Les Noctuidae des cultures sous serre
Ethologie
- Les chenilles:
- Alimentation
A l’exception de quelques espèces lichénivores, fongivores ou occasionnellement voire exclusivement prédatrices, les larves sont phytophages (généralement oligophage ou monophage). Parmi les espèces nuisibles rencontrées en serres, la majorité sont polyphages. Entre deux mues les chenilles sont très voraces, elles peuvent accroître de 1000 à 3000 fois leur poids initial et s'allonger d'un facteur 10 à 20. Leurs puissantes mandibules qui assurent le broyage d’aliments solides leur permettent de s’attaquer à tous les organes de la plante ; certaines chenilles se nourrissent de fleurs, de graines, de tiges ou de racines mais la majorité d'entre elles s’alimente de feuillage. Elles consomment généralement le limbe des feuilles.
- Lieu et mode de vie
Le lieu de vie des chenilles permet d’en distinguer trois types :
- celles qui restent toute leur vie sur les parties épigées de la plante hôte ;
- celles qui sont endophytes de manière temporaire ou permanente (catégorie la moins représentée) ;
- celles qui accomplissent la majeure partie de leur développement à même le sol, sous les débris végétaux ou dans le sol (catégorie la plus importante).
Les chenilles de ce dernier groupe s’attaquent tout d’abord aux feuilles des plantes basses avant de poursuivre leur cycle de développement dans le sol. Les larves ont ensuite une activité essentiellement nocturne. Selon les espèces, les attaques portent préférentiellement sur le collet et les parties épigées facilement accessibles au niveau du sol tel que tiges et feuilles. Elles peuvent aussi se produire au niveau des bourgeons, des jeunes pousses et autres organes appétents lorsque les larves entreprennent des migrations nocturnes répétées vers les parties hautes de la plante.
En fonction du mode de vie, les chenilles présentent une couleur générale typique ; les chenilles vertes caractérisent les chenilles défoliatrices qui se développent aux dépens des parties aériennes des plantes ; les chenilles grises ou « vers gris » correspondent aux noctuelles terricoles dont la plus grande partie de l’existence se passe dans la couche superficielle du sol comme précisé plus haut.
A noter aussi que certaines d'espèces présentent un dichroïsme lié au sexe des individus ou à leur attitude sociale. De façon très générale, les chenilles solitaires sont claires et celles vivant groupées sont plus foncées.
- Moeurs
Les larves de Noctuidae peuvent se reconnaître par leurs postures et leurs réactions. Au repos, les espèces vivant sur les parties épigées de la plante sont le plus souvent allongées, le corps adhérant solidement à une tige ou à une feuille grâce aux fausses-pattes dont les extrémités sont munies de crochets. Les chenilles terricoles, elles, adoptent une posture beaucoup moins rigide. Lorsque les premières sont dérangées au premier stade, elles peuvent émettre un fil de soie, et dérivant à l’extrémité de celui-ci, gagner un nouveau support. Lorsqu’elles sont plus âgées, elles réagissent en s’enroulant sur elles-mêmes. Quant aux larves terricoles, le réflexe est de s’enrouler sur elles-mêmes et de rester immobiles quel que soit le stade.
Le comportement social au sein d’une même espèce montre que les chenilles peuvent à la fois vivre en solitaire ou en groupe. Bien que l’effet de groupe soit recherché chez certaines espèces, il peut induire chez d’autres des modifications d’ordres biophysiologique et comportemental au niveau de l’individu ; des observations de laboratoire ont clairement montré que des chenilles élevées en groupe ont développé des organes sexuels plus courts que celles provenant d’élevages individuels. Par ailleurs, l’effet de groupe peut inciter, à un moment donné, à la migration ou à la dispersion des individus.
- Dispersion
En général, les chenilles subsistent dans l’environnement immédiat de leur éclosion surtout lorsqu’elles trouvent des ressources trophiques suffisantes, mais, dans certaines conditions (recherche de nourriture, recherche du voisinage du sol,…), elles sont capables d’effectuer des déplacements, parfois sur de longues distances. Elles migrent alors seules ou de préférence en groupe comme c’est souvent le cas chez de nombreuses noctuelles. Les rassemblements peuvent être « inorganisés » ou au contraire « structurés » (alignement par exemple).
- Les adultes :
Contrairement à la chenille, le papillon se nourrit d’aliments liquides (suc ou nectar) et son appétit est bien moindre. Le papillon a souvent une durée de vie de un ou deux jours à quelques semaines. Les adultes sont actifs essentiellement la nuit ou dès le crépuscule, et plus rarement durant le jour. La principale fonction de l’adulte est de se reproduire. Si la rencontre des partenaires sexuels est souvent provoquée par la femelle qui émet des phéromones spécifiques, elle s’effectue aussi par l’entremise des phéromones mâles ou bien des deux à la fois. Ces phéromones sont détectées grâce aux nombreuses microstructures olfactives qui se trouvent sur les antennes.
Le nombre d’œufs pondus peut varier de quelques douzaines à plusieurs centaines par femelle. La durée d’incubation sera de 1 à 3 semaines selon les espèces et les conditions ambiantes.
D’une manière générale, l’activité des adultes sera diminuée par tous les facteurs externes susceptibles de nuire à leur capacité de repérage au sens large du terme (photoréception réduite ou perturbée, capacité à détecter et à « analyser » les stimuli internes et externes). Le milieu extérieur influe donc sur l’activité des adultes à la fois directement (vent fort par exemple) et indirectement (intensité lumineuse, chimioréception, etc).