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Méthodes de protection

- En cours de culture

Malheureusement, il n'existe aucun moyen en pépinière pour  "rétablir" des plants ayant subi des attaques de Thielaviopsis basicola. Étant donné les risques de dissémination de la maladie qu'ils font courir, nous vous suggérons de les éliminer rapidement. Cette remarque est particulièrement importante si vous êtes producteur de plants.

L'utilisation de fongicides appartenant à la famille des benzimidazoles (bénomyl*, thiophanate-méthyl) ou certains inhibiteurs de la biosynthèse des stérols (triadiménol...) présentent une certaine efficacité à l'égard de ce champignon. Ils sont employés préventivement dans certains pays pour imbiber le substrat ou le sol portant les plants de tabac. Leur utilisation curative ne s'envisagerait que dans des contextes particuliers : impossibilité de se procurer ou de reproduire d'autres plants, attaque précoce consécutive à une plantation dans de mauvaises conditions. L'efficacité de tels traitements n'est pas garantie. De plus, s'ils sont usités fréquemment, leur emploi comporte quelques risques liés à la sélection des souches résistantes qui ont déjà été signalées dans le cas du bénomyl.

Rappelons qu'aucun fongicide n'est actuellement homologué en France pour cet usage
*.

La situation est pratiquement comparable en plein champ. On peut tout de même essayer de butter les plantes, afin de favoriser un enracinement complémentaire. En fin de culture, il est impératif que les tiges et les systèmes racinaires des tabacs soient enlevés de la parcelle et éliminés, ceci afin d'éviter d'enrichir le sol en débris végétaux et en chlamydospores.


- Culture suivante

En pépinière, il est important d'utiliser des substrats sains. Le sol portant les pépinières traditionnelles doit être désinfecté avec un fumigant. Les plants produits en minimottes ne seront pas posés à même le sol, surtout s'il n'a pas été désinfecté ; un film plastique devra les séparer. Des traitements préventifs sont parfois réalisés en pépinière avec les produits cités précédemment. Nous vous conseillons aussi d'appliquer les mesures d'hygiène préconisées dans la rubrique portant sur la prophylaxie en pépinière.

En plein champ, des rotations culturales doivent être mises en ?uvre impérativement afin de prévenir une augmentation du taux d'inoculum du sol. Pour être efficaces, elles seront suffisamment longues, au moins 4 à 5 années, et ne devront pas faire intervenir des cultures sensibles. Thielaviopsis basicola a été décrit sur de nombreuses plantes : plusieurs autres solanacées (tomate, aubergine), des grandes cultures et des productions industrielles (coton, arachide, pois, haricot, soja, luzerne, lupin) et diverses plantes ornementales (chrysanthème, pélargonium,...). Les souches de Thielaviopsis basicola isolées du tabac sont de toute évidence polyphages, mais on ne connait pas toujours précisément leur gamme d'hôtes complète. Les plantes indiquées précédemment sont donc des hôtes potentiels de ce champignon, mais peut-être pas à chaque fois de toutes ses souches. Les céréales constituent un bon précédent, ainsi que le riz et le sorgho.

Il est à noter que des cas de sols résistants à Thielaviopsis basicola ont été signalés dans plusieurs pays. Bien que présent dans ces sols, ce champignon n'occasionne pas de dégâts au tabac. Aux USA, la résistance aurait une origine abiotique ; elle serait influencée par le pH, la quantité d'aluminium échangeable et le pourcentage de saturation de la capacité d'échange en cations du sol. Dans d'autres situations, la nature de la résistance du sol aurait une origine biologique ; des activités antagonistes de Pseudomonas fluorescents interviendraient.

Une désinfection du sol est parfois réalisée avec plus ou moins d'efficacité en plein champ. Cette mesure très coûteuse ne peut être envisagée que ponctuellement et dans de rares pays, en aucun cas dans les sols "résistants".

Les outils servant au travail du sol de parcelles contaminées devront être bien nettoyés avant de servir dans d'autres parcelles saines. Il en est de même pour les roues des tracteurs. Un rinçage soigneux à l'eau et une désinfection de ce matériel suffit souvent à le débarrasser de la terre et de Thielaviopsis basicola.

Le drainage des parcelles, la fertilisation des plantes, ainsi que leur irrigation seront parfaitement maîtrisées ; il conviendra de maintenir le pH du sol aux alentours de 6 et de ne pas trop le chauler. Il faudra se méfier de certaines matières organiques apportées au sol..

En France, les producteurs peuvent avoir recours à une analyse phytosanitaire de leur sol afin de connaître approximativement le taux d'inoculum en Thielaviopsis basicola. Ainsi, lorsqu'ils cultivent une variété sensible, ils peuvent éviter de la mettre en place dans une parcelle fortement contaminée. Les sols lourds et humides devront être écartés pour la culture du tabac, en particulier si vous cultivez une variété sensible. La plantation devra avoir lieu dans de bonnes conditions, en aucun cas durant une période pluvieuse et froide.

L'utilisation de variétés résistantes est de loin la solution la plus efficace pour contrôler cette maladie. Il existe maintenant un certain nombre de cultivars de tabac dans les types Burley et Virginie possédant un haut niveau de résistance. Cette résistance provient de Nicotiana debneyi, qui s'hybride relativement bien avec le tabac ; elle est de nature monogénique dominante.

Certaines variétés présentent une "tolérance" à la pourriture noire, qui semble liée à une plus grande vigueur racinaire. Cette moindre sensibilité se traduit surtout par une croissance plus importante des plantes. Malheureusement, ces variétés multiplient abondamment Thielaviopsis basicola au niveau de leurs racines et contribuent à augmenter le taux d'inoculum des parcelles de tabac. Leur emploi peut s'avérer catastrophique au plan de la gestion phytosanitaire des sols. Il n'en est pas de même pour les variétés possédant la résistance monogénique.


* Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous avons tout de même choisi de vous indiquer dans chaque fiche, le nom de quelques matières actives homologuées au moment de la rédaction de la fiche. Nous essaierons d?actualiser cette liste, au fur et à mesure des retraits et des nouvelles homologations. Malgré cela, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l?agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

Dernière modification : 05/02/2013
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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