • Profilage au laser permettant de visualiser et combler les zones de cuvettes et contre-pentes (permet d’éviter les zones de stagnation de l’eau sur la parcelle).
  • Réalisation de buttes de plantations en sol peu drainant (technique est très efficace). Cependant, les buttes doivent faire l’objet d’une surveillance particulière durant la période estivale pour éviter leur desséchement.
  • Création de rigoles et fossés évacuant les eaux de surface hors du site.

En exploitation

Pendant la période de culture, il convient de surveiller et de maitriser l’irrigation. Un moyen simple pour cela est l’utilisation de tensiomètres. Si ces derniers indiquent une pression inférieure à 10 cb sur le verger, il convient d’arrêter toutes opérations d’irrigation.

Si le sol est trop calcaire et que les hydromorphies passagères entraînent des chloroses liées à des carences en fer, l’application de chélate de fer traite les symptômes mais ne modifie pas le problème du calcaire dans le sol.

Enfin, il est nécessaire d’entretenir les différents aménagements de drainage créés en amont.


Pour aller plus loin...

Smith et al. (1989) ont étudié en milieu contrôlé le comportement des plants de kiwi lorsque les racines étaient soumises à différents taux d’oxygène. Ils rappellent que les espèces varient considérablement d’une part dans leur sensibilité initiale et d’autre part dans leur capacité à s'adapter à des conditions anaérobiques. Ils montrent alors que les plants d’Actinidia sont peu performants dans ces deux domaines.

Au niveau de leur sensibilité initiale, les travaux de Smith et al. (1989) font valoir que l'espace entre les cellules radicalaires destinées à la circulation des gaz est d'environ 2% du volume total des racines, dans les sols aérés et non-aérés. Or les valeurs en dessous de 5% sont considérées comme très sensibles aux conditions anaérobiques, avec l'exemple des pois et haricots qui sont des espèces traditionnellement considérées très sensibles aux conditions anaérobiques et qui ont une porosité racinaire double de celle du kiwi.

Du côté de la capacité à s’adapter aux conditions anaérobiques, le manque d'oxygène dans la rhizosphère peut être compensé au niveau des racines de certaines espèces par le développement de tissus parenchymateux. Cette modification de l'anatomie radiculaire permet à l'oxygène de diffuser plus librement des tissus du sol vers les racines. Cependant leurs travaux démontrent que l'on n’observe pas de tels développements pour les racines du kiwi qu’elles soient en milieu aérés ou non aérés. Enfin, une plante d'Actinidia adulte peut consommer environ 4,6.10-6 mol-1.m -3.s-1 d'oxygène, ce qui est modéré à élevé par rapport à d’autres d'espèces (les valeurs vont de 1,8 à 9 mol-1.m -3.s-1). D’après l’expérience menée par Smith et al (1989), il ne faudrait donc que 5 heures pour épuiser tout l'oxygène disponible dans la rhizosphère dans un sol bien ventilé passant à une situation d'asphyxie. Cette forte consommation en oxygène, couplée à une sensibilité importante et un manque d’adaptation aux conditions anaérobiques assure que même une courte période de faible concentration en oxygène va sérieusement affecter le plant de kiwi : il suffirait que 25% des racines soient soumises à des conditions d'anoxie pour perturber la plante (Smith et al., 1989).

Dernière modification : 18/03/2024
Dégradation racinaire
Figure 1
Dégradation des radicelles
Figure 2