Le mildiou de la pomme de terre
Le mildiou est une maladie de la pomme de terre, mais aussi de la tomate, particulièrement grave et destructrice dans les régions à climat tempéré. En cas d’épidémies fulgurantes et sans contrôle, les cultures peuvent être rapidement dévastées en totalité, en particulier dans le cas de variétés sensibles ou très sensibles.
Cette maladie est due à un micro-organisme parasite appelé Phytophthora infestans. Il s’agit d’un microbe apparenté aux algues, ce qui explique la nécessité de présence d’eau (eau libre ou humidité saturante) pour permettre l’infection des plantes.
Symptômes
La maladie se manifeste par des taches brunes sur les différents organes de la plante :
- Feuilles: photos 1 à 6 ; Apex : photo 7
- Tiges: photos 8 et 9
- Tubercules: photos 10 à 12
Sur la face inférieure des folioles et sur tiges, la maladie s'exprime par un feutrage blanc ou grisâtre, en particulier en conditions de forte humidité (photos 1, 2 et 3). Ce feutrage correspond aux spores du parasite ; elles assurent la multiplication du parasite, et sont responsables de sa dissémination avec l’aide du vent et de la pluie (autres organes de la même plante, plantes voisines) et de la propagation de l’épidémie à d’autres parcelles dans la région.
Ces taches évoluent rapidement au niveau de l'organe atteint et s'étendent aux autres organes de la plante (photos 4, 5, 6 et 7). Lorsque les conditions sont particulièrement favorables, la progression des symptômes sur les folioles et les tiges est fulgurante. Feuilles et tiges se nécrosent et se dessèchent entièrement, entraînant la mort de la plante.
Sur tubercules, la maladie provoque des lésions irrégulières, violacées à brunes à l’extérieur, d’une couleur rouille à l’intérieur, qui les rendent impropres à la consommation ou à la commercialisation (photos 10, 11 et 12). Ces attaques sont par ailleurs souvent suivies de pourritures dues à d’autres parasites, bactéries ou champignons, et peuvent se propager au sein des tas durant la conservation.
Conditions favorables
L’installation et l’évolution de la maladie sont très largement déterminées par les conditions climatiques, notamment l’humidité et la température.
Les premiers symptômes apparaissent généralement quelques jours après une période de pluie ou de forte humidité, et se développent à des températures modérées. Ils peuvent survenir à tous les stades de la culture, y compris dès la levée des plantes. Les conditions optimales de croissance et de production de spores du parasite se situent vers 16 à 22°C, mais il peut se développer à des températures plus basses. Des nuits fraiches et des journées modérément chaudes favorisent son extension. Il est fortement ralenti ou totalement inhibé quand la température dépasse durablement 25 °C.
Environnement favorable
Les premières infections peuvent provenir de repousses (photos 13 à 15), de résidus de cultures antérieures (tas de déchets) (photo 16), voire de plants contaminés, qui constituent autant de sources de contaminations initiales (inoculum primaire). Il est essentiel de repérer ces premières contaminations dès leur apparition, car le développement de la maladie et sa propagation de plante à plante est souvent très rapide, une fois les premières infections survenues.
Les premiers symptômes peuvent se rencontrer dès la levée des plantes, mais aussi tout au long de la saison. Les premières attaques concernent souvent des plantes situées dans les parties des cultures où l’humidité persiste le plus longtemps (bords de haies, mouillères) et dans les parties les plus humides des couverts (base des plantes, aisselle des feuilles). Elles s’étendent alors rapidement aux étages supérieurs des plantes, puis aux plantes voisines pour former des foyers bien repérables… mais il est alors bien tard pour intervenir !