Méthodes de protection
- En cours de culture
Dès l'observation des toutes premières taches, des traitements fongicides doivent être effectués immédiatement. Plusieurs matières actives* sont utilisées pour contrôler Peronospora hyoscyami f.sp. tabacina :
- le manèbe ;
- le cyazofamid ;
- et l'association mefenoxam (qui est l'énantiomère M du métalaxyl) + l'acibenzolar-s-méthyl (e-phy).
Comme pour le métalaxyl par le passé, il existe des risques de résistance du mildiou au mefenoxam.
En plus des traitements fongicides, un certain nombre de mesures doivent être appliquées. En pépinière, les abris seront aérés au maximum, afin de réduire leur humidité. On aura intérêt à éviter les irrigations par aspersion. Si cela n'est pas possible, elles seront réalisées par temps chaud et suffisamment tôt dans la journée pour que les plantes aient le temps de sécher avant la nuit. On peut essayer de circonscrire le ou les premiers foyers en les traitant avec une dose élevée d'un fongicide et en éliminant les plantules affectées. La commercialisation des plants produits dans de telles conditions ne peut se faire que si l'attaque de mildiou a été totalement circonscrite et en avertissant les producteurs acheteurs des risques encourus. Les abris doivent être parfaitement nettoyés et les résidus de culture éliminés.
En plein champ, on adoptera la même conduite en ce qui concerne l'irrigation. En fin de culture, les tiges devront être coupées et les parcelles rapidement labourées afin d'enfouir et de détruire tous les résidus de plantes et les "souches" qui pourraient pérenniser le mildiou d'une année à l'autre.
- Culture suivante
La prochaine pépinière doit être mise en place dans un endroit ensoleillé, en aucun cas humide et ombragé. Si elle a lieu dans le même abri que l'année précédente, nous vous conseillons d'appliquer les mesures d'hygiène et de désinfection préconisées dans la rubrique Maladies en pépinière et après plantation.
Des variétés résistantes ou tolérantes sont disponibles dans plusieurs pays, et maintenant en France. Elles utilisent différentes sources de résistance issues de diverses espèces de Nicotiana (N. debneyi, N. goodspeedii, N. excelsior, N. velutina, N. rustica). Malheureusement, les niveaux de résistance obtenus après transfert chez N. tabacum ne sont pas comparables à ceux exprimés par les espèces sauvages. Les résistances sont souvent partielles et se mettent en place progressivement au fur et à mesure de la croissance des plantes. En fait, bien que représentant un réel atout, ces variétés doivent être utilisées de concert avec une lutte chimique complémentaire.
Étant donné la rapidité de progression de ce mildiou et les risques qu'il fait peser sur la culture, des traitements fongicides préventifs sont indispensables en pépinière et en plein champ. Le choix des produits et des cadences utilisés seront définis avec votre technicien en fonction des pratiques culturales locales.
On évitera de mettre en place des cultures dans des parcelles mal drainées où se manifestent de fortes rétentions d'eau et dans des sols trop pourvus en matière organique. Les fumures apportées devront être équilibrées, en aucun cas excessives. Dans les pays où cela sera possible, on pourra réduire les densités de plantation afin de disposer de parcelles plus aérées, dans lesquelles l'humidité, au sein du couvert végétal, sera plus basse. Les autres mesures préconisées en cours de culture pourront aussi être appliquées.
Signalons que plusieurs services d'avertissements ont été mis en place en Europe (et Bassin méditerranéen) et aux USA (intégrant maintenant quelques pays d'Amérique centrale et le Canada). Ces services s'appuient sur des réseaux d'observateurs. Ils ont pour mission de signaler le ou les premiers foyers de mildiou détectés et d'informer la profession sur le développement continental des épidémies de mildiou. Aux USA, la diffusion de l'information est réalisée par l'intermédiaire de divers médias qui font savoir où le mildiou devient une menace et quand les traitements doivent commencer. Dans ce pays, des modèles sont en train d'être mis au point afin de prévoir le cheminement des sporanges dans l'atmosphère et donc de mieux gérer les épidémies de mildiou.
En Europe, avec le recul des avertissements du CORESTA (Centre de Coopération pour les Recherches Scientifiques Relatives au Tabac), on peut raisonnablement avancer que 1) chaque année, l'épidémie de mildiou est continentale et qu'elle reprend le même itinéraire. Elle se manifeste d'abord en Afrique du Nord, notamment au Maroc, et dans le bassin méditerranéen (Syrie, Iran). Par la suite, l'épidémie progresse vers le nord de l'Europe, via la Turquie, la Grèce, etc. ; 2) que le mildiou ne semble plus se conserver d'une année à l'autre dans certains pays du nord de l'Europe.
Ces observations devraient nous permettre de modifier sensiblement la stratégie de lutte contre le mildiou dans le nord de l'Europe. Connaissant la localisation de cette maladie tout au long de la campagne, on devrait au moins pouvoir retarder les premières applications et donc réduire leur nombre, mais aussi utiliser d'autres produits que le métalaxyl ou le mefenoxam, en particulier lorsque Peronospora hyoscyami f.sp. tabacina n'est signalé que dans des pays éloignés.
* Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous avons tout de même choisi de vous indiquer dans chaque fiche, le nom de quelques matières actives homologuées au moment de la rédaction de la fiche. Nous essaierons d?actualiser cette liste, au fur et à mesure des retraits et des nouvelles homologations. Malgré cela, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l?agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.