En 2012, l’Union Européenne lança le projet européen de recherche et développement PalmProtect (http://www.palmprotect.eu) réunissant 12 organismes de recherche de 8 pays et une PME. Ce programme avait pour but de consolider rapidement les dernières avancées, d’éclaircir les points à controverse, et de permettre l’évaluation de possibilités additionnelles pour apporter des recommandations fiables, basées sur l’expertise collective, pour toute l’Europe. Les méthodes développées devaient être fiables en vue d’être utilisées par les organismes de protection des plantes, les services d’inspection, les producteurs et les acheteurs de palmiers pour une détection précoce et un contrôle efficace des 2 ravageurs.

 

Quatre principaux axes de travail étaient prévus : biologie, détection et surveillance, lutte, partage des résultats. Dans ce contexte, l’objectif de l’UEFM INRA PACA était de trouver des parasitoïdes oophages capables de pondre dans les œufs du papillon.

 

L’équipe UEFM s’est prioritairement intéressés aux trichogrammes en tant que parasitoïdes d’un large spectre d’hôte, variant pour chaque souche selon les pays et les climats, et laissant ainsi espérer un parasitisme possible des œufs du papillon palmivore. Une autre raison est leur fréquente présence en France et leur utilisation comme agents de contrôle biologique de diverses espèces de papillons-hôte ravageurs de différentes cultures. Neuf souches de Trichogramma sp. ont été présélectionnées selon les critères suivants : indigènes, thélytoques, écosystèmes similaires, stockage au froid possible. Ces souches ont été élevées sur l’hôte de substitution Ephestia kuehnielle Zeller (Lepidoptera : Pyralidae), sont testées sur des œufs de P. archon selon 4 ratios (1, 5, 10, 15 femelles trichogramme pour 1 œuf) pendant 48h sur des œufs isolés en tube, en conditions contrôlées (25°C, 75%HR, 16L : 8D). Les taux d’avortement et de parasitisme des œufs ont été déterminés pour chaque souche testée en laboratoire. L’efficacité des trichogrammes (avortement + parasitisme) a été estimée et comparés au taux d’avortement naturel (41%).

 

Les 5 meilleures souches ont été élevées sur un hôte pondant de plus gros œufs, Philosamia ricini Danovan (Lepidoptera : Saturniidae) afin d’avoir des trichogrammes de plus grande taille normalement plus efficaces. On a obtenu des individus 1.3 fois plus grands mais possédant une efficacité identique donc la piste n’a finalement pas été retenue. Les tests d’efficacité ont ensuite été poursuivis sur des palmiers infestés en laboratoire puis sur le terrain permettant ainsi d’évaluer la capacité de dispersion des trichogrammes et leur résistance à des conditions climatiques variables en vue de retenir la souche la plus robuste et la plus efficace.

 

Les trichogrammes sont une solution prometteuse pour développer une lutte biologique contre le ravageur du palmier Paysandisia archon. Les souches testées en laboratoire ont augmenté le taux d’avortement des oeufs de manière significative. Certaines souches ont également parasité des oeufs (présence d’embryons à l’intérieur). Les « screening » en tubes ont été efficaces pour sélectionner les espèces d’intérêt dans la lutte contre le ravageur. Ils ont notamment montré qu’une femelle trichogramme à elle seule peut tuer son hôte.

 

Globalement, nous avons obtenu jusqu’à 100% d’efficacité pour une des souches testées en tube et jusqu’à 87% pour une des souches testées en conditions semi-naturelles. 5 souches ont montré du parasitisme en tubes et 2 en mésocosme. Sur des palmiers en pot, les parasitoïdes ont réussi à localiser et parasiter des oeufs hôtes. L’absence de différence de taux d’efficacité globale entre les différentes positions des oeufs montre que les trichogrammes sont capables d’exploiter activement la totalité de la surface infestée sur le terrain. Les lâchers de Trichogrammes sont donc envisageables in situ. Les premières répétitions ont déjà montré que la méthodologie mise au point est exploitable.

Dernière modification : 23/01/2018