Hoplochelus marginalis Fairmaire
Ver blanc de la Canne à sucre
Généralités
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Endémique de Madagascar, Hoplochelus marginalis est bien connu, à La Réunion, sous le nom de « ver blanc ». Son introduction accidentelle remonte aux années 1970. Identifié pour la première fois en 1981, le ver blanc n'a rencontré aucun facteur limitant son développement et a progressivement envahi toutes les zones cannières de La Réunion. Son cycle biologique a une durée de 12 mois divisé en quatre étapes. Le ver blanc peut aussi commettre des dégâts racinaires sur des cultures légumières et de petits fruits (salades, fraisier, etc.).
- Famille(s) botanique(s) sensible(s)
Poacées | Solanacées | Brassicacées |
- Zone de production affectées :
Réunion |
- Organes attaqués
Racines |
Symptômes, dégâts
- Symptômes :
- Les dégâts causés par le ver blanc sont essentiellement dus au troisième stade larvaire qui rongent les racines des plantes. La plante devient incapable de puiser normalement l'eau et les substances nutritives indispensables à son développement dans le sol. Il y a arrêt de croissance du végétal, fanaison du feuillage et dépérissement généralisé. Les symptômes sont ceux d'un dessèchement complet des feuilles, voire des tiges lorsque le système racinaire est totalement détruit. Les dégâts du ver blanc constituent également une voie d'entrée aux maladies secondaires.
- Signes :
- Confusions possibles :
Biologie
- Cycle de développement :
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Etape 1 : octobre à décembre
La sortie du sol des adultes est déclenchée par les fortes pluies du début d'été. Les hannetons sortent au crépuscule, le lendemain d'une pluie. Après accouplement, la femelle se laisse tomber au sol pour pondre dans la terre proche d'une source alimentaire. La ponte totalise entre 40 et 60 œufs déposés en plusieurs fois. La femelle peut s'accoupler de nouveau un mois plus tard. Les vols donnent lieu à une dispersion de 2 à 4 km et un grand nombre d'adultes se regroupent à un même endroit. Ce comportement semi grégaire explique les dégâts par taches dans les parcelles. Le vol se termine entre 19 et 20 h selon l'allongement des jours. Les adultes ont un comportement nocturne et se reposent la journée dans le sol à faible profondeur. Leurs pattes avant fouisseuses leur permettent de creuser facilement. Leur durée de vie est de 2 à 3 mois pendant lesquels ils grignotent les feuilles de divers végétaux.
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Etape 2 : janvier à février
Les œufs de couleur blanche mesurent quelques millimètres de diamètre et possèdent une coque résistante. Ils incubent 2 à 3 semaines avant d'éclore. Les jeunes larves passeront par 3 stades (L1, L2 et L3). Les stades L1 et L2 sont peu mobiles et se nourrissent de matière organique. Les larves L1 et L2 mesurent respectivement 0,5 cm et 1,5 cm. Au bout d'un mois et demi, la larve effectue une deuxième mue pour atteindre le stade L3.
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Etape 3 : mars à août
Le stade L3, extrêmement mobile et vorace, s'attaque aux racines sans préférence au niveau des plantes hôtes. La larve est pourvue de puissantes mandibules lui permettant de ronger et de percer les racines de diverses plantes. Selon les ressources alimentaires et les contraintes du sol, on peut la retrouver à des profondeurs allant de 5 cm pour des graminées, à 30 cm pour la canne à sucre. Elle se déplace facilement de racine en racine pour s'alimenter et accumuler assez de réserves pour se nymphoser. Après 4 à 5 mois de développement, elle atteint 5 à 6 cm de long.
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Etape 4 : août à septembre
La larve L3 mature s’enfouit alors profondément dans le sol et entre en phase de repos. Après une dernière mue, la nymphe apparaît. Celle-ci immobile incube 2 à 3 semaines et subit d'importantes modifications morphologiques pour aboutir au hanneton. L'humidification du sol par les pluies permet aux adultes de remonter à la surface pour prendre leur envol.
Protection
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Lutte mécanique : effectuer des labours profonds avant plantation; ils ramènent les oeufs et les larves à la surface du sol où ils sont prédatés par les fourmis ou les oiseaux.
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Choix variétal : des variétés à forte régénération racinaire comme la R570 sont moins impactées par les attaques.
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Irrigation : lorsqu'elle est bien conduite, elle permet à la plante de mieux tolérer une attaque et une meilleure reprise du développement des racines ; de plus, un sol humide et bien irrigué empêche les larves de se mouvoir correctement et donc d'atteindre les racines.
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Lutte : le dispositif de lutte actuel est basé sur l'utilisation d'un agent de bio-contrôle, un entomopathogène du genre Beauveria. Cet entomopathogène est contenu dans une formulation applicable au sol, le BETEL®. La dissémination du champignon peut également se faire par trempage des hannetons dans une solution de Beauveria. Les adultes intacts sont capturés à la tombée de la nuit près d'une source lumineuse, trempés dans la solution, puis relâchés. Ils s'envolent et vont mourrir quelques jours plus tard dans le sol, propageant ainsi l'infection dans les champs et zones non agricoles.
Depuis 1995, un arrêté préfectoral impose la lutte à la plantation avec l'utilisation du BETEL® pour les canniers à une dose de 30 à 50 kg/ha. Depuis 2013, cette lutte obligatoire est ouverte aux cultures maraîchères à cycle long.
En 2013, suite à l'apparition de poches de résurgences dans le sud de l'île, la production de kits de trempage des hannetons a été relancée par la FDGDON. Agriculteurs et particuliers peuvent ainsi participer à la lutte complémentaire contre le ver blanc.
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