Méthodes de protection
- En cours de culture
Il n'existe pas de méthode de protection curative permettant de contrôler efficacement le virus des feuilles jaunes en cuillère de la tomate (Tomato yellow leaf curl virus, TYLCV) en cours de culture. Généralement, une plante infectée le restera toute sa vie. En cas d'apparition de symptômes suspects dans une culture, nous vous conseillons de faire examiner quelques plantes malades par un laboratoire spécialisé qui réalisera des tests (Elisa, PCR) afin de confirmer votre diagnostic.
Si le nombre de plantes malades dans la culture est limité, nous vous conseillons de les éliminer rapidement. Il convient aussi de maîtriser les populations d'aleurodes et donc de réaliser des traitements insecticides* (e-Phy). Même s'ils ne sont pas toujours très efficaces, ils peuvent limiter quelque peu le développement de cette virose.
Si vous menez votre production sous abri, nous vous conseillons de rendre rapidement ce dernier étanche aux insectes. Pour cela, vous pouvez obstruer les ouvertures avec des filets insect-proof, des voiles non tissés du type P17 par exemple.
En fin de culture, les plantes malades seront éliminées rapidement et non pas laissées sur place comme on peut le voir dans certaines serres. Cette mesure évitera que les aleurodes vecteurs ne s'y multiplient et représentent un danger pour les pépinières ou les cultures à venir.
Il sera aussi judicieux de réaliser un vide sanitaire de quelques semaines sous abri. Si vous ne disposez pas de ce laps de temps, l'arrachage des tomates sera précédé de traitements insecticides afin de réduire les populations de ravageurs.
- Culture suivante
Rappelons que le TYLCV, comme tous les Begomovirus transmis par Bemisia tabaci, fait l'objet de dispositions réglementaires européennes (directive 92/103/CEE du 1er décembre 1992, arrêté du 2 septembre 1993). Celles-ci stipulent notamment que tous les plants de tomate vendus aux producteurs et originaires de zones reconnues contaminées par le TYLCV doivent être accompagnés d'un passeport phytosanitaire.
Si vous achetez vos plants, nous vous conseillons d'en contrôler la qualité. Il conviendra aussi de détruire tout plant suspect. En effet, l'introduction de plants de tomate infectés par le TYLCV représente un risque important, en particulier dans les zones de production, voire dans les pays où le virus n'est pas encore présent. Le contrôle devra concerner aussi bien l'aspect des plants que de la présence d'aleurodes potentiellement vectrices. Bemisia tabaci parasitant de nombreuses espèces légumières et ornementales, la vigilance s'impose lors de l'introduction de ces dernières dans une exploitation.
Dans les pays où les contaminations sont très précoces, les pépinières et les jeunes plants seront protégés, y compris lors de leur transport et de leur stockage avant plantation, grâce par exemple à des agro-textiles (voiles non tissés, tissus mailles : la barrière mécanique ainsi créée retardera les contaminations. Les ouvrants et les entrées des abris seront rendus insect-proof. Les systèmes à double porte avec ventilation assurant une surpression seront à ce titre préférables. Des traitements insecticides préventifs* seront réalisés (e-Phy), et on pourra avoir recours à la lutte biologique. Ajoutons qu'il sera souhaitable que les pépinières soient situées loin des zones de production.
Des panneaux jaunes englués placés dans les abris et vérifiés chaque semaine renseigneront sur la pression d'infestation potentielle, sous réserve que des plantes réservoirs à virus se trouvent à proximité.
Un désherbage soigneux des pépinières, des parcelles et de leurs abords (bordures des haies et des chemins) sera réalisé afin d'éliminer les plantes sources de virus et/ou de vecteurs. On proscrira la mise en place d'une pépinière ou d'une culture de tomate à proximité de productions de tomate déjà affectées par le TYLCV. Dans la mesure du possible, la mise en place des cultures de tomate se fera à un moment durant lequel les populations d'aleurodes sont faibles. Les premières plantes malades seront éliminées rapidement.
Des résistances au TYLCV, certainement polygéniques, ont été mises en évidence chez plusieurs accessions d'espèces sauvages voisines de la tomate. Elles sont travaillées depuis une dizaine d'années par les sélectionneurs. Ainsi des tolérances ont été observées et introduites dans la tomate à partir de plusieurs espèces de Lycopersicon, notamment L. pimpinellifolium, L. hirsutum, L. peruvianum, L. chilense.
D'autres résistances à Bemisia tabaci ont été recherchées chez plusieurs espèces de Lycopersicon. Diverses accessions s'avèrent intéressantes, en raison notamment de la densité des trichomes glandulaires et de divers exsudats qui interfèrent avec les aleurodes avant qu'elles n'aient transmis le virus, en gênant par exemple l'oviposition. D'autre part, l'acquisition et la transmission du TYLCV par Bemisia tabaci seraient alors réduites.
Des hybrides F1 tolérants au TYLCV sont depuis peu commercialisés. L'origine de leur résistance partielle n'est pas précisée, et on ne peut garantir qu'elle soit efficace envers les différents Begomovirus décrits. Le choix est encore restreint pour les cultures sous abri, mais il devrait s'élargir rapidement. Pour de nombreuses régions tropicales, les sélectionneurs tentent d'associer la résistance au TYLCV à celle au flétrissement bactérien. En zones plus tempérées, plusieurs variétés résistantes sont maintenant disponibles.
* Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.