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Viroïdes

 

Moins d'une dizaine de viroïdes ont été associés à des épidémies naturelles sur tomate. Parmi eux, 4 viroïdes affectent la tomate en Europe :
 

  • Citrus exocortis viroid (CEVd, viroïde de l'exocortis des agrumes) Syn. : Indian bunchy top viroid

(I-TBTVd, viroïde de l'indian bunchy top de la tomate)

 

- Symptômes : en Afrique du Sud, les plantes présentent un fort rabougrissement et une épinastie foliaire. En Inde, en plus des symptômes précédents, des distorsions foliaires et des nécroses nervaires ont été observées.

- Modes de transmission : ce viroïde n'a été que rarement observé sur tomate ; son ou ses modes de transmission n'ont pas fait l'objet d'études spécifiques. Tout comme les autres viroïdes, il est vraisemblablement transmis mécaniquement de plante à plante lors des opérations culturales.
 
- Autres caractéristiques :  la maladie du "bunchy top" de la tomate a été décrite pour la première fois en Afrique du Sud au début des années 1930, sans que l'agent causal ait pu être caractérisé à l'époque. Au début des années 1980, la maladie a été observée dans l'État du Maharashtra en Inde. La caractérisation du viroïde impliqué a révélé que dans ce cas, il s'agissait d'une souche du CEVd. Il a depuis été repéré plusieurs fois sur tomate aux Pays-Bas. Le CEVd peut infecter naturellement les agrumes et la vigne et a récemment été décelé dans des plantes ornementales, comme la verveine), qui pourraient peut être servir de réservoir pour la transmission à la tomate.
 
  • Columnea latent viroid (CLVd, viroïde latent du Columnea) 

 

- Symptômes : les plantes atteintes prennent un aspect rabougri et présentent des feuilles chlorotiques et déformées (épinastie), avec éventuellement des nécroses nervaires.


- Modes de transmission : il n'existe que peu d'informations sur le ou les mécanismes de transmission du CLVd chez la tomate, mais ce viroïde semble transmissible par la graine chez cette espèce. Comme pour les autres Pospiviroid, la transmission mécanique de plante à plante lors des pratiques culturales est cependant très probable.


- Autres caractéristiques : le CLVd a été initialement décrit comme un viroïde infectant de façon habituellement latente diverses espèces ornementales (Brunfelsia undulata, Columnea erythrophae, Nematanthus wettsteinii). Il a plus récemment été observé plusieurs fois en infection naturelle sur la tomate aux Pays-Bas. Les hôtes ornementaux asymptomatiques pourraient éventuellement jouer le rôle de réservoir.

 

  • Potato spindle tuber viroid (PSTVd, viroïde des tubercules fusiformes de la pomme de terre). Ce viroïde est considéré comme étroitement relié, voire identique, au Tomato bunchy top viroid.

 

- Symptômes : les plantes sont rabougries et leurs folioles subissent une épinastie prononcée, accompagnée de nécroses nervaires.


- Modes de transmission : le PSTVd est transmis par multiplication végétative, par contact foliaire de plante à plante et par les instruments agricoles. Le pollen et les semences sont susceptibles de l'héberger et de le transmettre. Des données expérimentales montrent qu'il pourrait aussi être transmis par des pucerons, notamment Myzus persicae, vraisemblablement avec une faible efficacité, après hétéroencapsidation dans les particules du virus de l'enroulement de la pomme de terre (Potato leaf roll virus, PLRV) en cas d'infection mixte.


- Autres caractéristiques : décrite en 1922 par Martin , la maladie des tubercules fusiformes de la pomme de terre a été identifiée pour la première fois dans l'État du New Jersey. Elle s'est ensuite largement répandue dans les régions productrices de pomme de terre du nord et du nord-est des États-Unis, puis au Canada ainsi qu'en Europe de l'Est. Elle a vraisemblablement été occasionnellement introduite dans certains pays d'Europe de l'Ouest mais semble avoir été éradiquée. Ce virus a été détecté sur tomate notamment en Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande en 2001 (avec des pertes pouvant atteindre 60 %), et en 2002 aux Pays-Bas.
De façon générale, le PSTVd semble essentiellement inféodé à la famille des Solanacées, bien qu'il soit capable d'infecter des espèces dans d'autres familles botaniques et qu'il ait été récemment trouvé dans des hôtes très différents comme l'avocatier. Plusieurs travaux récents semblent mettre en évidence l'infection fréquente par le PSTVd d'une espèce ornementale Solanum jasminoides , dont le rôle de réservoir éventuel reste à préciser.
Le PSTVd a ponctuellement été observé sur tomate, dans une culture sous serre située dans le sud-est du Royaume-Uni et dans des tomates originaires des Pays-Bas et de Nouvelle-Zélande. Signalons que la tomate est aujourd'hui mondialement utilisée comme hôte expérimental du PSTVd.

 

  • Tomato chlorotic dwarf viroid (TCDVd, viroïde du rabougrissement chlorotique de la tomate)

 

- Symptômes : les plantes présentent un aspect rabougri, des feuilles chlorotiques et une taille réduite, avec des nécroses nervaires et pétiolaires (figure 1).


- Modes de transmission : nous ne disposons pas actuellement d'informations sur l'éventuelle transmission de ce viroïde par les semences de tomate.


- Autres caractéristiques : ce viroïde a été observé au Canada dans des plantes de tomate cultivées sous serre, et plus récemment aux Pays-Bas dans des plantes en provenance des États-Unis. Il semble donc être essentiellement nord-américain. Signalons que ce viroïde a été repéré au moins une fois en Bretagne.
Des transmissions expérimentales à d'autres hôtes ont permis de démontrer la sensibilité d'un certain nombre d'autres solanacées (pomme de terre, Nicandra physaloides…) mais il n'a, jusqu'à présent, été retrouvé en infection naturelle que chez la tomate.

TCDVd_tomate_DB_630_24
Figure 1