Mondialement répandus et extrêmement polyphages, ce sont de loin les nématodes les plus fréquents et les plus dommageables sur les légumes ; leurs dégâts sont parfois considérables dans les exploitations où la gestion des rotations culturales et la qualité sanitaire du sol ne sont pas bonnes.
Plusieurs espèces de Meloidogyne sévissent sur légumes provoquant essentiellement des galles racinaires (Meloidogyne incognita (Kofoid & White) Chitwood (espèce la plus largement répandue), Meloidogyne arenaria (Neal) Chitwood, Meloidogyne javanica (Treub) Chitwood et Meloidogyne hapla Chitwood (espèce plus nordique). D'autres espèces ont été signalées plus ponctuellement : Meloidogyne chitwoodi Golden et al., Meloidogyne floridensis Handoo, Meloidogyne ethiopica Whitehaed, Meloidogyne acronea Coetzee, Meloidogyne minor Karsen, Meloidogyne mayaguensis Rammah & Hirschmann. Cette dernière espèce, de découverte plutôt récente, a été décrite sur le continent américain et en Afrique.
Certains isolats sont capables de surmonter la résistance conférée chez la tomate et certains porte-greffes par le gène « Mi » (notamment chez M. incognita, M. arenaria et M. javanica). On observe de plus en plus cette situation en France sur aubergine greffée, notamment dans le sud-est, et le sud-ouest.
Extrêmement polyphages et attaquent de très nombreuses plantes, cultivées ou non (plus de 5500 plantes), sur lesquelles ils assurent leur multiplication et leur conservation (poivron, aubergine, tomate, laitue, melon, concombre, courgette, carotte, céleri, haricot, patate douce, bananier, etc.).
Leurs dégâts sont parfois amplifiés par les attaques simultanées de Rhizobium radiobacter.
Observé aussi bien en plein champ que sous abris.
Organes attaqués: racines.
Symptômes :
Galles blanches brunissant progressivement, leurs tailles peut varier en fonction des espèces de Meloidogyne.
Renflements plus ou moins tortueux et étendus le long des racines.
Chlorose des feuilles et flétrissement foliaires survenant aux heures les plus chaudes de la journée.
Dessèchements foliaires et de plantes.
Réduction du développement des plantes et de la taille des fruits.
Signes: femelles matures mises en évidence en réalisant une coupe transversale dans les galles.
Confusions possibles : symptômes racinaires plutôt spécifiques, se méfier des tumeurs occasionnées par Rhizobium radiobacter.
Biologie
Conservation : se maintenant plusieurs années dans le sol sous la forme de masses d'oeufs protégées par une gangue mucilagineuse, mais aussi grâce à de très nombreuses plantes hôtes cultivées ou non qui assurent plus ou moins leur multiplication et leur conservation.
Parasitisme : Les larves pénètrent les racines et migrent vers les vaisseaux à travers le cortex, entre les cellules. Induisent des galles entourant de volumineuses femelles piriformes qui produisent de nombreux oeufs (de 300 à 3000, entre 400 et 500 en moyenne).
Dissémination : passive des oeufs et des larves par l'eau de ruissellement, de drainage et d'irrigation. Les larves se déplacent activement sur de courtes distances dans les sols humides. Des disséminations sont possibles via des poussières de sol, des plants contaminés, les outils aratoires et les engins agricoles.
Conditions favorables : actifs dans les sols chauds et humides, leur activité semble fortement réduite, voire bloquée au-dessous de 5°C et au-dessus de 38°C. La densité d'inoculum du sol, l'influence de divers stress pour les plantes (sol compacté ou peu humide, déficience nutritionnelle, attaques de divers bioagresseurs) influencent aussi les attaques des nématodes et la sévérité de leurs dégâts
Désinfecter le sol par solarisation ou biodésinfection.
L'immersion des parcelles infestées durant plusieurs mois contribuerait à réduire les niveaux de population du sol.
Enfouir dans le sol juste avant plantation certains composts ou engrais verts (pulpe de café, tourteaux à base d’Azadirachta indica, Chrysanthemum coronarium, Ricinus communis, Sorghum sudanense, etc.).
Travailler superficiellement le sol durant la saison sèche afin d'exposer les nématodes aux effets du soleil.
Nettoyer soigneusement les outils et le matériel servant au travail du sol des parcelles contaminées avant leur emploi dans des parcelles saines. Un rinçage soigneux à l’eau suffit souvent.
Des plantes pièges et/ou nématicides (Tagetes spp.), des micro-organismes prédateurs, parasites, nématicides, des extraits de plantes modifieraient le développement des nématodes et pourraient être usités pour les combattre.
Employer des porte-greffes résistants s'il en existe (essentiellement chez les Solanacées). N'oubliez pas que des pertes d'efficacité des porte-greffes résistants sont maintenant observées du fait de leur monocultures dans certaines serres notamment.
Repiquer dans des mottes plus volumineuses cela permettra notamment de retarder les infestations.
Contrôler la qualité sanitaire des plants, éviter d'en planter des contaminés.
Eliminer les mauvaises herbes au fur et à mesure en travaillant superficiellement le sol à intervalles réguliers.
Bassiner les plantes aux périodes les plus chaudes de la journée afin de prévenir, voire réduire, les flétrissements.
Butter les plantes afin de favoriser le développement de racines adventives.
Eliminer au maximum les systèmes racinaires des plantes attaquées et les détruire afin d’éviter d’enrichir le sol en nématodes. Sinon, les racines seront mises à l’air libre afin qu’elles subissent les effets du soleil.
Le compostage ne permet pas d'éliminer totalement les nématodes des débris végétaux.
Quelques produits nématicidespeuvent être utilisés à l'égard des nématodes (consulter le site de l'ANSES e-phy).