Diagnostic au champ
La démarche mise en œuvre par un diagnosticien pour identifier une maladie dans une culture est plutôt complexe (figure 1). Elle a pour but d’apprécier à la fois le contexte de production (caractéristiques de l'exploitation et de la culture, interventions anthropiques, etc.), mais aussi le contexte pathologique (natures des symptômes et des signes, distibutions spatio-temporelles de la maladie, etc.) dans lesquelles elle se manifeste, ceci afin de compiler le maximum de critères caractérisant la maladie.
En fait, le diagnosticien est un véritable détective qui met en oeuvre une procédure construite à partir de ses connaissances*, de son expérience et surtout de sa pratique du diagnostic. Celle-ci est constituée théoriquement de séquences d’observations progressives de l'environnement, de la culture et des différents organes des plantes malades, mais aussi de questions ayant surtout pour objectifs de préciser le contexte de production. Plusieurs réflexions intermédiaires réalisées au cours du diagnostic permettent de faire le tri entre les différentes causes hypothétiques, de les hiérarchiser et les éliminer progressivement en utilisant si besoin différentes ressources ; grâce à une réflexion finale et au mêmes ressources, il est possible de faire un bilan et de conclure enfin à un diagnostic mettant en cause un facteur biotique ou abiotique, voire un complexe de plusieurs de ces facteurs.
Soyez conscient que la collecte des observations et des informations sur le terrain ne se fait pas toujours suivant la procédure prévue, mais plutôt en fonction des différentes opportunités rencontrées au cours de la visite de la culture affectée. De plus, chaque diagnosticien a une façon plutôt personnelle de conduire son diagnostic. Certains apprécient d'abord le contexte agronomique, alors que d'autres s'attaquent d'emblée au contexte parasitaire. A chacun sa méthode, le principal étant de collecter le maximum d'observations et d'informations nécessaires conduisant à un diagnostic fiable.
* Pour identifier une maladie sur le terrain, le diagnosticien doit disposer de nombreuses connaissances touchant à des disciplines bien différentes, issues à la fois de sa formation académique et de son expérience. Rappelons qu’en grec "diagnôsis" signifie connaissance. L’étendue de cette connaissance est justifiée par le grand nombre et la diversité des maladies affectant les plantes. Il doit connaître l’ensemble des symptômes et des signes observables sur les plantes malades. Son expertise ne se borne pas là, certains éléments liés à la biologie des agents pathogènes (mode de dissémination et nature du vecteur, conditions climatiques favorables, etc.) lui permettent de préciser la nature exacte du contexte pathologique. La connaissance de ce dernier peut s’avérer insuffisante notamment dans le cadre d’une maladie non parasitaire. Grâce à de nombreuses observations et à des questions judicieuses, il définit le contexte de production où la maladie sévit.