Ravageurs secondaires de la vigne, et espèces sous surveillance
Avec la modification des pratiques de la protection phytosanitaire du vignoble, certains ravageurs autrefois nuisibles mais qui avaient disparu avec la lutte chimique, réapparaissent. Il est donc nécessaire de les connaitre pour savoir les repérer.
D'autre part, l'introduction accidentelle sur le territoire de ravageurs non indigènes, mais connus pour leur activité néfaste, nécessite de les surveiller et donc de les connaitre.
Enfin, les été très chauds et les hivers doux favorisent l'installation ou au moins la présence épisodique de ravageurs venus du Sud qui peuvent perturber le développement de la vigne.
Actuellement, plusieurs risques sanitaires émergents sont sous surveillance :
- la cicadelle Orientus ishidae qui a été déjà été observée en Alsace. Elle peut porter le phytoplasme de la flavescence dorée ;
- la cicadelle africaine Jacobiasca lybica, présente en Corse depuis 2020, et observée dans les Pyrénées-Orientales en 2024. Les piqures de cet insecte (adulte et larve) grille totalement la végétation. Cette cicadelle ressemble à l'oeil nu à Empoasca vitis.
- les vecteurs potentiels du bois noir, autres que Hyalesthes obsoletus ;
- la mineuse des vignes italiennes (Antispila oinophylla). Il s'agit d'un papillon originaire d'Amérique du Nord. Il provoque de gros dégâts en Italie car la larve attaque les feuilles et creuse des galeries dans le limbe. Il est responsable d'une perte de surface foliaire importante ;
- les vecteurs potentiels de la maladie de Pierce due à Xylella fastidiosa, bactérie responsable transmise principalement par la cicadelle Homalodisca coagulata, qui n'est pas présente en Europe. Mais elle peut être transmise par plusieurs autres espèces endémiques du vignoble européen ;
- le scarabée japonais, Popillia japonica (photo 1), introduit en Italie en 2014, où il s’est établi et est devenu localement très envahissant. Cet insecte s'attaque à un grand nombre de plantes, sauvages et cultivées, dont la vigne où il provoque des ravages. Il est à craindre que cette espèce n’arrive en France rapidement. Il est important de la détecter précocement afin de pouvoir mettre en place des mesures efficaces pour limiter son invasion (-> lire la suite).
Cryptoblabes gnidiella (Millière, 1867) (phycite des vignes ou tordeuse méditerranéenne de la grappe, Lepidoptera, Pyralidae), est un ravageur épisodique dont la chenille polyphage, provoque de plus en plus de dégâts dans les vignobles situés dans le Sud de la France, à proximité du littoral méditerranéen. Cette chenille est en effet attirée par l’accumulation du sucre et la pourriture. Après la vendange, on peut donc en retrouver en quantité très importante dans les grappes pourries restées sur pieds. Sa présence reste toutefois conditionnée aux températures hivernales, car cet insecte est très sensible au gel.
Parmi les cicadelles et assimilées (insectes piqueurs-suceurs), Penthimia nigra (Goeze, 1778) (Hemiptera, Cicadellidae), fréquente dans les taillis de chêne, est une espèce polyphage, qui autrefois a été décrite comme néfaste occasionnellement sur la vigne, par ses piqures faisant flétrir les feuilles. Cette espèce est plutôt considérée comme espèce compagne (photo). Philaenus spumarius (Linnaeus 1758), le cercope des prés ou philène spumeuse (Hemiptera, Aphrophoridae), espèce très polyphage (photo), est connue pour transmettre efficacement la maladie de Pierce en Europe, mais seulement sur olivier. Par ses piqûres nutritives profondes, cet insecte peut désorganiser les tissus des jeunes rameaux de vigne et peut provoquer la dessication de ceux-ci.
Bibliographie
Delbac L, Davidou L, Rouzes R (2015) Les ravageurs. Les ravageurs secondaires de la vigne. Union Girondine des Vins de Bordeaux, numéro spécial, avril, 65-68
Galet P (1982) Les maladies et parasites de la vigne. Tome II, les parasites animaux.
Kreiter S et al. (2008) Ravageurs de la vigne. Editions Féret, Bordeaux