Aleurodes
Deux aleurodes (whiteflies) plutôt polyphages sont dommageables en France sur melon : Trialeurodes vaporariorum (Westwood) et Bemisia tabaci (Gennadius). Cette dernière espèce est représentée (dans certaines populations) par un biotype-B particulièrement redoutable, connu aussi sous le nom de B. argentifolii (Bellows & Perring), qui se développe sur plus de 900 hôtes. Ces aleurodes appartiennent à l'ordre des Hémiptères et à la famille des Aleyrodidés. T. vaporariorum, appelé aussi « mouche blanche des serres », est originaire d'Amérique centrale et sévit depuis de nombreuses années en Europe, en particulier sous abris. B. tabaci, l'aleurode du tabac, décrit pour la première fois en Grèce, est émergent depuis quelques décennies dans plusieurs régions du monde (depuis 1988 en France). Il est devenu problématique partout pour au moins trois raisons :
- ses niveaux de population élevés sont responsables de dégâts importants ;
- ses potentialités de vection lui permettent de transmettre de nombreux et redoutables virus, plus de 111 ;
- la résistance de certaines de ses populations à un ou plusieurs insecticides remettent en cause l'efficacité de la lutte chimique.
- ses niveaux de population élevés sont responsables de dégâts importants ;
- ses potentialités de vection lui permettent de transmettre de nombreux et redoutables virus, plus de 111 ;
- la résistance de certaines de ses populations à un ou plusieurs insecticides remettent en cause l'efficacité de la lutte chimique.
- Nature des dégâts
Comme pour les pucerons, les nombreuses piqûres et succions alimentaires occasionnées par les aleurodes présents sur le feuillage (figure 1) provoquent un ralentissement du développement des plantes.
Du miellat est aussi produit en grande quantité ; il est colonisé par la suite par de la Fumagine couvrant la surface des organes aériens du melon et les souillant, notamment les fruits (figure 2) les rendant impropres à la commercialisation.
Du miellat est aussi produit en grande quantité ; il est colonisé par la suite par de la Fumagine couvrant la surface des organes aériens du melon et les souillant, notamment les fruits (figure 2) les rendant impropres à la commercialisation.
- Biologie
Ces 2 aleurodes ont 3 stades de développement qui se déroulent à la face inférieure des folioles de melon : oeuf, 4 stades larvaires, et adulte. La durée du cycle complet (figure 3) varie en fonction de la température. Elle fluctue pour T. vaporariorum de moins de 20 jours à 27°C à plus de 40 jours à 14°C (plus de 50 jours pour B. tabaci).
- Formes de conservation et/ou hôtes alternatifs : ces insectes n'ont pas de stade adapté à la phase hivernale. Ils ne se maintiennent que si leurs hôtes ne meurent pas. Notons que les oeufs peuvent subir des températures inférieures à 0°C durant plusieurs jours. Ces aleurodes se maintiennent aisément sur de nombreux hôtes cultivés, mais aussi sur diverses plantes adventices, qu'il conviendra donc d'éliminer soigneusement.
- Stades de développement : les oeufs (figure 2-1 et 2) (figures 4 et 5) sont surtout déposés à la face inférieure des folioles de l'apex. De couleur blanche, ils sont ovales et ont un diamètre de 0,25 mm. Dans les jours qui suivent la ponte, ils deviennent foncés. Entre 7 et 10 jours après, a lieu l'éclosion des larves (figures 2-3)(figures 6 et 7) ; celles-ci, ovales et plates, mesurent 0,3 mm et possèdent des antennes et des pattes bien développées. Perdant ces dernières par la suite, elles sont immobiles et se nourrissent avec leur rostre. Les larves de deuxième stade sont aplaties, transparentes et mesurent 0,37 mm. Les troisième et quatrième stades larvaires sont assez comparables (figure 2-4 et 5), avec toutefois des longueurs respectives de 0,51 et 0,73 mm. Au dernier stade larvaire, l'insecte secrète de la cire. C'est à l'apparition de ses yeux rouges qu'il est qualifié de puparium (figure 2-6) (figure 8). Par la suite, l'aleurode se développe et prend une teinte blanche. Les adultes (figure 4-7) (figures 9 et 10) ont 2 paires d'ailes, leur taille différente selon le sexe : 1,1 mm pour les femelles et 0,9 mm pour les mâles. Le corps et les ailes sont recouverts d'une poudre cireuse blanche caractéristique. De légers critères morphologiques (consultables dans le tableau ci-dessous) permettent de différencier les deux insectes. Les larves et les adultes, souvent présents à la face inférieure du limbe, se nourrissent grâce à leur rostre qui fait office de pompe aspirante. Le sucre en excès contenu dans la sève est rejeté sous la forme de miellat, surtout par les grosses larves.
Oeufs | Pupes | Adultes | |
T. vaporariorum | Noirs | Présence d'une couronne de fils de cire. Forme allongée. |
|
B. tabaci | Jaune vert | Absence d'une couronne de fils de cire. Partie antérieure effilée. |
Plus petit, plus jaune, avec des ailes plus accolées au corps. |
- Dispersion dans la culture : concentrés sur quelques plantes au départ d'une infestation, les adultes volent aisément dans la serre et se dispersent au fur et à mesure que la taille des plantes et les températures augmentent. La large diffusion des plants d'espèces horticoles notamment a largement contribué à la dissémination de B. tabaci dans le monde.
- Conditions favorables de développement : ces insectes apprécient les températures clémentes et les conditions estivales des abris. Leur durée de vie se situe entre 10 et 20 jours sur tomate ; bien sur, elle fluctue en fonction des températures. B. tabaci, qui ne survit pas à des températures inférieures à 0°C, a des exigences thermiques supérieures à celles de T. vaporariorum.
- Méthodes de protection
Plusieurs méthodes de protection sont préconisées pour contrôler le développement des aleurodes sur melon en France :
- traiter les plantes avant arrachage en présence de populations élevées de ravageurs ;
- contrôler la qualité sanitaire des plants avant et durant leur introduction dans l'abri ;
- produire les plants dans un abri insect-proof ;
- installer des toiles insect-proof aux ouvertures des abris ;
- désherber la serre et ses abords ;
- détecter les premiers ravageurs grâce aux panneaux jaunes englués posés au-dessus de la culture dès l'introduction des plants ;
- utiliser des auxiliaires tels que les insectes Encarsia formosa, Eretmocerus eremicus (ces deux insectes sont surtout efficaces sur Trialeurodes vaporariorum, Eretmocerus mundus (essentiellement efficace sur Bemisia tabaci) et Macrolophus caliginosus et les champignons Paecilomyces fumosoroseus et Verticillium lecanii (à noter que son efficacité peut varier d'une souche à l'autre) ;
- raisonner la protection chimique (r) (e-phy aleurodes, Trialeurodes vaporariorum et Bemisia tabaci)*, en particulier si vous utilisez des auxiliaires.
(r) : des résistances aux insecticides ou acaricides sont connues chez ces ravageurs.
- traiter les plantes avant arrachage en présence de populations élevées de ravageurs ;
- contrôler la qualité sanitaire des plants avant et durant leur introduction dans l'abri ;
- produire les plants dans un abri insect-proof ;
- installer des toiles insect-proof aux ouvertures des abris ;
- désherber la serre et ses abords ;
- détecter les premiers ravageurs grâce aux panneaux jaunes englués posés au-dessus de la culture dès l'introduction des plants ;
- utiliser des auxiliaires tels que les insectes Encarsia formosa, Eretmocerus eremicus (ces deux insectes sont surtout efficaces sur Trialeurodes vaporariorum, Eretmocerus mundus (essentiellement efficace sur Bemisia tabaci) et Macrolophus caliginosus et les champignons Paecilomyces fumosoroseus et Verticillium lecanii (à noter que son efficacité peut varier d'une souche à l'autre) ;
- raisonner la protection chimique (r) (e-phy aleurodes, Trialeurodes vaporariorum et Bemisia tabaci)*, en particulier si vous utilisez des auxiliaires.
(r) : des résistances aux insecticides ou acaricides sont connues chez ces ravageurs.
* Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l'agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.