Au cours de l'année 2004, des foyers de pourriture ont touché très ponctuellement le couvert végétal d'une plantation de tomate d'industrie dans le sud-ouest de la France. Tous les organes aériens étaient plus ou moins décomposés. Les tissus affectés pourrissaient brutalement à la suite de lésions humides envahissant rapidement les feuilles. Des altérations humides et brunes se développaient progressivement sur des tronçons de tige et les ceinturaient à terme  (figure 1). Un feutrage dense et blanchâtre les recouvrait. Les tissus du cortex de la tige finissaient par être entièrement pourris et se désagrégeaient.
 

Une observation au microscope du mycélium nous a permis de constater qu'il s'agissait en fait d'un hyménium sur lequel se formaient des basides, structures assurant la reproduction sexuée chez les Basidiomycètes.
 

Les fruits étaient également affectés. Ils présentaient deux types de lésions apparaissant sur les parties au contact du sol :

- des altérations plus ou moins circulaires et chancreuses (figure 2), parfois superficiellement subérisées, qui révèlaient des motifs concentriques plus ou moins bruns. Des filaments mycéliens superficiels et bruns de Rhizoctonia solani pouvaient être observés sur les lésions et/ou sur les tissus sains à proximité ;

- des pourritures humides et molles recouvertes par le même feutrage dense et blanchâtre déjà observé sur les autres parties aériennes de la tomate.
 

Ce contexte pathologique, inédit sur tomate, était dû à la manifestation simultanée sur cette culture de Rhizoctonia solani et de sa téléomorphe Thanatephorus cucumeris (Bottom rot). Il n'était donc pas étonnant d'observer sur les mêmes plantes, le mycélium brun caractérisant R. solani et l'hyménium blanchâtre portant des basides caractéristiques de T. cucumeris (figure 3), d'autant que R. solani est bien connu sur tomate, responsable notamment de fontes de semis , de lésions sur Racines et colletet sur Fruits.

Les symptômes observés ponctuellement dans le sud-ouest sont assez originaux et semblent pouvoir être attribués pour partie à T. cucumeris. Rappelons que ce basidiomycète est connu sur d'autres espèces végétales pour être responsable de dégâts liés à des contaminations aériennes, amorcées par ses basidiospores. C'est le cas, par exemple, sur une autre solanacée, le tabac, sur laquelle il est à l'origine de taches foliaires dénommées « taches en forme de cible » (target spots).

Pour des informations complémentaires sur ce champignon, vous pouvez consulter la fiche Thanatephorus cucumeris (Rhizoctonia solani).
 

Dernière modification : 10/06/2013

• Auteur :
• D Blancard (INRAe)