Méthodes de protection
- En cours de culture
Contrairement aux maladies cryptogamiques, il n'existe aucune méthode de lutte curative permettant de contrôler efficacement en cours de culture les virus et en particulier le virus de la mosaïque de la laitue (Lettuce mosaic virus, LMV). Une plante infectée le restera toute sa vie, même si les symptômes ont parfois tendance à s'atténuer.
Si des attaques ont lieu en pépinière et qu'elles sont détectées précocement, les quelques plantes présentant des symptômes de LMV seront rapidement éliminées et en aucun cas plantées ultérieurement.
Les traitements aphicides sont indispensables pour contrôler les populations de pucerons sur les salades. Malheureusement, ils sont bien souvent peu efficaces pour maîtriser les épidémies de virus. En effet, les pucerons vecteurs proviennent fréquemment de l'extérieur de la parcelle et transmettent le virus au cours de brèves piqûres, avant même que l'aphicide n'ait le temps d'agir. Par ailleurs, les difficultés rencontrées actuellement pour maîtriser les pucerons sur salades, parfois liées à des phénomènes de résistance aux insecticides, ne contribuent pas à améliorer cette situation.
- Culture suivante
La lutte contre la mosaïque de la laitue repose surtout sur l'utilisation de semences testées sans virus et l'emploi de variétés résistantes.
En fonction des pays, et selon les conditions de production des semences et des salades, les seuils en virus tolérés dans les semences sont différents. Par exemple, dans de nombreux pays européens, les semences utilisées par les professionnels sont produites dans des conditions qui minimisent les risques d'infection des porte-graines. Les lots de semences sont tout de même contrôlés pour absence de LMV. Aussi, le seuil de tolérance, établi il y a quelques années sur la base d'études épidémiologiques, est de 1 pour mille. Les tests ELISA, pratiqués par les établissements de sélection, permettent de garantir ce seuil.
Aux États-Unis, où la quasi-totalité des variétés cultivées est sensible au LMV mais où les modes de culture sont différents (grandes parcelles ne se succédant pas), le seuil imposé est plus bas, de l'ordre de 0 graine infectée sur 30.000. Cette politique a globalement permis de réduire fortement les dégâts dus à ce virus. Des épidémies sérieuses ont tout de même été observées localement et certaines années. Elles étaient dues, non pas à la mauvaise qualité des semences, mais à la présence d'hôtes du virus non soupçonnées (Osteospermum, gazania) cultivés en bordure des parcelles de salades de certaines exploitations.
En ce qui concerne l'utilisation de génotypes résistants au LMV, quelques variétés d'iceberg et de romaine résistantes (possédant le gène «mo1²») existent aux États-Unis, mais leur usage est encore bien modeste. En France, et progressivement dans les autres pays européens, l'introgression du gène «mo1¹» de résistance dans la plupart des variétés de laitues beurre, batavia, romaine et à couper permet de disposer d'une gamme assez complète de variétés résistantes.
Malheureusement, des souches capables de contourner la résistance conférée par les gènes «mo1²» et «mo1¹» ont été identifiées en France et dans quelques pays d'Europe, plus rarement aux États-Unis. Ces souches n'étaient pas transmissibles par la graine. Depuis une dizaine d'années, d'autres souches, virulentes sur les variétés résistantes et susceptibles d'être transmises par les semences à des taux élevés sur toutes les variétés, ont été isolées en France et en Amérique du Sud (Chili, Brésil). Cette situation rend indispensable le contrôle des graines sur l'ensemble des variétés, qu'elles soient sensibles ou résistantes. La connaissance sur les gènes de résistance au LMV employés chez la salade a évolué. Le gène «mo1²», identifié aux États-Unis dans quelques accessions de Lactuca serriola provenant d'Egypte, et le gène " mo1¹", identifié en France dans la variété "Gallega de Invierno", ont longtemps été considérés comme identiques. Récemment, il a été démontré que ces gènes étaient alléliques ou très étroitement liés. Le gène mo1² paraît être efficace vis-à-vis de certaines souches qui contournent le gène mo1¹. Un autre gène de résistance dominant, «Mo²» a été mis en évidence chez certaines variétés de laitue. Il est très efficace vis-à-vis de certains isolats identifiés en Grèce et au Moyen-Orient, mais ce gène est contourné par la plupart des souches caractérisées en Europe, aux États-Unis ou en Australie. Son utilisation dans les programmes de sélection paraît donc d'un intérêt limité.
Il n'a été trouvé chez la laitue aucune nouvelle source de résistance aux isolats contournant les gènes mo1¹ et mo1². Par contre, un gène dominant Mo³, efficace à l'égard de tous les pathotypes identifiés, a été découvert dans une accession de Lactuca virosa. L'introduction de Mo³ chez la laitue est en cours à partir de croisements interspécifiques. En fait, il faudrait à terme cumuler plusieurs gènes contrôlant des mécanismes de résistance différents pour obtenir une résistance durable.
Il convient aussi de rappeler toutes les mesures qui auront pour but d'empêcher ou, tout au moins, de limiter au maximum l'introduction du LMV et son extension dans les parcelles de salade. Aussi, dans les pays où les contaminations sont très précoces, il sera nécessaire de protéger les pépinières et les jeunes plants ; pour cela, on pourra avoir recours à des voiles non tissés. La barrière mécanique ainsi créée retardera les contaminations. Un désherbage soigneux des pépinières, des parcelles et de leurs abords (bordures de haies et de chemins...) sera réalisé afin d'éliminer les sources de virus et/ou de vecteurs. Il faudra éviter de mettre en place une pépinière ou une culture de salade à proximité de productions déjà affectées ou sensibles au LMV, en particulier le pois, le pois chiche, le carthame en période estivale, la chicorée frisée et l'épinard durant l'hiver.
Il convient de signaler que des pulvérisations d'huiles minérales sur salade ont permis de réduire le pourcentage de plantes infectées et donc celui des dégâts liés au LMV.
NB : La maîtrise des populations d'insectes sur une culture implique en fonction des situations l'emploi d'insecticides. Le nombre d'insecticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de consulter le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.