• Importance économique et/ou agronomique

Très importante, variable selon les sous-ordres et les espèces. Les dégâts des Hemiptera phytophages sont de 3 types :


- les dégâts directs liés à la prise de nourriture. Les prélèvements de sève dans le système vasculaire peuvent entraîner une baisse de croissance, de vigueur ou une diminution ou perte de la production (rendement). Les prélèvements du suc cellulaire, au niveau du mésophylle, entraînent un dessèchement des cellules de l'épiderme, causant, le phénomène de «grillures», dans le cas de fortes infestations. Les dégâts directs sont parfois sans conséquence pour les plantes (ex. de Scaphoideus titanus Ball).


- les dégâts indirects, se traduisent par la transmission de maladies induites par des phytoplasmes ou des virus. Ces microorganismes phytopathogènes sont véhiculés par la salive lors de la prise du bol alimentaire. Ces dégâts se caractérisent souvent par des phénomènes de nanismes, de jaunisses, balais de sorcières et de dépérissements variés. L'étude des maladies à phytoplasmes est particulièrement complexe (ce sont des parasites stricts) et profite clairement des techniques moléculaires récentes. De plus en plus ces maladies apparaissent comme des pathologies graves lourdes de conséquences agronomiques et économiques. On peut également noter dans cette catégorie l'excrétion de miellats sucrés sur lesquels se développe la fumagine, un complexe de champignons noirs. Ces salissures entravent la photosynthèse et déprécient la qualité des produits (végétaux d'ornement, fruits).


- les dégâts d'oviposition : ce sont essentiellement des dégâts perpétrés lors de la ponte. Les piqures ou incisions de ponte sur les arbres ou arbustes offrent des portes d'entrée à certaines maladies. En outre, les cicatrices d'oviposition évoluent souvent en chancre lors de la croissance du végétal.

Il faut signaler aussi «la nuisibilité commoditaire» liée à la présence de certains de ces Hemiptera piqueurs suceurs. En effet le miellat qu'ils excrètent constitue une gêne pour les usagers. La fumagine tache le mobilier urbain (bancs, chaises) et les voitures, elle les salie et les rends collants. Les guêpes et les abeilles, souvent attirées par le miellat, peuvent représenter une nuisance supplémentaire (risque de piqûres). Le tigre du platane (Hemiptera, Tingidae) est un bon exemple de ravageur «commoditaire».

- Les Heteroptera (vraies punaises) comptent plusieurs familles (Pentatomidae, Tingidae, Miridae, Lygaeidae) qui comprennent des espèces nuisibles. A quelques exceptions près ces punaises ne font que des dégâts directs, dus essentiellement aux piqûres et à la prise de nourriture. Les dommages peuvent cependant être très importants, comme par exemple, ceux occasionnés par le tigre du poirier.
Quelques hétéroptères sont auxiliaires prédateurs, les plus connus et les plus spécialisés sont les Anthocoridae des genres Anthocoris et Orius, mais d'autres espèces appartenant à d'autres familles (Miridae, Nabidae...) comptent quelques espèces prédatrices généralistes, dont plusieurs sont commercialisées en tant qu'agents de lutte biologique.
Signalons aussi les punaises hématophages en particulier les Cimicidae (punaises des lits) et certains Reduviidae dont Triatoma infestans (Klug) qui transmet, en Amérique du sud, la maladie de Chagas.

- Les Sternorrhyncha rassemblent 4 superfamilles extrêmement importantes au plan agronomique, par les dégâts qu'elles occasionnent dans le monde ; ce sont :
- les Aphidoidea (pucerons),
- les Psylloidea (psylles),
- les Coccoidea (cochenilles),
- les Aleyrodoidea (aleurodes ou mouches blanches),
Les Sternorrhyncha sont exclusivement terrestres et phytophages. Beaucoup sont vecteurs de virus et leur potentiel biotique est généralement très élevé ; c'est un puceron, Rhopalosiphum prunifolia Fitch qui détient le record de la génération la plus courte, il réalise son cycle en 4,7 jours à 25°C.

- Les Cicadomorpha regroupent principalement les Membracidae, les Aphrophoridae, les Cicadidae (cigales) les Cicadellidae et les Cercopidae. A l'instar des sternorrhynques qui transmettent essentiellement des virus, de nombreux Cicadomorpha (Cicadellidae en particulier) sont vecteurs de nombreuses maladies (virus, phytoplasmes, bactéries, champignons). Les Cicadellidae (cicadelles) sont de loin les plus nombreux en espèces et les plus nuisibles. Toutefois, en France peu de cicadelles sont vraiment nuisibles à l'exception de 4 ou 5 espèces dont Psammotettix alienus (Dahlbom) vecteur du virus des pieds chétifs du blé et Scaphoideus titanus Ball qui transmet le phytoplasme de la flavescence dorée sur vigne.

- Les Fulgoromorpha sont tous terrestres et phytophages, ce sous-ordre regroupe 13 familles européennes et 7 françaises dont principalement 3 comptent quelques espèces d'importance agronomique en France ; ce sont les Cixiidae (par ex. Hyalestes obsoletus Signoret, agent du phytoplasme du Stolbur), les Delphacidae (dont Javesella pellucida (Fabricius), vecteur de virus sur Poaceae) et les Flatidae (par ex. Metcalfa pruinosa (Say) ou flatide pruineux).
Les Fulgoromorpha sont les vecteurs quasi exclusifs des phytoplasmes et spiroplasmes, à l'origine de jaunisses souvent fatales aux végétaux.

Dernière modification : 01/12/2023
  • Auteur :
  • M Martinez (INRA)
JCS50_Dysdercus_voelkeri_03b
Figure 1
JCS45_Aphis_fabae_04
Figure 2
JCS46_Cerataphis_03
Figure 3
JCS48_Diaphorina_citri_Zhongluotan_01
Figure 4
JCS51_Lawana_Guangzhou_01
Figure 5
JCS47_Ceroplastes_01
Figure 6
JCS60_Geisha_distinctissima_Guangzhou_02
Figure 7
JCS61_Graphocephala_fennahi_02
Figure 8
JCS52_Lachnus_tropicalis_Laiyang_03
Figure 9
JCS54_Orthezia_02
Figure 10