Ecologie, épidémiologie
L'épidémiologie du virus de la mosaïque jaune de la courgette (Zucchini yellow mosaic virus, ZYMV) en France reste encore mal connue. En particulier, on ne sait pas encore quelles sont les sources de virus d'où partent les épidémies au printemps. Le virus passe-t-il l'hiver dans des plantes spontanées ou ornementales? Est-il introduit de pays plus méridionaux, par des vols de pucerons, ou par l'importation de fruits contaminés? Est-il transmis par la graine chez certaines espèces? Les réponses à ces questions permettraient de mieux adapter les méthodes de lutte.
- Conservation
Présent irrégulièrement en France, le ZYMV est signalé le plus souvent dans les bassins de production du Sud-est et du Sud-ouest. Il peut toutefois atteindre certaines années la région parisienne, voire la Bretagne. Dans les conditions naturelles, le ZYMV infecte surtout des espèces cultivéesappartenant aux cucurbitacées, mais on l'a aussi signalé sur des plantes ornementales (rose trémière, bégonia). En condition de laboratoire, on a pu montrer que le ZYMV infectait aussi des plantes spontanées ou ornementales appartenant à d'autres familles (lamier, renoncule, delphinium, pied d'alouette).
Dans les régions plus chaudes (sub-tropicales ou tropicales), où les cucurbitacées peuvent être cultivées toute l'année, le virus est beaucoup plus fréquent car il peut passer d'une culture à l'autre et parce que diverses espèces de cucurbitacées sauvages peuvent jouer le rôle de réservoir.
- Transmission
Le ZYMV est transmis selon le mode non persistant par plus de 11 espèces de pucerons, parmi lesquelles le puceron du melon, Aphis gossypii,et le puceron vert du pêcher, Myzus persicae. Le puceron vecteur est capable d'acquérir le virus sur une plante infectée, ou de le transmettre à une plante saine, au cours de piqûres très brèves de l'ordre de quelques dizaines de secondes qui sont les piqûres "d'épreuve" permettant à l'insecte de reconnaître si la plante sur laquelle il s'est posé est un hôte favorable à son développement. Le puceron reste apte à transmettre la maladie généralement pendant quelques dizaines de minutes, voire quelques heures, mais il perd rapidement cette capacité s'il effectue des piqûres d'épreuve ou des piqûres d'alimentation. Il pourra toutefois acquérir à nouveau le virus, s'il refait des piqûres d'épreuve sur une plante infectée. La très grande efficacité de ce mode de transmission fait que la maladie peut se propager dans une culture sans que l'on ait observé d'importantes pullulations de pucerons.
On a pu montrer que les pucerons pouvaient acquérir le virus sur l'écorce de fruits de melon destinés à la consommation, montrant par là que la mondialisation du commerce des fruits et légumes pouvait contribuer à la dissémination des virus entre pays ou continents.
La transmission du ZYMV par puceron fait intervenir, comme pour tous les potyvirus, un mécanisme moléculaire très sophistiqué. Une protéine virale, le facteur assistant, joue un rôle d'adhésif « double-face »: il constitue un pont entre l'extrémité du stylet* des pucerons et les particules virales.
Certaines observations suggèrent que le ZYMV pourrait être transmis mécaniquement (au cours d'opérations de récolte ou de taille) ou par contact entre feuilles. Il n'a pas été signalé comme étant transmis par la graine chez le concombre ou le melon. Des résultats récents confirment la transmission du ZYMV par la graine chez la courge. Toutefois cette transmission par la graine se ferait sous un mode quelque peu inhabituel, puisque les jeunes plantes infectées, issues de graines contaminées, ne présentent, dans un premier temps, pas ou peu de symptômes. Ceci rend particulièrement difficile le contrôle sanitaire des lots de semence.
* Le stylet est l'organe qui permet aux pucerons de s'alimenter sur les plantes