Parasitoïdes de cochenilles
Les populations de cochenilles au vignoble sont généralement bien contrôlées par leurs ennemis naturels. Présentes en colonies sur les rameaux, les cochenilles sont facilement accessibles pour la ponte des femelles de parasitoïdes. Toutefois la présence de fourmis (qui se nourrissent du miellat produit par les cochenilles), si elles constituent des populations importantes, peuvent être une gène pour les auxiliaires.
Les parasitoïdes primaires de cochenilles se rattachent principalement à deux familles d'hyménoptères chalcidiens (à nervation des ailes toujours très réduite) (figure 1), Encyrtidae et Aphelinidae et les genres concernés sont spécialisés sur une famille particulière de cochenille.
- Encyrtidae
Les Encyrtidae constituent l'une des plus importantes familles des chalcidiens, et la deuxième en terme de succès au niveau de la lutte biologique, ici essentiellement dirigée contre les cochenilles.
Ce sont des hyménoptères de petite taille (1-2 mm en moyenne, figure 2), à corps compact, ne présentant pas d'étranglement apparent entre le thorax et l'abdomen (ce qui caractérise normalement les hyménoptères apocrites). De nombreuses encyrtides présentent un éclat métallique plus ou moins prononcé (comme c'est le cas des Blastothrix) ou en sont au contraire dépourvus, leur corps est alors en partie jaune, brun ou même noir (cas des Metaphycus et Anagyrus par exemple).
Les antennes ont presque toujours 11 segments chez la femelle. D'autre part le tibia de la patte médiane est pourvu d'un éperon apical très développé, en relation avec leur aptitude au saut, leur permettant de faire des très grands bonds. Les mâles d'encyrtides sont souvent très différents, et pour cette raison, difficilement associables aux femelles.
L'oeuf est généralement inséré dans l'hôte. Les larves d'encyrtides étant des parasites internes, les espèces se sont adaptées, d'une part pour éviter les réactions immunitaires de leurs hôtes (tentatives d'enkystement), d'autre part pour pouvoir respirer à l'intérieur d'un milieu liquide. La pupaison a lieu généralement dans l'hôte. C'est la larve mature ou la nymphe dans l'hôte qui hiverne.
- Aphelinidae
Ce sont aussi des insectes de très petite taille (0,5-1 mm) à corps également compact, pour les mêmes raisons que chez les encyrtides. Ils ne présentent jamais d'éclat métallique, leur corps étant soit entièrement jaune, soit entièrement brun sombre, soit encore avec un mélange des deux couleurs (figure 3). Les antennes ont de 3 à 8 articles, la nervure marginale de l'aile antérieure est longue, mais le stigma est très court. L'ovipositeur est peu visible.
Les aphélinides sont majoritairement des parasitoïdes d'hémiptères piqueurs suceurs de sève vivant en colonies, tels que pucerons, aleurodes et cochenilles. Les larves qui donnent des femelles sont endoparasites, par contre celles qui donnent les mâles peuvent être ectoparasites. Les adultes se nourrissent des excrétions de leurs hôtes ou de leur hémolymphe par le biais de blessures volontaires au moyen de leur ovipositeur (comportement appelé host-feeding). L'adulte émerge de l'hôte en découpant un orifice dans le tégument de l'hôte momifié (figure 4). C'est la larve mature ou la nymphe qui hiverne.
Les aphelinides constituent une famille de moyenne importance en terme de biodiversité mais la première en lutte biologique pour le succès des programmes, presque toujours dirigés contre les hémiptères piqueurs suceurs (aleurodes, pucerons et cochenilles).
- Les espèces les plus fréquemment observées
Heliococcus bohemicus et plus généralement les Pseudococcidae : le cortège des parasitoïdes est assez bien connu et appartiennent à la famille des Encyrtidae. Ericydnus sipylus (Walker, 1837) (figure 2), Anagyrus szodensis Erdös 1957 et Leptomastidea bifasciata (Mayr, 1876) sont les auxiliaires qui assurent la plus grande part de la régulation de cette espèce.
Les Coccidae ou lécanines sont parasitées par deux familles d'hyménoptères Chalcidoidea : Encyrtidae (genres Metaphycus et Blastothrix) et Aphelinidae (genre Coccophagus, figures 3 et 4).
La reconnaissance des espèces relève des spécialistes mais les genres, pourvu que l'on s'intéresse à un hôte précis, peuvent être déterminés par les néophytes avec la documentation existante.
Bibliographie
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G. Sentenac (2013) Lutte biologique contre les cochenilles de la vigne. Ecophytopic-Viticulture
G. Sentenac, P. Kuntzmann, L. Perez, A. Gili, P. Kreiter (2011) Biological control of Heliococcus bohemicus Sulc. (Hemiptera: Pseudococcidae) with the natural enemy Ericydnus sipylus (Walker) (Hymenoptera: Encyrtidae). IOBC/WPRS Bulletin 67: 31-40
R. Sforza et al (2003) Inventaire et évaluation des antagonistes de cochenilles sur la vigne : perspectives pour la lutte biologique. Phytoma, 558, 42-46
Universal Chalcidoidea Database - Notes on families. Site web du Natural History Museum