Principaux symptômes
Le mildiou peut s'attaquer à tous les organes aériens de la tomate. Il se caractérise par le développement de taches d'abord humides, voire de plages, sur les folioles (figures 1 et 2). Ces atteintes confèrent localement aux tissus touchés une teinte vert pâle à vert brun. Des portions importantes du limbe finissent par être affectées et ne tardent pas à brunir et se nécroser (figures 3 et 4). Ces taches sont fréquemment entourées d'une marge de tissus livide, mal définie, sur laquelle se forme parfois, à la face inférieure du limbe, un discret et fugace duvet blanc constitué par les sporocystophores et les sporocystes de P. infestans (figures 5 et 6). Lorsque les conditions sont particulièrement favorables, la progression des symptômes sur les folioles est fulgurante. Des feuilles, des rameaux, voire des plantes, finissent par se nécroser et se dessécher entièrement (figure 7).
Des lésions chancreuses plus ou moins étendues, brunes, au contour irrégulier, sont visibles sur les tiges (figure 8) et les pétioles (figure 9). Elles les ceinturent souvent plus ou moins. Des brunissements comparables peuvent être observés sur les bouquets floraux ; ils sont à l'origine de la chute de nombreuses fleurs.
Les fruits atteints à un stade précoce présentent des marbrures brunes très caractéristiques (figures 10 à 13). Ils sont souvent bosselés. Dans ce cas, l'extension des marbrures est plutôt lente et leur marge irrégulière. Si les attaques surviennent plus tardivement, les plages marbrées sont plus homogènes et souvent réparties en cercles concentriques festonnés. Elles peuvent prêter à confusion avec celles occasionnées par d'autres Phytophthora, en particulier P. nicotianae.
Le même duvet blanchâtre que celui observé sur les folioles est de temps à autre visible à la surface des fruits (figure 14). Ces derniers restent relativement fermes quelle que soit la précocité de l'attaque. Dans certains cas, des micro-organismes secondaires peuvent envahir les tissus lésés et entraîner diverses pourritures plutôt molles. Signalons que certaines semences issues de fruits malades seraient à l'origine de la contamination de futures plantules.
Rappelons que les plantes malades sont réparties en foyers dans les parcelles ; ceux-ci peuvent s'accroître rapidement si les conditions climatiques sont clémentes.
1. L'analyse des loci mitochondriaux et nucléaires de P. infestans permet d'étayer l'hypothèse que ce chromiste aurait pour aire d'origine l'Amérique du Sud. Une population ancestrale aurait divergé en plusieurs lignées dans les Andes sud-américaines en association avec divers Solanum. Deux de ces lignées divergentes auraient donné lieu aux haplotypes de P. infestans existants capables d'infecter la pomme de terre, la tomate et quelques espèces sauvages de Solanum.
2. Il existe environ 800 espèces saprophites ou parasites d'Oomycètes. Ces derniers ont longtemps été classés dans les Phycomycètes ou « champignons inférieurs » (Eumycètes). Cette classification a été remise en cause il y a quelques années car leur ultrastructure, leur biochimie et leurs séquences moléculaires indiquaient qu'ils appartenaient aux Chromistes, incluant surtout des algues (vertes et brunes), des diatomées. Une polémique semble subsister autour de leur classification. De nombreux auteurs les associeraient au règne des Chromista et au phylum Heterokonta, d'autres les placeraient dans le règne des Stramenipila.
3. Plusieurs autres souches ont été isolées aux États-Unis, notamment au cours des dernières décennies :
- la lignée clonale US-6, infectant à la fois la tomate et la pomme de terre (en 1979) ;
- deux lignées clonales identifiées en 1992 aux États-Unis et au Canada, US-7 et US-8, toutes les deux de type sexuel A2, résistantes au métalaxyl et pathogènes aussi sur les deux Solanacées ;
- un récent isolat US-17, de type sexuel A1, faisant preuve d'une agressivité élevée sur tomate comparable à celle à US-8, et résistant au métalaxyl.