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Alternaria spp.

Alternariose de l'aubergine

 

Généralités

  • Plusieurs espèces d'Alternaria sont signalées sur aubergine dans le mondeà l'origine de taches foliaires et/ou de lésions voire de pourritures sur fruits essentiellement en plein champ : Alternaria solani, A. tomatophila (maintenant nommé A. linariae), A. melongenae, A. alternata, A. tenuissima, etc. Certaines de ces espèces sont généralement considérées comme parasitaires et plutôt spécifiques d'une plantes voire d'une famille de plantes, les autres plutôt saprophytiques voire opportunistes comme A. alternata, A. crassa et A. tenuissimaA. solanisignalé depuis plusieurs décennies sur solanacées, a longtemps été décrit comme affectant la tomate, l'aubergine, la pomme de terre, cette appellation serait à reconsidérer sur tomate au détriment d'Alternaria tomatophila qui serait une espèce différente.
  • Maladie ne se manifestant peu à pas en France sur le feuillage de l'aubergine ; des attaque sur fruits à A. alternata ne sont pas rares.
  • Organes attaqués : feuilles et fruits surtout. 
  • Symptômes :
    • Taches foliaires vert sombre à brun clair, devenant rapidement brunes (figure 1). Elles sont plus ou moins arrondies, parfois angulaires lorsqu'elles sont délimitées par les nervures (figure 2). Elles montrent des motifs concentriques leur conférant l'aspect d'une cible (figure 3). Un halo jaune plus ou moins discret les ceinture.
    • Les tissus affectés se fondant en se nécrosant et tombent, les feuilles à terme devenant plus ou moins criblées.
    • Taches circulaires et brunes affectant les fruits et s'étendant plus ou moins en fonction des conditions climatiques. 
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  • Confusions possibles : cercosporiose, 
  • Signes : discret duvet brunâtre constitué de courts conidiophores surmontés de longues conidies pluricellulaires en forme de massue (pour les espèces Alternaria solani, A. tomatophila, et A. melongenae.

Biologie 

  • Se conservent durant plusieurs années à la surface des graines des Solanacées notamment, dans le sol et sur les débris végétaux, grâce à leur mycélium mélanisé, leurs conidies et leurs chlamydospores.
  • Se maintiendraient d'une saison à l'autre sur d'autres solanacées* comme la pomme de terre, l'aubergine, le poivron, la morelle noire (Solanum nigrum), S. carolinenseS. pseudocapsicum, etc.
  • Après germination, ces champignons pénètrent dans les tissus directement au travers de la cuticule, par les stomates ou diverses blessures.
  • Envahissent rapidement les tissus, et des lésions commencent à être visibles 2 à 3 jours après les premières contaminations.
  • Sporulent sur les tissus colonisés sous la forme de courts conidiophores surmontés de longues conidies pluricellulaires.
  • Le vent, mais aussi la pluie, les irrigations par aspersion assure la dissémination des spores. Les semences, les travailleurs, notamment via leurs outils, y contribuent également.
  • Favorisés par des hygrométries élevées et des températures comprises entre 18°C et 30°C. Les rosées, de faibles précipitations continues (5 mm) ou des irrigations par aspersion suffisent à leur extension. Les plantes stressées, mal fumées ou très chargées en fruits seraient plus sensibles. 

Il convient peut-être de reconsidérer les hôtes potentiels  qui ne sont pas forcément les mêmes pour A. tomatophila, A. solani., et A. melongenae. Il est en effet possible que ces deux espèces disposent de spectres d'hôtes quelque peu différents.


Protection*

  • Réaliser des rotations culturales assez longues, de l’ordre de 3 à 4 années.
  • Ne pas mettre en place une culture à proximité de parcelles de d'aubergine déjà affectées, ou d’autres cultures sensibles comme la pomme de terre, l’aubergine, le poivron, etc.
  • Eliminer les adventices pouvant servir d’hôtes intermédiaires
  • Utiliser dessemences saines. En cas de doute, les graines non enrobées pourront être traitées à l’eau chaude, avec un fongicide.
  • Désinfecter le matériel servant au palissage.
  • Contrôler la qualité des plants.
  • Ne pas planter dans des sols hydromorphes.
  • Choisir une densité de plantation assurant une bonne aération de la végétation, un bon ressuyage après les pluies ou les irrigations par aspersion.
  • Eviter tout stress aux plantes, et leur assurer une fumure équilibrée, notamment en azote.
  • Pailler le sol pour constituer une barrière mécanique réduisant les contaminations
  • Préférer l'irrigation au goutte à goutte plutôt que par aspersion.
  • Eliminer assez rapidement les débris végétaux, en cours de culture à la suite des différentes opérations culturales, et en fin de culture après l’arrachage des plantes. Ils devront être détruits ou enfouis profondément.
  • Si besoin, pulvériser des fongicides en tenant compte des usages autorisés (e-phy). Les applications seront effectuées tous les 7 à 10 jours, sur des plantes sèches, et devront être renouvelées à la suite de pluies importantes excédant 20 mm.
  • Des variétés d'aubergine hybrides  résistantes à Ralstonia solanacearum et Alternaria solani semblent disponibles en Chine.

*L'observation de symptômes d'alternariose en France ne nécessite normalement pas la mise en oeuvre d'une protection soutenue. En effet, cette maladie ne semble pas disposer des mêmes potentialités épidémiques sur aubergine que sur tomate. Aussi, nous vous conseillons de mettre en oeuvre les autres méthodes de protection proposées et de surveiller la progression de la maladie. 

Dernière modification : 12/02/2021
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
Alternaria_Aubergine2
Figure 1
Alternaria_Aubergine1
Figure 2
Alternaria_Aubergine5
Figure 3
Alternaria_Aubergine3
Figure 4