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Méthodes de protection



La Fusariose est une redoutable maladie difficilement contrôlable sur le terrain. Seule la mise en place d’un maximum de mesures et de méthodes préconisées par la suite permettront de limiter ses effets.

 

  • En cours de culture

 

Aucune méthode de lutte, aucun produit ne permettent de contrôler efficacement cette maladie en cours de culture.

Il est essentiel d'éliminer les plantes malades dès l'apparition des premiers symptômes.

Les outils utilisés pour diverses interventions dans les parcelles contaminées seront bien nettoyés avant leur emploi dans des parcelles saines, sans oublier les roues des tracteurs. Un rinçage soigneux à l’eau de ce matériel suffira souvent à le débarrasser de la terre infestée.

De nombreux producteurs ont la fâcheuse habitude d’enfouir les résidus de culture dans le sol après la récolte. Les tissus végétaux enterrés sont abondamment colonisés parFusarium oxysporum f. sp. melonis qui y produit de nombreuses chlamydospores. L’élimination des plantes avec leur système racinaire limite ce phénomène et contribue à réduire la quantité d’inoculum dans les parcelles.

 

  • Culture suivante

 

Il conviendra d’utiliser des semences de qualité, indemnes de contaminations ; il en sera de même pour le substrat et les plants ; les producteurs auront intérêt à contrôler l’état sanitaire de ces derniers au moment de la livraison. Les plants produits ne devront pas entrer en contact avec le sol, surtout si ce dernier n’a pas été désinfecté. La pose d'un film plastique permettra de les isoler.
Dans les exploitations infestées, les pépinières seront désinfectées (le sol et les structures des abris) ainsi que le matériel et le substrat utilisés. Le substrat ne devra pas être stocké en vrac à l'extérieur des serres et il ne faudra surtout pas le mélanger avec de la terre ou du sable récupérés dans la nature.

Les rotations culturales sont généralement inefficaces étant donné les potentialités de survie des chlamydospores de ce champignon dans le sol, mais aussi sa capacité à se maintenir sur la matière organique de nombreuses espèces végétales. Pour espérer une efficacité, il conviendrait de proscrire la production de melon durant au moins 8 années dans les parcelles cultivées. Ajoutons que des cas de fusariose en été signalés sur des sols n'ayant jamais porté de cultures de melon, ce qui en dit long sur les difficultés rencontrées pour gérer les rotations.

Les différentes méthodes de désinfection du sol passées (fumigation - bromure de méthyle, chloropycrine -, apport de fongicides au pied des plantes) et actuelles (biofumigation, solarisation…) ont permis ou permettent de réduire plus ou moins l‘incidence de la fusariose, mais à des niveaux peu satisfaisants pour le moment. En effet, la recolonisation des sols superficiellement désinfectés se produit très rapidement, remettant en question leur intérêt, F. oxysporum f. sp. melonis pouvant vivre jusqu’à 1 m, voire 1,5 m de profondeur.
La désinfection chimique des sols a été utilisée avec plus ou moins de succès, mais son emploi n’est plus d’actualité. La solarisation permettrait de limiter la fusariose, en particulier lorsqu’elle serait couplée à une biofumigation, ou à l’apport de produits biologiques à base de Trichoderma harzianum ou de Streptomyces griseoviridis.

Signalons que des sols résistants à cette fusariose ont été découverts dans la région de Chateaurenard il y a de nombreuses années maintenant. La nature de la résistance de ces sols a été étudiée mais ces connaissances non pas permis d’aboutir à une application pratique de ce phénomène. Malgré cela, la pérennité de cette résistance dans les sols concernés ne devra pas être remise en cause par une désinfection du sol avec un fumigant.

Il conviendra d’éviter les fumures azotées excessives, par contre le chaulage atténuerait les effets de cette maladie.

En culture sous abri, il est souhaitable aussi de désinfecter les structures, le matériel et les circuits d'alimentation en solution nutritive. Pour cela, on peut employer une solution de formol à 3% ou d'eau de javel (e-phy).

Durant de nombreuses années, la méthode de loin la plus efficace pour contrôler cette fusariose vasculaire a consisté à utiliser des variétés résistantes. L'emploi  de ces dernières est toujours d'actualité, mais malheureusement au cours de la dernière décennie, la généralisation de la race 1-2 dans beaucoup de sols, la présence de souches plus agressives, et la résistance trop partielle des hybrides à cette race ont jeté quelque peu le discrédit sur cette méthode.

Le greffage est une technique ancienne qui est de plus en plus utilisée pour contrôler la fusariose sous abris, et maintenant en plein champ. Actuellement, deux types de porte-greffes peuvent être usités :
- une courge hybride entre Cucurbita moscata et Cucurbita maxima. Son niveau de résistance à la fusariose est excellent, de plus elle n’est pas sensible à Verticillium dahliae et à Phomopsis sclerotioides. Par contre, elle est attaquée par les nématodes à galles appartenant au genre Meloidogyne. Cet hybride est aussi beaucoup plus rustique, il supporte mieux les conditions de sol froid du printemps et il est peu sensible au calcaire ;
- une variété de melon résistante à la fusariose disposant notamment d’une résistance partielle à la race 1-2. Ce matériel est par contre sensible aux autres bioagresseurs telluriques signalés précédemment, de plus la résistance à la fusariose n’est qu’intermédiaire.
Notons que l’adoption du greffage nécessite les premières années de mettre au point un système de production optimisant ce nouveau matériel végétal. De plus, il conviendra de ne pas réaliser le point de greffe trop bas, et de pas enterrer les plants trop profondément à la plantation, ceci afin d’éviter le phénomène d’affranchissement (émission de racines de la part du greffon) remettant en cause l’intérêt de cette méthode alternative.

Divers extraits végétaux (Aconitum leucostomum, Apium graveolens, Euphorbia fischeriana, Euphorbia helioscopia, Inula viscosa, Micromeria nervosa, Origanum syriacum, Peganum harmala, Plumbago maritima…), et des microorganismes antagonistes (Bacillus subtilis, Paenibacillus alvei, Pseudomonas fluorescens, P. putida, Sphingobacterium multivorum, Streptomyces olivaceus - Aspergillus niger, Glomus intraradices, Penicillium oxalicum, Trichoderma harzianum, T. viride …) ont été expérimentés dans le monde à l’égard de F. oxysporum f. sp. melonis avec plus ou moins de succès.

Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

Dernière modification : 15/02/2013
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)