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Bandes fleuries et enherbées

 

 

Les bandes fleuries et enherbées fournissent nectar et pollen aux auxiliaires qui ont un stade floricole et/ou des proies (ex. pucerons des graminées, organismes décomposeurs tels que les Diptères détritiphages consommées par certains auxiliaires (cf. Figures 1, 2 et 3).

 

 

 

Choix des espèces

 

Il existe des références pour choisir les espèces à implanter dans les bandes florales selon les ravageurs ciblés. Les bandes fleuries sont généralement constituées de mélange d’espèces annuelles, bisannuelles et vivaces (jusqu’à 30 espèces), autochtones de préférence, et installées pour une période de 2 à 6 ans. Parmi les plantes implantées en verger, le sarrasin et la phacélie ont été testés et se sont montrés intéressants vis-à-vis des prédateurs (notamment les syrphes) et des parasitoïdes (de pucerons notamment), mais il s’agit de plantes annuelles qui ont l’inconvénient de peu persister sauf re-semis. Par ailleurs, le sarrasin est mal adapté au climat méditerranéen et aux sols calcaires.

L’anthémis des champs, le bleuet et le chrysanthème des moissons hébergent un grand nombre de prédateurs du psylle et de pucerons (Anthocorides, Mirides, coccinelles et syrphes).

L’inule visqueuse, la ronce (Rubus ulmifolius) et l’euphorbe characias sont des réservoirs de parasitoïdes de pucerons. Le souci officinal est intéressant pour attirer les Mirides et les syrphes. La fève (ou féverole), quant à elle, héberge des pucerons précoces et attire donc des auxiliaires aphidiphages (qui consomment des pucerons). Toutefois, il faut être vigilant avec l’implantation de légumineuses qui sont très appétentes vis-à-vis des campagnols et qui ne sont pas des espèces faciles à implanter au sein d’un verger.

 

 

Exemples d’application

 

La présence d’anthémis des champs, de bleuet et de chrysanthème des moissons en fleur à proximité de jeunes poiriers infestés par des psylles diminue significativement leur population en deux semaines.

Sur pêcher, le mélange de quatre espèces (brome cathartique, trèfle blanc, moutarde et sarrasin) non fauchées pendant deux ans a permis une diminution du nombre de foyers de pucerons grâce à l’action des auxiliaires (syrphes, punaises prédatrices, micro-Hyménoptères, araignées). La moutarde et le sarrasin, dont la floraison est abondante, ont permis d’attirer des syrphes adultes et ont augmenté l’abondance de larves de syrphes dans les foyers de pucerons du pêcher.

En Suisse, sur pommiers, le semis d’une vingtaine d’espèces de plantes sauvages annuelles, bisannuelles et vivaces en mélange (achillée millefeuille, carotte sauvage, millepertuis perforé, tanaisie…) a permis d’augmenter le nombre de prédateurs de pucerons (syrphes, coccinelles, chrysopes, diverses punaises Mirides, Anthocorides…) et a eu un effet significatif sur la réduction du nombre de pucerons verts et cendrés. La présence plus abondante d’araignées en automne près des bandes enherbées, source de proies, pourrait également expliquer la diminution du nombre de foyers de pucerons au printemps suivant. À noter qu’en France il n’y a pas eu de succès de ces approches dans la régulation du puceron cendré.

En culture de framboisiers (Corrèze), l’implantation de plantes plus précoces que le framboisier (ex. sureau, orties…) permet d’attirer un cortège de pucerons et de prédateurs de pucerons (ex. syrphes…) favorisant un transfert de ces prédateurs sur les framboisiers dès le début de la présence de pucerons.

Par ailleurs, l’implantation de fétuques dans l’environnement des tunnels (laissés ouverts) permet d’abriter les prédateurs d’acariens (ex. Amblyseius andersoni) durant l’hiver. Ces derniers pourront être présents sur les cultures dès la présence d’acariens phytophages.

Toutefois, sous tunnel, la chaleur peut freiner le développement des acariens prédateurs. La micro-aspersion sur le haut du feuillage des framboisiers en fin de journée peut permettre de résoudre ce problème et d’attirer les acariens prédateurs sur le haut du feuillage (crée un microclimat plus favorable).

Favoriser la présence des auxiliaires de pucerons et d’acariens sur framboisiers peut suffire à résoudre les problèmes dus à ces ravageurs.

 

 

Conditions d’application

 

L’installation de bandes fleuries au milieu des vergers peut compliquer la gestion de la protection du verger, car la réglementation interdit l’application de produits phytopharmaceutiques en période de présence des abeilles et des pollinisateurs. Si un traitement s’avère indispensable, cela nécessite de faucher les bandes florales avant le traitement, ce qui fait disparaître tout leur bénéfice. Traiter hors de présence des pollinisateurs, par exemple le soir ou de nuit, ne paraît pas réaliste et n’exclut pas la présence de pesticides sur les fleurs.

Par ailleurs, la présence d’une bande fleurie au milieu du verger peut gêner les observations et les interventions manuelles au verger (éclaircissage, récolte…) à moins de ne l’implanter que sur une bande limitée au centre de l’inter-rang qui peut être enjambée par les outils agricoles. Toutefois, les bandes fleuries peuvent être installées à proximité du verger dans des zones préservées de tout traitement et à l’abri des dérives (en lisière de haies), même si les effets cités dans les exemples ci-dessus peuvent être amoindris par la distance de la bande fleurie aux arbres du verger.

La composition des bandes florales évolue plus ou moins rapidement au cours des années en fonction des caractéristiques pédoclimatiques, des conditions au moment du semis et de l’entretien. La bande florale peut notamment se faire progressivement envahir par les graminées qui sont moins intéressantes pour la faune auxiliaire, ce qui nécessiterait de la ressemer régulièrement selon les espèces.

Faucher tardivement les bandes fleuries à la fin de la floraison en fin d’été permet l’ouverture du tapis végétal, favorable aux espèces minoritaires, principalement annuelles. Limiter la fauche à la moitié de la bande florale permet par ailleurs d’offrir des abris pendant l’hiver, l’autre moitié étant fauchée l’année suivante. La fauche ou le roulage sont préférables au gyrobroyage, ce dernier détruisant beaucoup plus les insectes et les animaux.

 

 

Coût

 

Les mélanges floraux commercialisés ont un coût non négligeable. Le prix varie de manière importante en fonction du choix des espèces de la bande fleurie. Par exemple, l’implantation de mélanges floraux est beaucoup plus chère que l’implantation de sarrasin seul.

 

 

 

 

 

Dernière modification : 29/09/2015
bande-fleur2_Fiche2
Figure 1
Phacelies_Fiche2
Figure 2
Sarasin_Fiche2
Figure 3