On peut, de manière simplifiée, classer les insectes nuisibles dans 3 groupes :
- Les ravageurs primaires avérés, permanents ou constants : on estime qu’en France environ 110 espèces (soit moins de 5% des ravageurs) rentrent dans ce groupe. Ces déprédateurs de première importance sont continuellement, présents et en l’absence de lutte ils commettent des dégâts chaque année ; ces derniers peuvent cependant, être d’intensité variable, consécutivement à l’action d’un grand nombre de facteurs abiotiques et biotiques.
- Les ravageurs secondaires : ce sont les plus nombreux (environ 87% des insectes nuisibles) et le niveau de leurs populations et de leurs dégâts se situe généralement en dessous du seuil de nuisibilité, excepté parfois dans des situations particulières ou locales. Nous incluons dans ce groupe les insectes faisant des apparitions (donc des dégâts) qualifiées de cycliques et certains ravageurs émergeants.
La modification des paysages, particulièrement des agro-écosystèmes, l’évolution des pratiques agricoles, ont, entre autres, conduit à un appauvrissement des auxiliaires dans les agrocénoses et favorisé, une recrudescence de beaucoup de ces ravageurs secondaires, de sorte qu’il est de plus en plus fréquemment nécessaire d’avoir à lutter contre certains d’entre eux.
- Les ravageurs occasionnels ou fortuits : peu nombreux (environ 8% des insectes nuisibles), ils sont en général polyphages voire omnivores mais, sous certaines conditions climatiques (sécheresse,...) ou environnementales (nouvelles plantations après des défriches,…), ils sont amenés à envahir les cultures et à occasionner quelques dégâts. On peut inclure dans ce groupe les ravageurs dont les préjudices ne sont pas liés à leur action trophique : citons par exemple, les dommages consécutifs aux pontes de cigales ou de libellules (en général sur de jeunes rameaux ligneux), ou encore les décapages d’écorces faits par certains hyménoptères (frelons,…), lors de la construction de leur nids.
Dans le domaine de la protection des plantes, et particulièrement en entomologie agricole, il y a lieu de distinguer les insectes ravageurs (primaires, secondaires ou occasionnels), des insectes annexes (ou associés) aux ravageurs (appelés parfois, à tort, ravageurs secondaires). Les ravageurs primaires, secondaires ou occasionnels, sont des insectes capables de causer des dommages directs à des végétaux sains, des denrées et des produits non altérés. Les insectes annexes sont incapables (pour des raisons biologiques, anatomiques, physiologiques, comportementales,…) de commettre des dégâts directs. Ce sont souvent des insectes opportunistes qui s’installent suite à des dommages (blessures, lésions, altérations, pourrissements,…) effectués par d’autres organismes nuisibles (insectes, oiseaux, champignons phytopathogènes,…). Ces insectes associés aux ravageurs sont nombreux, ce sont principalement des diptères (Anthomyiidae, Drosophilidae,…), des coléoptères (Cerambycidae, Curculionidae Scolytinae,…) et certains lépidoptères (Gelechiidae,…). Ils peuvent cependant accélérer, parfois considérablement, les processus de dégradation des végétaux, denrées et produits. Ils ne sont pas comptabilisés en tant que ravageurs dans la colonne de droite du tableau 1.
La distinction entre ces 2 groupes est fondamentale, elle nécessite le plus souvent une identification précise des agents en cause (larves ou adultes d’insectes,…). Les insectes annexes ou associés s’installent toujours après les ravageurs de sorte que si ces derniers ont terminé leur développement, seuls les seconds sont présents à l’emplacement du dégât. Il faut avoir à l’esprit que lutter contre un insecte associé ne résout en rien le problème auquel on est confronté.
Bien qu'il concerne plusieurs centaines de milliers d'espèces, le régime phytophage n’est pas le plus répandu chez les insectes. Sur les 29 ordres actuels (cf. tableau 1), seulement 14 d'entre eux ont véritablement évolué vers la phytophagie partielle ou complète.
Environ 35% des insectes sont réellement phytophages, on estime que près de 50% sont saprophages et détritiphages (au sens large) et 15% seraient prédateurs, parasites, commensaux. Ces pourcentages ne sont donnés ici qu’à titre indicatif et ils sont approximatifs. En effet, les limites entre ces divers régimes alimentaires, ne sont pas absolument strictes. De plus les larves et les adultes d’une même espèce peuvent avoir une alimentation totalement différente.
Se nourrir des plantes nécessite des adaptations à divers niveaux, notamment, la possibilité de digérer la cellulose (termites, certains Curculionidae,…), de surmonter les défenses chimiques (les alcaloïdes,…), et physiques (les poils, la dureté,…) des plantes.
L’évolution parallèle des plantes et des insectes a sélectionné certaines espèces d’insectes à s'alimenter d’une seule espèce végétale, tandis que d'autres vivent aux dépens d’une grande diversité de plantes.
Les insectes phytophages n'ont donc pas tous le même type de relation avec leurs plantes hôtes. Certains sont polyphages, d'autres oligophages et d’autres monophages. Par ailleurs, certains sont exophages, d'autres endophytes.
- Les polyphages ont la capacité de se développer aux dépens de diverses espèces végétales appartenant à plusieurs familles, non apparentées sur le plan taxonomique. La polyphagie est parfois très large, par exemple, la larve de la mouche mineuse Phytomyza horticola Goureau (Agromyzidae) s’alimente aux dépens de 46 familles, 230 genres et environ 440 espèces de plantes. Chez les insectes, les espèces polyphages sont bien moins nombreuses que celles qui sont oligophages ou monophages.
- Les oligophages se nourrissent d’un petit nombre de plantes appartenant à une unique famille ou au plus à 2 familles très proches (ex. le doryphore ou le puceron des épis de céréales). Il y a toutefois différents degrés dans l’oligophagie. On distingue par exemple des insectes avec une oligophagie étroite et d’autres avec une oligophagie plus large.
- Les monophages se développent aux dépens d'une seule espèce de plante, ou éventuellement de 2 ou 3 espèces appartenant à un même genre botanique (ex. la bruche du pois). Selon certaines définitions, une espèce monophage serait restreinte à un seul hôte et on qualifie de sténophage un organisme, globalement monophage, qui se nourrit aux dépens d’un petit nombre de végétaux (ou de proies).