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Sources de résistance

Chez la tomate, la lutte génétique repose sur l'exploitation de résistances généralement monogéniques dominantes provenant d'espèces sauvages affines de l'espèce cultivée. C'est l'une des espèces modèles pour l'utilisation de résistances monogéniques dans les variétés cultivées.

Les deux espèces sauvages qui ont jusqu'ici apporté le plus de gènes de résistance dans les variétés cultivées sont Solanum pimpinellifolium (ex Lycopersicon pimpinellifolium) et S. peruvianum (ex L. peruvianum). En prenant la tomate comme parent femelle, les croisements avec S. pimpinellifolium sont réalisés facilement. En revanche, les croisements avec S. peruvianum sont délicats et nécessitent de recourir à des techniques particulières comme le sauvetage d'embryons in vitro. Il en est de même avec l'espèce S. chilense (ex L. chilense), très voisine de S. peruvianum, et qui est à l'origine de récents travaux sur la résistance à plusieurs Begomovirus. L'hybridation de chacune de ces deux espèces avec la tomate produit des embryons qui avortent dans les graines bien avant la maturation des fruits. Il faut donc recourir à leur extraction à l'état immature, c'est-à-dire 30 à 34 jours après l'hybridation, sans attendre les 55-60 jours nécessaires à la maturation des fruits de la tomate prise comme femelle. Les embryons sont cultivés in vitro sur milieu nutritif jusqu'à l'obtention de plantules. Une autre technique consiste à polliniser la tomate avec un mélange du pollen de la tomate avec du pollen de l'espèce sauvage. Cette pollinisation produit de nombreuses graines parmi lesquelles figurent quelques hybrides interspécifiques. Les hybrides F1 obtenus sont presque autostériles. Pour progresser vers le type tomate cultivée, les sélectionneurs doivent réaliser plusieurs générations de recroisements par la tomate. Le premier recroisement nécessite d'utiliser une des techniques employée pour l'obtention des plantes F1. Les recroisements suivants s'effectuent sans difficultés.

Une autre espèce sauvage, S. habrochaites (ex L. hirsutum), a apporté des résistances à la tomate cultivée sans grande difficulté d'hybridation. Son rôle est devenu très important comme parent mâle des hybrides F1 utilisés comme porte-greffes, tant de la tomate que de l'aubergine. Ces hybrides sont réalisés en croisant une variété de tomate, porteuse de gènes dominants de résistance à plusieurs maladies notamment d'origine tellurique (« Ve », « I », « I-2 », « Fr », « Tm-22 » et « Mi ») avec un écotype de S. habrochaites, apportant de la vigueur et des résistances dominantes, dont une à la maladie des racines liégeuses (corky root) et l'autre à Didymella lycopersici.

À ces résistances, il convient d'ajouter la résistance à Alternaria alternata f. sp. lycopersici contrôlée par le gène « Asc » présent dans la quasi-totalité des variétés cultivées, anciennes ou récentes.

Des programmes de sélection utilisant d'autres résistances venant des espèces citées arriveront prochainement à leur terme. Des recherches de résistances exploitables sont conduites dans d'autres espèces de Lycopersicon, ainsi que dans des espèces éloignées appartenant au genre Solanum. Quatre espèces appartenant à ce dernier genre (S. lycopersicoides, S. juglandifolium, S. ochranthum et S. sitiens), regroupées dans la série « juglandifolia », présentent de fortes analogies morphologiques et chromosomiques avec des espèces du genre Lycopersicon. Ainsi, des hybrides F1 sont aisément obtenus avec S. lycopersicoides, espèce intéressante pour sa tolérance au froid et ses résistances au Cucumber mosaic virus (CMV), à Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis et à Botrytis cinerea. Des problèmes de stérilité et d'incompatibilité rendent toutefois difficiles les processus de rétrocroisement.

Dernière modification : 13/06/2013
  • Auteur :
  • H Laterrot (INRA)