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Méthodes de protection

  • En cours de culture

Il n'existe aucune méthode de lutte curative permettant de contrôler efficacement le virus de la maladie bronzée de la tomate (Tomato spotted wilt virus, TSWV) en cours de culture : une plante infectée le restera toute sa vie.

Signalons que plusieurs dispositions réglementaires ont été adoptées pour limiter la propagation du TSWV. En France, les mesures mises en place par le ministère de l'Agriculture en 1990 avaient deux objectifs : limiter les introductions de TSWV par le matériel végétal importé (inscription sur la liste des parasites de quarantaine) d'une part et, d'autre part, empêcher la dissémination du virus lorsqu'il est présent (classification comme parasite de lutte obligatoire). Des campagnes de prélèvements et de tests conduits par le Service de la protection des végétaux ont permis de révéler des « filières à risques », et ont eu un réel effet dissuasif. En 1992, une directive européenne a confirmé le TSWV comme parasite de quarantaine et de lutte obligatoire. L'application des décrets nationaux d'application de cette directive a nécessité la mise au point de méthodes de détection, et c'est la technique Elisa qui a été retenue.

Si des attaques ont lieu en pépinière et qu'elles sont détectées précocement, les quelques plantes présentant des symptômes de TSWV seront rapidement détruites, en aucun cas plantées ultérieurement. Des pièges bleus seront mis en place afin de suivre l'évolution des populations de thrips, et ainsi de les contrôler avec plus de lisibilité.

Les traitements insecticides* peuvent s'avérer indispensables pour contrôler les populations de thrips sur tomate, et donc limiter l'incidence du TSWV. Un certain nombre de produits, surtout des insecticides organohalogénés ou des carbamates, peuvent à cet égard être utilisés, aussi bien au niveau du sol que sur les parties aériennes : abamectine, deltaméthrine, acrinathrine, spinozad (e-Phy).

La stratégie rapportée est de traiter les plantes à 3 reprises, à 4 à 5 jours d'intervalle, en alternant les familles chimiques et en assurant une bonne pénétration de la bouillie de manière à atteindre les endroits où les thrips se réfugient. Les applications auront lieu tôt le matin ou tard dans l'après-midi, lorsque les thrips sont très actifs. Des traitements du sol pourront maîtriser les stades pronymphe et nymphe qui s'enfouissent souvent dans le sol.

Rappelons que généralement, les traitements insecticides sont peu efficaces pour maîtriser les épidémies de ce virus, surtout en plein champ. En effet, les thrips vecteurs proviennent fréquemment de l'extérieur de la parcelle et transmettent le virus au cours de leur nutrition, avant même que l'insecticide n'ait le temps d'agir.

En fin de culture, on éliminera toutes les plantes malades. On pourra aussi conseiller de laisser la parcelle sans culture durant 3 à 4 semaines, ceci afin que les stades larvaires encore présents sur le sol et les débris végétaux évoluent, et que les thrips se dispersent ailleurs par la suite. Les abris seront désinfectés, et on pourra y réaliser un vide sanitaire d'une durée comparable. Dans certains cas, une fumigation du sol est préconisée.

 

  • Culture suivante 

Il conviendra d'être particulièrement vigilant sur la qualité des plants en pépinière qui pourront être infectés précocement. En effet, il a été observé que de faibles niveaux de contamination à ce stade de la culture ont une forte incidence sur le développement des épidémies au champ. Aussi s'efforcera-t-on d'empêcher ou de limiter au maximum les contaminations, a fortiori dans les pays où celles-ci sont très précoces en pépinière. Pour cela, on pourra :
- détruire les mauvaises herbes et les nymphes se trouvant sur le sol. À ce titre, une désinfection de ce dernier pourra être envisagée ;
- produire les plants dans une serre insect proof ou les protéger en ayant recours à des agrotextiles (voiles non tissés, tissus maille). La barrière mécanique ainsi créée retardera les contaminations ;
- désherber les abords de la pépinière afin d'éliminer les sources de virus et/ou de vecteurs. Cette mesure est particulièrement importante dans le cas de ce virus. Elle sera aussi soigneusement réalisée en plein champ ;
- s'assurer que les plants mis en place sont sains.

Il sera aussi souhaitable d'intégrer aux rotations des productions peu ou pas sensibles aux vecteurs. On évitera également de mettre en place une pépinière ou une culture de tomate à proximité d'une culture sensible à cette virose et à ses vecteurs (espèces ornementales surtout : anémone, chrysanthème, renoncule). Comme pour les pucerons, il a été démontré que des films plastiques ou aluminés appliqués sur le sol permettaient d'éloigner les thrips, et ainsi de diminuer l'incidence du TSWV sur tomate. De plus, des haies de maïs autour des parcelles se seraient révélées efficaces pour réduire l'incidence des épidémies de TSWV au Brésil.

Ajoutons aux préconisations de traitements insecticides préventifs* détaillées précédemment (e-Phy) que diverses huiles et des produits formant des films à la surface des plantes modifieraient l'alimentation et la reproduction de F. occidentalis, et donc réduiraient les infections de TSWV.

Plusieurs auxiliaires sont utilisés sous serre pour contrôler biologiquement les thrips, notamment divers prédateurs et parasites : les acariens Amblyseius cucumeris et A. barkeri (Phytoseiides), les punaiseshémiptères du genre Orius (Anthocorides) et d'autres punaises, notamment dans la famille des Mirides, telles que Dicyphus tamaninii.

Différentes espèces de Lycopersicon ont été évaluées pour leur résistance au TSWV à Hawaii, en France et aux États-Unis. Parmi elles, L. peruvianum possède une résistance de très haut niveau contrôlée par le gène dominant « Sw-5 ». Celle-ci est à l'origine d'une réaction d'hypersensibilité à la plupart des isolats de TSWV. Ainsi, le nombre d'hybrides résistants au TSWV commercialisés s'accroît actuellement dans différents types culturaux. Toutefois, signalons que divers symptômes, notamment systémiques, ont pu être observés ponctuellement en Espagne sur des plantes résistantes. Plusieurs souches très compétitives du virus isolées sur ces plantes se sont avérées capables de surmonter le gène « Sw-5 ». En revanche, elles ne semblent pas en mesure de s'attaquer aux lignées de L. peruvianum ('PI 128 660 R', 'PI 128 660 S'), sur lesquelles elles produisent des lésions locales sans infection systémique. De telles souches de TSWV ont apparu en Afrique du Sud et en Australie. Il est probable que les attaques observées parfois au champ, notamment en Espagne, soient dues à la dominance incomplète de « Sw-5 ». Les hybrides commercialisés sont probablement tous hétérozygotes pour ce gène.

Il convient aussi de savoir que le gène « Sw-5 » confèrerait aussi une résistance au Groundnut ringspot virus (GRSV) et au Tomato chlorotic spot virus (TCSV).

Deux populations Inra ont été améliorées et diffusées auprès des établissements de sélection, après deux générations de croisements diversificateurs et améliorateurs d'une lignée initiale proche des types cultivés en France en plein champ. Elles cumulent les gènes de résistance à diverses maladies, l'une plutôt en serre et l'autre plutôt en plein champ.

Enfin, signalons une résistance à la transmission du TSWV par thrips chez Lycopersicon hirsutum f. glabratum, ainsi que chez les cultivars L. esculentum 'Manzana', 'Brazil' et 'Anahu'.

Plusieurs stratégies de transgénose, par exemple basées sur les gènes codant pour la nucléocapside ou la protéine NSm (protéine de mouvement supposée), se sont révélées efficaces contre le TSWV. Aucun génotype de tomate actuellement commercialisé n'utilise une de ces résistances potentielles.


Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

Dernière modification : 07/12/2023
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • G Marchoux (INRA)