Mise en œuvre de la technique
- Mode d’action « 3 en 1 » : la première action de cette technique est l’effet d’allélopathie (substances chimiques libérées par les racines du couvert) qui entraîne des changements dans les structures des populations de micro-organismes de la rhizosphère et l’alternance plante hôte et non hôte dans la succession culturale. La seconde action est la biofumigation au sens strict, c’est-à-dire la libération de composés toxiques lors de la décomposition du couvert. La troisième action est l’arrière-effet dû aux résidus qui permet de modifier la dynamique des micro-organismes du sol. Ces trois modes d’action entraînent une modification de la réceptivité des sols aux bio-agresseurs telluriques.
- Choix de l’espèce : plusieurs espèces sont possibles parmi les Brassicacées, les Alliacées et les Poacées. Dans tous les cas, il faut choisir les variétés ayant les plus fortes teneurs en composés toxiques vis-à-vis des bio-agresseurs ciblés. Pour la suite de la description de la mise en œuvre, nous choisirons l’exemple de la moutarde brune Brassica juncea.
- Préparation du sol et semis : la préparation du sol doit être la même que pour une culture principale. Le semis doit être le plus soigné possible et la dose de semis doit être comprise entre 8 et 10 kg/ha. Sous abri et en conditions séchantes, l’irrigation est conseillée afin de faciliter la levée.
- En cours de culture : la fertilisation, l’irrigation et la protection des plantes peuvent être nécessaires. En effet, le recours à ces techniques culturales dépend des conditions pédoclimatiques et des objectifs de l’agriculteur. Pour une bonne efficacité de la technique, une production d’au moins 50 tonnes de matière fraîche par hectare est recherchée.
- Broyage et incorporation du couvert : le stade optimal pour broyer la moutarde est la floraison. En effet, à ce stade, la teneur en glucosinolates (composés toxiques) dans les tiges et les feuilles est maximale ; elle décroît par la suite. Le broyage doit être le plus fin possible afin de faire éclater un maximum de cellules. Tous les outils sont possibles, mais le girobroyeur à marteau assure un meilleur broyage. Immédiatement après le broyage, les résidus doivent être incorporés dans le sol, à l’aide d’une fraise, d’un rotavator ou d’une rotobêche, à une profondeur comprise entre 15 et 20 cm. Le sol doit ensuite être rappuyé. L’enfouissement peut être suivi d’un paillage maintenant l’humidité indispensable au déroulement de la biofumigation et limitant la volatilisation des composés toxiques. Dans l’idéal, la température du sol doit être supérieure à 10 °C pour permettre la transformation des glucosinolates. La culture suivante peut être plantée ou semée une semaine après l’incorporation, mais un délai de 3 semaines à 1 mois est préférable pour éviter les risques de faim d’azote (avec les Poacées notamment) ou de phytotoxicité.