Candidatus Phytoplasma solani (Stolbur)
Depuis de nombreuses années maintenant, les planteurs de tabac de différentes régions de production constatent dans leurs parcelles de tabac des jaunissements de feuilles survenant souvent à partir des mois de juillet et août. Dans un premier temps, ces jaunissements ont été attribués à un éventuel désordre nutritionnel qui a vite été infirmé. En effet, les aberrations morphologiques observées au niveau des bourgeons permettent d'incriminer un phytoplasme (ex mycoplasme ou MLO pour mycoplasma like organism). La réalisation de greffes d'apex de plantes malades sur des porte-greffes sains, l'utilisation en immunofluorescence d'anticorps monoclonaux spécifiques, et maintenant l'utilisation de méthodes de biologie moléculaire (PCR) permettent de confirmer la présence d'un des phytoplasmes responsables du stolbur des solanacées, en l'occurence en France Candidatus phytoplasma solani.
La maladie se traduit par l'apparition de jaunissements d'abord internervaires survenant le plus souvent sur les vieilles feuilles ou les feuilles intermédiaires et gagnant progressivement l'ensemble de la plante (figures 1 à 3). Dans le cas des tabacs bruns, des nécroses nervaires et internervaires accompagnent parfois une légère chlorose du limbe (figure 4) ; le syndrome observé peut être confondu avec celui provoqué par certaines souches nécrotiques du virus Y de la pomme de terre (PVY, voir la fiche Virus Y de la pomme de terre).
Si les plantes sont infectées précocément par le phytoplasme, et tout particulièrement les tabacs bruns, la décoloration est telle que le limbe devient totalement blanc. Ce symptôme est peut-être à l'origine de ce que les anciens tabaculteurs observaient parfois et dénommaient les "pieds blancs" ou "tabacs blancs". Cette maladie, qui sévissait notamment sur la variété Nijkerk dans le Lot, présente de nombreuses caractéristiques communes avec le Stolbur :
- jaunissement puis blanchiment des feuilles s'initiant au moment ou après l'écimage ;
- plantes malades isolées dans la parcelle ;
- stérilité des pièces florales lorsqu'elles sont présentes, et en particulier hypertrophie des ovaires ;
- mauvaise qualité des feuilles qui sèchent mal et ont tendance à moisir plus facilement.
Il n'est pas invraisemblable de penser que cette maladie, attribuée à une époque à des plantes disposant d'un système racinaire limité et subissant de brusques changements climatiques, soit en fait due au Stolbur.
Cette anomalie de coloration n'est certainement pas le symptôme le plus caractéristique de la maladie, et il a pu être à l'origine de nombreuses confusions avec ceux occasionnés par des désordres nutritionnels.
C'est sur les bourgeons qui n'ont pas été inhibés que l'on observe les symptômes les plus typiques. Les jeunes pousses présentent une croissance réduite, des entre-noeuds beaucoup plus courts, des feuilles chlorotiques de taille réduite dont l'extrémité a tendance à s'incurver vers le bas (figure 5). Sur certaines plantes, la prolifération de nombreux rameaux courts et rigides au niveau de l'apex lui confère l'aspect d'une touffe (figure 6). Pour d'autres types de symptômes, vous pouvez aussi consulter ce lien (Symptômes de feuilles de taille ou de formes anormales). Pour des informations complètes concernant cette maladie, nous vous invitons à consulter la fiche Stolbur des solanacées.
Signalons que les feuilles récoltées sont de piètre qualité. En plus de moisir plus facilement en cours de séchage, leurs tissus sont cartonneux et mal colorés (consultez la rubrique concernant les Généralités sur les maladies au séchoir).