Biologie, épidémiologie

  • Conservation et sources d'inoculum

Selon le groupe génétique auquel il appartient, Erysiphe necator peut se conserver durant l'hiver au moins sous l'une des 2 formes suivantes : du mycélium dormant se maintenant dans les bourgeons, ou grâce à des cléistothèces (figures 1 et 2), structures issues de sa reproduction sexuée se formant à la surface des organes herbacés en fin de saison. Ces cléistothèces passent l'hiver sur les feuilles tombées au sol, sur les rameaux, mais surtout dans les anfractuosités des écorces des ceps.

 

  • Pénétration et invasion

Au printemps, en fonction du mode de conservation d' E. necator, l'inoculum primaire peut être de nature différente :
- du mycélium dormant, présent dans les bourgeons, se réactivant dès que la température devient plus clémente. Par la suite, il se propage à la surface des organes, et émet des hyphes spécialisés qui pénètrent dans les cellules épidermiques après avoir percé la cuticule et la paroi des cellules végétales. Ces suçoirs (appelés haustoria) permettent à E. necator, une fois parvenu dans les cellules, de prélever les aliments nécessaires à sa croissance. En présence d'un tel inoculum primaire, des symptômes d'oïdium de type "drapeau" se manifesteront par la suite (figure 3) ;
- des ascospores issues de cléistothèces matures et déhiscents (figures 4 et 5). Celles-ci germent une fois présentes sur un organe et initient des contaminations primaires (figure 6). Par la suite, plusieurs filaments mycéliens ramifiés se développent ainsi que des haustoria à intervalles réguliers, ce qui permet au champignon de coloniser superficiellement les tissus et de vivre à leurs dépends.

 

  • Sporulation et dissémination

Quelle que soit la nature de l'inoculum primaire, le mycélium formé produit assez rapidement des conidiophores perpendiculaires à l'extrémité desquels naissent des conidies en chaîne (figure 7). Celles-ci sont disséminées par voie aérienne essentiellement - par le vent - et polluent de nouveaux organes ou de nouveaux ceps. Des contaminations secondaires se réaliseront une fois qu'elles auront germé et formé un appressorium qui leur permettra de se fixer aux tissus végétaux (figure 8).

La reproduction sexuée se réalise lorsque deux mycéliums compatibles se rencontrent (de signes sexuels opposés appelés « MAT 1 » et « MAT 2 » pour MAting Types 1 et 2). Après fusion et passage par une phase diploïde, les cléistothèces sont produits en fin de saison notamment. Ils peuvent être trouvés dès juillet-août sous un climat tempéré, sur les feuilles et les baies, et tombent sur le sol ou sur l'écorce des vieux bois où ils demeurent fixés par leurs fulcres.

Ces organes de reproduction sont susceptibles de supporter des températures négatives importantes (-12°C à -28°C). Au printemps, après maturation, ils libèrent des ascospores à l'origine d'un inoculum primaire largement majoritaire dans les vignobles européens.

Ajoutons que certains matériels destinés à l'application de pesticides, générant des courant d'air et des turbulences dans les parcelles, contribuent à la dispersion d' E. necator .

L'oïdium est une maladie polycyclique : plusieurs cycles asexués se succèdent durant la période de végétation de la vigne.

 

  • Facteurs influençant le développement du champignon

- Ce champignon ne nécessite pas d'eau liquide pour germer et se développer, cependant il requiert une hygrométrie élevée et une faible luminosité. C'est pourquoi, il affectionne les vignes vigoureuses dans lesquelles la lumière pénètre moins bien. Pourtant, la lumière favorise la germination des spores, mais en revanche les UVB auraient des effets négatifs sur le développement d'E. necator.
- Les spores germent en conditions naturelles à des températures comprises entre 4°C et 35-40°C, avec un optimum de l'ordre de 20 à 25°C. La germination s'initie en 1 à 2 heures, voire plusieurs heures en fonction des conditions climatiques. La vitesse de germination augmente avec la température dans un intervalle de 15 à 27°C.
- Les premières sporulations sur feuille apparaissent sous 5 jours à 22°C, et cessent après 35 jours.
- Les humidités relatives élevées sont favorables au développement du champignon, ainsi que l'irrigation. Il en est de même pour les pluies fines, contrairement aux pluies importantes qui assurent un lessivage des conidies.
- Le vent favorise la dissémination des conidies et permet de limiter les températures estivales. Des vents importants (3m/s) sont nécessaires pour assurer la dispersion des spores.
- Tous les cépages issus de Vitis vinifera et V. labrusca sont plus ou moins sensibles à E. necator. Cette sensibilité varie en fonction des cultivars et des espèces de Vitacées. Les cépages ont été classés en trois groupes en fonction de leur sensibilité à l'oïdium : très sensibles (chasselas, carignan, cabernet sauvignon...), sensibles (merlot, pinot noir...) et peu sensibles (syrah, grenache...).
- Des sources de résistance existent, notamment chez Muscadinia rotundifolia (Vitis rotundifolia) qui possède plusieurs gènes dont RUN impliqués dans la résistance à l'oïdium. Leur introgression dans des Vitis vinifera par croisement est possible et constitue une piste intéressante pour assurer une alternative à la lutte chimique contre ce pathogène. Ajoutons qu'un grand nombre d'hybrides ont été créés, mais contrairement aux États-Unis, ils sont peu utilisés en France.

 

  • Synoptique du développement d' E. necator  (figure 9)
Dernière modification : 26/10/2018
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • M Sorel
  • M Corio-Costet (INRA)
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Figure 1
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Figure 2
Oidium_drapeau1
Figure 3
Oidium-Asque1
Figure 4
Oidium-Asque2
Figure 5
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Figure 6
Oidium_sporulation
Figure 7
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Figure 8
Synoptique_de_l_oidium
Figure 9