Biologie, épidémiologie
- Conservation, sources d'inoculum
Scerotinia sclerotiorum dispose de potentialités saprophytiques non négligeables. Il peut se maintenir dans le sol de 8 à 10 ans grâce a ses sclérotes (figure 1) qu'il produit sur les organes affectés et/ou sur son mycélium présent dans les débris végétaux abandonnés sur les parcelles. De plus, c'est un champignon polyphage que l'on peut trouver sur de nombreuses plantes hôtes.
On signale S. sclerotiorum sur plus de 400 espèces végétales différentes, cultivées ou adventices. Il infecte de nombreuses cultures légumières pouvant parfois entrer en rotation avec la courgette et les courges (ou être cultivées à proximité), comme les salades, le haricot, les choux, le poivron, l'aubergine, de nombreuses cucurbitacées, le céleri, le pois, la carotte, le rutabaga, la pomme de terre... Un certain nombre de mauvaises herbes l'hébergent de façon inaperçue.
Ces nombreux hôtes sont capables de le multiplier et de servir de sources d'inoculum lorsqu'ils sont incorporés, après récolte, dans le sol avec les sclérotes de ce champignon.
Les contaminations de S. sclerotiorum peuvent s'effectuer par l'intermédiaire du mycélium issu des sclérotes se trouvant à proximité des organes en contact avec le sol. Mais soulignons que ce champignon forme aussi des apothécies sur ses sclérotes. Ces organes assurent sa reproduction sexuée et engendrent de nombreux asques contenant des ascospores. Ainsi, des millions d'ascospores sont libérées des apothécies dans l'air durant 2 à 3 semaines ; elles sont à l'origine des contaminations aériennes, parfois sur plusieurs centaines de mètres. Leur germination sur les tissus végétaux ne peut se réaliser qu'en présence d'eau issue d'une pluie, d'une irrigation par aspersion ou bien d'une rosée.
- Pénétration et invasion
Quelle que soit la nature de l'inoculum (mycélium, ascospores), ce champignon pénètre aisément dans les organes vivants, blessés, sénescents ou morts en contact ou non avec le sol, et les envahit rapidement. Son mycélium progresse dans les tissus sains, qu'il fait pourrir grâce à de nombreuses enzymes lytiques. Par exemple, Sclerotinia sclerotiorum produit des endo- et des exopectinases, des hémicellulases et des protéases. Il synthétise également de l'acide oxalique, qui influence à la fois l'expression de son pouvoir pathogène et la réceptivité de son hôte.
Lorsque l'humidité ambiante le permet, ce Sclerotinia produit du mycélium blanc plus ou moins dense et des sclérotes sur les tissus altérés. Lorsque les résidus de culture sont incorporés au sol, on retrouve 70 % des sclérotes dans les 8 premiers centimètres de profondeur.
- Sporulation et dissémination
Les sclérotes assurent parfois la transmission de ces champignons à d'autres parcelles, par exemple lorsqu'ils sont transportés par l'intermédiaire de la terre présente sur les outils aratoires ou sur des plants. Comme nous l'avons signalé précédemment, S. sclerotiorum (espèce homothallique) produit facilement des apothécies (figure 2), des asques et des ascospores disséminatrices, surtout lorsque les températures sont peu élevées, comprises entre 8 et 16°C.
- Conditions favorables à son développement
Si son optimum thermique se situe légèrement en dessous de 20°C, ce Sclerotinia est capable de se développer à des températures comprises entre 4 et 30°C. Il est favorisé par les périodes humides et pluvieuses et affectionnent particulièrement les tissus ayant atteint un développement avancé.
Les sols légers et riches en humus sont plus propices au développement de S. sclerotiorum. Ce dernier est sensible au gaz carbonique, ce qui explique sa localisation dans les tous premiers centimètres du sol. Les conditions de température et d'humidité du sol influencent également la survie des sclérotes de ces champignons. Les apothécies se forment elles aussi à la suite de pluies, d'orage, d'irrigation augmentant l'humidité du sol.