De par leur régime alimentaire très varié selon les espèces, on trouve des acariens qui sont carnivores et donc sont des prédateurs des ravageurs des cultures. Leur proie peut être prédigérée avant ingestion par inoculation de salive ou bien déchiquetée grâce aux chélicères en forme de pinces puis digérée par les enzymes salivaires avant ingestion.

Parmi ces acariens prédateurs, on trouve les familles suivantes ;

- Phytoseiidae :

C'est la famille la plus étudiée, dont certaines espèces sont utilisées en lutte biologique en verger, sur vigne ou en serre. On peut citer Typhlodromus pyri Scheuten 1857 rencontré naturellement en vignoble ou en verger et dont les proies sont d'autres acariens, en particulier les acariens appelés communément araignée rouge (Panonychus ulmi, Tetranychus urticae), ou des thrips comme Drepanothrips reuteri Uzel 1895 (thrips de la vigne). Kampimodromus aberrans (Oudemans 1930) est présent surtout dans le midi méditerranéen. Neoseiulus fallacis (Garman, 1948) (anc. Amblyseius) est observé en verger en Amérique du Nord.

Phytoseiulus persimilis Athias-Henriot 1957 (figure) dont les adultes comme les larves sont actives, est largement utilisé en serre pour lutter contre l'acarien jaune (Tetranychus urticae). Il en est de même de Amblyseius swirskii Athias-Henriot 1962 qui est un très bon prédateur des larves de thrips ainsi des des oeufs et des larves d'aleurodes. Amblyseius (Neoseiulus) cucumeris (Oudemans 1930) est utilisé avec succès en serre de concombre pour lutter contre le thrips Frankliniella occidentalis. Amblydromalus limonicus (Garman & McGregor, 1956) est proposé aussi pour la lutte contre les thrips et les aleurodes.
 
- Tydeidae :

Les acariens appartenant à cette famille sont petits, ont un corps mou et se déplacent rapidement. Ils sont souvent de couleur jaune, blanc crème ou orange et la plupart présentent une bande blanche le long du dos (photo). On les trouvent dans la litière, les écorces, sur les plantes souvent près des nervures des feuilles. Ils sont souvent prédateurs de cochenilles, mais des espèces consomment aussi des champignons ou la fumagine, du miellat et sont considérs comme des détritivores sur les feuilles (plus d'infos). Tydeus eriophyes Meyer et Ryke 1959 est souvent trouvé au vignoble en présence de Colomerus vitis, le phytopte responsable de l'érinose. 

- Erythraeidae :
Certaines espèces de Balaustium se nourrissent de proies très diverses comme des chenilles, punaises, des pucerons, ainsi que des tétranyques. L'espèce Balaustium putmani Smiley 1968 est connue pour consommer tous les stades de l'acarien Panonychus ulmi ainsi que ceux du pou de San José, la cochenille Diaspidiotus perniciosus. Ces acariens sont rencontrés naturellement dans le vignoble européen et dans les vergers de pommiers en Amérique du Nord. Les stades mobiles de ces acariens sont plus sensibles aux pesticides. D'autres espèces sont toutefois phytophages, et consomment du pollen.

- Stigmaeidae :
Les membres de cette famille consomment surtout des oeufs et larves de tétranyques ainsi que tous les stades des Eriophyidae. Zetzellia mali (Ewing) est un prédateur naturel des acariens phytophages Aculus schlechtendali (le phytopte du pommier), Panonychus ulmi (l'acarien rouge des pomacées) et Tetranychus urticae.

- Anystidae :

Les acariens de cette famille sont de grande taille (3 mm) de couleur rougeâtre et très mobiles. Ils sont très voraces et sont des prédateurs polyphages de thrips, acariens et cicadelles et consomment aussi des exsudats de végétaux et arthropodes. Ils peuvent être présents en grande quantité en vergers et au vignoble, mais sont très sensibles aux pesticides. Anystis baccarum (Linnaeus 1758), espèce assez cosmopolite, se nourrit d'acariens et de cicadelles. Présent sur les arbres fruitiers, il est un prédateur intéressant au printemps. Anystis agilis (Banks, 1894) peut consommer 20 à 40 proies (observé sur Tetranychus urticae) par jour.

- Trombidiidae :

Trombidium holosericeum (Linnaeus, 1758) (acarien soyeux, figure) est remarquable par sa couleur rouge vif et sa grande taille (4 mm). L'adulte se nourrit d'oeufs et de larves d'insectes, il est observé fréquemment sur les fruitiers et la vigne infestés par les cochenilles. A ce titre c'est un auxiliaire intéressant. La larve, se fixe sur des araignées ou des criquets dont elle suce le liquide corporel sans dommage pour l'hôte. Allothrombium fuliginosum (Hermann, 1804) est au stade larvaire, un parasitoïde spécifique des pucerons (photo).

De nombreuses espèces parmi celles citées ici régulaient fortement les populations d'acariens nuisibles en arboriculture avant l'introduction des pesticides. La présence de celles-ci est à nouveau reconsidérée dans une conduite des vergers et de la vigne plus raisonnée.

Bibliographie :
G. Sentenac et al. (2011) Préserver les auxiliaires et favoriser leur activité. In : La faune auxiliaire des vignobles de France. Eds France Agricole-Dunod

S.Kreiter (2011) Autres familles d'acariens prédateurs d'acariens. In : La faune auxiliaire des vignobles de France. Eds France Agricole-Dunod

U Gerson, RL Smiley, R Ochoa (2003) Mites (acari) for pest control. Ed Blackwell Publishing