Biologie, épidémiologie
- Conservation, sources d'inoculum
Ralstonia solanacearum se maintient sans peine dans de nombreux sols jusqu'à 30 cm de profondeur durant plusieurs années, notamment à partir des débris végétaux si ces sols ont une capacité de rétention d’eau élevée. Le taux d’'inoculum du sol peut être maintenu, voire augmenté, lors de la mise en culture d'autres plantes sensibles sur la même parcelle. En effet, cette bactérie est capable d’infecter de nombreuses plantes cultivées (tournesol, arachide, tabac, poivron, manioc, pomme de terre, bananier) ou adventices en produisant ou non (infections latentes) le syndrome de flétrissement décrit précédemment. Plus de 250 espèces végétales, appartenant à au moins 50 familles botaniques, sont susceptibles d’être attaquées, en majorité des dicotylédones. La gravité des attaques dépend bien souvent de l'importance de l'inoculum du sol et de l'agressivité de la souche présente. Cette bactérie a été isolée sur de nombreuses mauvaises herbes exprimant ou non des symptômes : Amaranthus spinosus, Chenopodium album, Cyperus rotundus, Erechtites valerianaefolia, Euphorbia hirta, Hydrocotyle ranunculoides, Malva sp., Physalis minima, Polygonum pensylvanicum, Rumex dentatus, Solanum nigrum, S. dulcamara, Vicia sp. ;
Signalons que R. solanacearum s’adapte remarquablement à la survie planctonique, en particulier dans certaines eaux d’irrigation issues de canaux (Hollande), de rivières (Ecosse), d’étangs ou de diverses réserves d’eau.
- Pénétration et invasion
Au cours de la croissance du système racinaire dans un sol contaminé, celui-ci subit diverses blessures :
- soit naturelles, en particulier au niveau du point d'émergence des racines secondaires latérales ;
- soit consécutives aux effets, intentionnels ou non, d'outils, de piqûres et d'altérations engendrées par les nématodes à galles appartenant au genre Meloidogyne, à des morsures d'insectes.
Ces blessures constituent de véritables portes d'entrée pour R. solanacearum. Elles facilitent sa pénétration dans le cortex des racines et son accès aux vaisseaux dans lesquels les cellules bactériennes se multiplient plus rapidement. On la retrouve dans les vaisseaux du xylème et en hase finale du phloème, mais aussi dans les cellules du parenchyme bordant ces derniers.
- Multiplication et dissémination
De nombreuses cellules bactériennes sont libérées des racines et gagnent le sol puis les racines saines des plantes voisines qui ne tardent pas à être infectées. La dissémination de R. solanacearum a souvent lieu de proche en proche, par l'intermédiaire de l'eau de ruissellement, de plants contaminés et d'outils aratoires. Les ouvriers au cours de l'ébourgeonnage et de l'effeuillage contribueraient à sa dispersion. Cette bactérie pourrait être transmise par les semences ; mais signalons que la très grande majorité des travaux infirme ce mode de dissémination.
- Conditions favorables à son développement
Toutes les souches de R. solanacearum affectionnent les températures tropicales, entre 25 et 35°C. Les sols humides et lourds, au pH modéré, sont plus favorables aux contaminations et à son extension. Elle supporte mal les conditions de sol sec et les températures inférieures à 10°C. L'apport d'une fumure fortement azotée contribuerait à sensibiliser les plantes.
La présence de nématodes à galles (Meloidogyne incognita) dans les mêmes sols aggrave les dégâts de flétrissement bactérien. Au Brésil, il a été démontré que l'irrigation au goutte-à-goutte favoriserait plus la maladie que celle par aspersion. Tous les sols ne présentent pas la même réceptivité à R. solanacearum. Par exemple, en Guadeloupe, les sols ferralitiques ou récents (alluvionnaires, volcaniques) à argile avec un feuillet de type kaolinite ou halloysite, à pH compris entre 5 et 7 sont les plus facilement contaminés car très réceptifs. La bactérie y persiste et y circule indéfiniment. Les vertisols calciques sont en revanche peu réceptifs et sont dits suppressifs. C’est la présence d'argile de type smectite qui cloisonne littéralement les bactéries dans un réseau de tactoïdes (structure en nid d’abeilles), qui empêche R. solanacerum de se disséminer et d'y survivre, à condition que des Solanacées n'y soient pas cultivées et le sol maintenu humide en permanence.