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Ecologie, épidémiologie

- Conservation, sources de virus

Le virus de la mosaïque de la luzerne (Alfalfa mosaic virus, AMV) est très polyphage, il peut être artificiellement inoculé à un nombre important d'hôtes soit plus de 400 espèces végétales herbacées ou ligneuses appartenant à 50 familles botaniques différentes. Certaines d'entre elles peuvent l'héberger sans présenter de symptôme. Il peut donc se conserver aisément d'une saison à l'autre par l'intermédiaire de quelques mauvaises herbes, mais aussi de plusieurs plantes cultivées. La luzerne semble constituer le réservoir le plus important ; elle exprime des symptômes de mosaïque, de marbrure et de malformation ; aucun symptôme n'est toutefois visible durant l'été. De nombreuses autres plantes peuvent servir de source d'inoculum en période hivernale ou estivale. Un nombre important de solanacées, cultivées et spontanées, peuvent être contaminées : tomate, poivron, aubergine, pomme de terre, tabac, Atropa belladona, Cyphomandra betacea, Datura stramonium, Hyoscyamus muticus, Nicandra physaloïdes, Physalis angulata, Sarachia edulis, Schizanthus pinnatus, Solanum dulcamara, S. nigrum, Withania frutescens, W. somnifera. D'autres hôtes potentiels sont signalés, comme laitue, céleri, haricot, pois, pois-chiche, luzerne, trèfle, quelques plantes ligneuses (groseiller, lavandin, Cercis siliquastrum, Hibiscus cannabinus, Ruscus hypoglossum, Clematis vitalba, Glycine latifolia, Viburnum spp., Buddleia davidii, Rhamnus angula). Chez les monocotylédones, l'asperge est la seule espèce sensible.


- Transmission, dissémination

A partir de plantes infectées, l'AMV est transmis aux autres plantes par l'intermédiaire de pucerons, selon le mode non persistant. Ceux-ci acquièrent très rapidement des particules virales adsorbées au niveau de leurs stylets et des téguments de leurs pièces buccales, au cours de brèves piqûres « d'épreuve ». Ils sont capables de les transmettre immédiatement, mais durant une courte période n'excédant pas quelques minutes à quelques heures. Vingt-six espèces de pucerons sont susceptibles de transmettre l'AMV, comme Myzus persicae, Aphis fabae, A. gossypii, A. craccivora, Acyrthosiphon pisum, A. kondoi. Cependant, leurs taux de transmission varient selon le clone et l'espèce de puceron, la souche d'AMV, et la plante source et d'accueil.

La dissémination de l'AMV est essentiellement réalisée par les pucerons ; elle dépend donc de la nature des épizooties de ces insectes. Plusieurs facteurs biotiques et abiotiques jouent un rôle essentiel sur la biologie des pucerons, donc sur la dissémination des virus et donc sur le développement des épidémies virales :
* le vent conditionne leur répartition ;
* la température agit sur la croissance de la tomate, la multiplication du virus et des pucerons respectivement dans et sur les plantes ;
* la proximité d'autres cultures sensibles contaminées (et notamment la luzerne) et de nombreuses mauvaises herbes virosées favorise les contaminations.

Enfin, à ces facteurs, on peut ajouter des situations et des pratiques culturales régionales comme la disposition des parcelles, leur orientation par rapport au vent, leur protection éventuelle par des haies, la conservation des plantes réservoirs à virus.

Ajoutons que le développement des épidémies d'AMV est aussi lié aux conditions climatiques. Si l'hiver est rigoureux, une majorité de plantes réservoirs et de pucerons seront détruits et l'inoculum présent en début de culture sera réduit.

La transmission par la graine se produit chez quelques espèces végétales, tout particulièrement chez la luzerne, et à un moindre degré chez le piment. Chez la pomme de terre, des semences peuvent être ponctuellement infectées. Des plantes adventices comme Nicandra physaloides, Stellaria media, Senecio vulgaris, Chenopodium album et Holosteum umbellatum transmettent également l'AMV par la graine.

Dernière modification : 30/11/2023
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • G Marchoux (INRA)