Punaises phytophages

 

Insectes piqueurs suceurs, les punaises sont considérées en majorité comme nuisibles, du fait de leur mode d'alimentation. En effet, la salive injectée dans la plante avec leur rostre (figure 1), tue et dissout les cellules autour de la piqûre, le liquide obtenu étant ensuite aspiré. Lorsque l'insecte est présent en masse sur la plante, ou bien s'attaque aux tissus jeunes (bourgeons, feuilles en croissance) la multiplication des piqûres entraîne une nécrose rapide des tissus végétaux (figure 2). Les espèces pouvant faire des dégâts dans le vignoble ne sont pas spécifiques à la vigne, mais peuvent s'y développer lorsque la végétation adventice a été détruite, ou bien par la présence de plantes relais.

Parmi les punaises pouvant être nuisibles au vignoble, on peut citer les espèces suivantes :

Miridae

  • Apolygus spinolae (Meyer-Dur, 1841), punaise verte de la vigne (syn. Lygus (Neolygus) spinolai Wagner 1961, figure 3) est responsable du risetta (Italie) ou curling des feuilles. Cette punaise très mobile par temps chaud, pique les jeunes bourgeons et les grappes à l'état d'ébauches. Les feuilles sont ponctuées de brun et sont trouées. Cette punaise fait surtout des dégâts en Suisse et Italie.
  • Capsodes sulcatus Fieber, 1861 (grisette de la vigne) (anc. Calocoris ou Lopus sulcatus) (figure 4). C'est au stade nymphal que cette espèce vit exclusivement au dépend des boutons floraux en se nourrissant sur le pédoncule de la fleur ou sur le bouton et alors la baie ne se développe pas. Si de nombreux grains sont atteints c'est une partie de la grappe qui se dessèche et qui tombe. Après l'accouplement et la ponte dans les replis de l'écorce du cep, l'adulte poursuit son activité dans la végétation environnante. Cet insecte est toutefois peu répandu dans les vignes.
  • Closterotomus fulvomaculatus (De Geer, 1773), la punaise du houblon, peut s'attaquer à la vigne dont elle fait avorter les fleurs et les baies par ses piqures, induisant une perte de rendement.

Dans cette famille, il existe aussi des espèces prédatrices d'acariens et insectes ravageurs.

Lygaeidae

  • Nysius senecionis (Schilling, 1829) (figure 5) petite punaise de 4-5 mm de long, est parfois observée au vignoble en Languedoc Roussillon en cas de manque de nourriture dans la végétation alentour suite au fauchage, mais fait peu de dégâts malgré une certaine pullulation. Ce sont de rares attaques très localisées et temporaires, en été, qui peuvent provoquer un dessèchement du feuillage. C'est une espèce qui vit surtout sur les astéracées et qui pond sur les fleurs. C'est l'adulte qui hiberne.

Pentatomidae

  • Eurydema oleracea (Linnaeus 1758), punaise verte du chou ou punaise potagère, qui vit principalement sur les crucifères (figure 6), et qui peut se rencontrer dans le vignoble, là où ces plantes sont présentes (interrang). Elle peut s'attaquer aux jeunes feuilles de la vigne.
  • Halyomorpha halys (Stål, 1855), la punaise diabolique ou punaise marbrée qui a été introduite en France depuis peu. C'est une espèce arboricole qui s'attaque aux fruits. Pour l'instant, cette espèce est sous surveillance dans le vignoble (lire l'article).
  • Palomena prasina (Linnaeus 1761), punaise verte des bois (figure 1). Elle fait surtout des dégâts sur pommes et poires, mais peu s'attaquer à la vigne dans le Sud de la France, comme l'espèce proche P. viridissima (Poda, 1761).
  • Nezara viridula (Linnaeus 1758), punaise verte ponctuée ou punaise verte du soja, qui fait des dommages sur tomate et autres fruits, n'est pour l'instant pas dommageable à la vigne, mais a déjà été observée sur raisin.

Cycle biologique

Insectes hétérométaboles, les punaises se développent en 5 stades larvaires avant la maturité sexuelle (figure 7) qui survient sans nymphose. Selon les espèces, les punaises hibernent à divers stades de leur croissance (oeuf, nymphe ou adulte). La forme des oeufs, leur emplacement et leur agencement sont généralement caractéristiques des différents genres. Ces oeufs sont pondus isolément ou groupés, ils peuvent être déposés à la surface des végétaux (figure 8) ou insérés à l'intérieur d'une tige ou sous l'écorce.

Régulation biologique

Les punaises au stade adulte ou aux derniers stades larvaires peuvent être parasitées par des mouches tachinaires, par exemple Ectophasia leucoptera (Rondani, 1865) (figure) ou Trichopoda pennipes Fabricius 1781, espèce introduite en Europe. Ces auxiliaires s'attaquent plus particulièrement aux Pentatomidae. Les femelles pondent des oeufs sur les punaises et les premiers stades larvaires des mouches pénètrent dans l'hôte et se développent à son détriment. les Scelioninae (Hyménoptères chalcidiens, Platigastridae) sont des parasitoïdes oophages des Pentatomidae (photo). Les oiseaux et les araignées sont des prédateurs des punaises phytophages.

 

Bibliographie :

Alford DV (2007) Pests of Fruit Crops: A Color Handbook. Elsevier, 461p

Arzone A, Vidano C, Alma A (1990) Vineyard agro-system Heteroptera in the Mediterranean Region. Scopolia, suppl. 1, 101-107 (lien)

Caccia R, Remund U, Boller E, Baillod M (1988) La punaise verte de la vigne, Lygus spinolaï (Meyer-Duer), extension et importance en Suisse. Revue suisse de viticulture arboriculture horticulture, 20 (2) 109-116.

Galet P (1982) Les maladies et parasites de la vigne. Tome II, les parasites animaux.

Pericard J (1998) Hémipteres Lygaeidae euro-méditerranéens. Vol. 1, Faune de France (lien)

 


Classification : Animalia, Arthropoda, Insecta, Hemiptera, Heteroptera

Dénomination anglaise : true bugs

Dernière modification : 29/07/2022
  • Auteur :
  • S Chamont (INRAe)
rostre-punaise
Figure 1
degats-punaise
Figure 2
Apolygus-spinolae
Figure 3
capsodes-sulcatus-GCarcasse
Figure 4
nysius-senecionis
Figure 5
eurydema-oleracea
Figure 6
cycle-biologique-punaise
Figure 7
eclosion-oeuf-palomena
Figure 8
ectophasia-trichopodes
Figure 9
scelioninae-pentatomidae2
Figure 10