Parlons et écrivons juste : l’intérêt d’une nomenclature universelle

Le "Grand Livre" de la connaissance des insectes s’enrichit chaque jour de quelques centaines de pages et plus de 3.200.000 travaux ont été publiés sur ces arthropodes, depuis le début du 18ème siècle. Il convient donc, pour désigner les espèces, d'avoir un langage universel aussi précis que possible tenant compte aussi des avancées de la systématique. Les quelques lignes qui suivent informeront le lecteur des fondements de la nomenclature zoologique.


L'écriture des noms d'espèces :

L’attribution du nom des insectes doit répondre aux strictes exigences du Code International de Nomenclature Zoologique. Rappelons que l’unité de base de la classification est l’espèce. On la doit au célèbre entomologiste suédois Carl Linnaeus qui a établit que chaque espèce animale ou végétale est désignée par un binôme (dérivé du latin ou du grec) combinant le nom de genre suivi du nom de l’espèce (on l'appelle système linnéen). Ce binôme est complété par le nom (ou les noms) du descripteur (auteur, découvreur, inventeur) de l’espèce. Ainsi, le doryphore de la pomme de terre est scientifiquement désigné par le binôme complet ci dessous :

Leptinotarsa (groupe genre)
decemlineata (groupe espèce)
(Say, 1824) (auteur, descripteur, découvreur, inventeur)
Pour nommer scientifiquement le doryphore on écrira donc Leptinotarsa decemlineata (Say, 1824)

Le nom de chaque taxon est attaché de manière indissoluble à un "type nomenclatural" (holotype, paratype...), l'équivalent d’une référence ou d'un étalon maître en quelque sorte, qui est un (ou plusieurs) spécimens déposés dans une collection public (Museum) ou privée. Par convention, les noms de genres, d'espèces et de sous-espèces doivent être écrit en italique, les noms des auteurs en romain. Seuls les noms de Linnaeus (ou Linné) et Fabricius peuvent être abrégés, respectivement par les lettres L. et F., mais il est préférable de les écrire en entier.

Quand on fait référence à une espèce non déterminée (non identifiée) mais dont le genre est connu, il est d’usage d’utiliser les abréviations de sp. (singulier) ou spp. (pluriel), immédiatement à la suite du nom de genre. De même, « sous-espèce » est abrégé en ssp. (au singulier) et en sspp. au pluriel. Ces abréviations doivent, à l'inverse des noms de genres et d'espèces, êtres écrites en caractères romains.


L'usage des parenthèses dans les combinaisons changées :

Nota : les combinaisons inchangées ne portent pas de parenthèses

Si un nom du groupe espèce est combiné avec un nom du groupe genre autre que le nom générique d'origine, le nom de l'auteur du groupe espèce doit être placé entre parenthèses. Prenons comme exemple la mineuse américaine Liriomyza trifolii : cette espèce a été décrite par Burgess en 1880 sous le nom Oscinis trifolii, plus tard elle fut à juste titre placée dans le genre Liriomyza, ainsi le nom du descripteur de l'espèce sera placé entre parenthèse et l'écriture correcte du nom de cette mineuse est Liriomyza trifolii (Burgess, 1880).

Il arrive que le binôme ait changé de nom (une ou plusieurs fois), en particulier au niveau du groupe genre. Cela a été le cas pour des dizaines de milliers d’espèces d’insectes et nous prendrons comme exemple celui de la cochylis de la vigne (Eupoecilia ambiguella). Cette espèce a été originellement décrite sous le nom de Tortrix ambiguella par Hübner en 1796. A cette époque, la plupart des lépidoptères Tortricidae (et même ceux appartenant maintenant à d’autres familles) étaient décrit dans le genre Tortrix. Les recherches en systématique conduites par la suite ont montré que le genre Tortrix regroupait des espèces qui méritaient d’êtres transférées dans d’autres genres (existants ou nouveaux). C’est ainsi que Tortrix ambiguella Hübner, 1796 est devenue d’abord Clysia ambiguella Hübner, 1796 puis plus tard Eupoecilia ambiguella (Hübner, 1796) (genre actuel et nom actuel valide de l’espèce).

Comme nous l'avons mentionné plus haut et afin d'éviter des confusions possibles, dans tout document publié il est recommandé, ou impératif selon les cas, que le binôme genre/espèce soit suivi du nom du descripteur de l'espèce (on dit aussi : auteur, découvreur, inventeur) ; par ailleurs, selon la teneur du document ou figurera ce nom on le fera suivre (ou non) de la date de l'année de description. Rappelons qu'en règle générale les noms scientifiques de genre et d'espèces s'écrivent en italique. La première lettre du nom de genre portera toujours une majuscule alors que la première lettre du nom d'espèce s'écrira toujours en minuscule. Par ailleurs tous les noms scientifiques (depuis la sous espèce jusqu'à l'ordre et au delà) ne portent jamais d'accent de tréma ou autres sigles orthographiques.

Dernière modification : 29/01/2013
  • Auteur :
  • M Martinez (INRA)