Fusarium oxysporum f.sp. melongenae
Fusariose vasculaire
(Fusarium wilt)
Généralités
- Champignon pathogène tellurique de l’aubergine décrit pour la première fois au Japon, et retrouvé en abondance en Asie : Chine, Corée du Sud, Iran. Signalé en Europe, notamment en Italie, Espagne, Grèce, Pays Bas et Turquie. Il a récemment été observé dans le Sud-Est de la France (2017) et identifié en 2018. Des attaques importantes ont été rapportées à l'échelle d'un même site des bouches du Rhône sur des pieds francs d'aubergines. Son incidence est néanmoins minîme en France du fait de sa spécificité parasitaire, la majorité des plants d'aubergine étant greffés sur tomate, espèce non hôte de F. oxysporum f. sp. melongenae.
- Maladie vasculaire spécifique à l'aubergine pouvant être observée au champ et sous abris.
- Une fois présent dans une exploitation, le champignon s'y maintient durablement.
- Organes attaqués : vaisseaux, tiges, feuilles.
- Symptômes :
- Eclaircissement des nervures des feuilles basales (figure 1) et chlorose et jaunissement du limbe. Puis dessèchement progressif et chute des feuilles (figures 2 et 3).
- Brunissement superficiel et unilatéral plus ou moins discontinu de la tige (figure 4). Assez vite, une altération nécrotique chancreuse et brunâtre se développe sur plusieurs centimètres de long (figure 5).
- Brunissement des vaisseaux, d'une teinte plus sombre que dans le cas de la verticilliose (figure 6 et 7).
- Flétrissement d'abord partiel, puis dépérissement généralisé, déssechement et mort prématurée de la plante (figure 2). Pour certaines variétés, le dépérissement peut-être brutal. Perte de rendement.
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- Confusions possibles : Verticillium spp., Ralstonia solanacearum.
- Signes : en fin d'évolution :
- Coussinets cotonneux (sporodochies) (figures 8 et 9) se formant abondamment à la surfaces des tiges surtout, voire des feuilles. Ils sont plus ou moins colorés, crèmes à rosés, constitués de conidiophores regroupés, des phialides plus ou moins allongées produisant :
- Des microconidies hyalines ovales non cloisonnées (4,7-12,4 µm x 3,1-4,6 µm) regroupées en fausse tête (figures 12 et 13) ;
- Des macroconidies hyalines cloisonnées (3-5 cloisons) en forme de faucille de taille relativement variable (9,3-24,8 µm x 3,1-6,2 µm) (figure 12).
- Chlamydospores rondes (4,6-5,9 µm diamètre) solitaire et parfois par paires ou en courtes chaînes se formant à partir des racines dégradées (figure 12).
- Coussinets cotonneux (sporodochies) (figures 8 et 9) se formant abondamment à la surfaces des tiges surtout, voire des feuilles. Ils sont plus ou moins colorés, crèmes à rosés, constitués de conidiophores regroupés, des phialides plus ou moins allongées produisant :
Biologie
- Conservation : dans le sol sur les débris/résidus végétaux et la matière organique, sous forme de micro et macro conidies (à partir des feuilles et tiges décomposées) et sous forme de chlamydospores et mycélium (à partir des racines décomposées).
- Sources d'inoculum : essentiellement du sol contaminé, mais aussi par les plants contaminés.
- Infections : Les conidies (macro et micro) ainsi que les chlamydospores (figure 12) présentes dans le sol germent et infectent la plante au niveau des racines par l'intermédiaires de blessures (induites ou naturelles comme les zones d'émissions de racines). Ensuite, le mycélium (figures 10 et 11) colonise le système vasculaire et finit par obstruer totalement les vaisseaux et induire le flétrissement des feuilles basses, puis la mort de la plante.
- Dissémination : assurée sur de courtes distances par la dispersion des conidies présentes sur les plantes malades via l’eau et les outils de travail contaminés ; sur de longues distances, par le vent, des plants contaminés et du mouvement de sol infesté lors du travail ou du remembrement de parcelle.
- Conditions favorables : La fusariose est favorisée par des températures élevées (optimum 28°C). La maladie serait plus sévère si les plantes se développent sur des milieux pauvres en azote et en phosphore et riche en potassium et en ammoniaque. Enfin, elle serait également favorisée par des sols acides, sableux plutôt que des sols lourds à pH élevé.
Protection
- Réaliser des rotations culturales longues (au moins 4 ans) car les chlamydospores qui sont les spores de conservation du champignon sont capables de persister longtemps dans le sol.
- Utiliser des variétés résistantes d'aubergine* en franc de pied. Cette résistance est très fréquente chez les espèces d'aubergines africaines.
- Utiliser des porte-greffes :
- hybrides de tomate KNVF (résistances à Pyrenochaeta lycopersici, Meloidogyne spp., Verticillium dahliae et Fusarium oxysporum f. sp. lycopersici) qui sont non hôtes ;
- des variétés « sauvages » résistantes à la fusariose de l’aubergine : S. sisymbriifolium, S. torvum et S. aethiopicum g. aculeatum (également résistantes à Verticillium dahliae, Ralstonia solanacearum et Meloidogyne spp.) ;
- des hybrides interspecifiques (Solanum incanum x S. melongena et S. aethiopicum x S. melongena).
- Désinfecter les sols particulièrement contaminés. La méthode employée variera en fonction du pays et du type de culture : vapeur, fumigant, fongicides (e-phy), solarisation.
- Il peut être judicieux d’éliminer rapidement et soigneusement les premières plantes touchées en les glissant dans un sac plastique avant de les sortir de la culture.
- L’environnement de la serre et le matériel ayant été en contact avec des plantes malades devront être soigneusement désinfectés (eau de Javel, fumigants, divers produits).
- Retirer et détruire les débris végétaux pour limiter la persistance de l’inoculum dans le sol. Ils ne devront en aucun cas être enfouis.
* La résistance à la fusariose de l’aubergine est monogénique. Aujourd’hui, trois loci contrôlant la résistance à la fusariose ont été identifiés, deux sur le chromosome 2 de S. melongena (FM1 et Rfo-sa1, chacun avec deux formes alléliques) et un sur le chromosome 4. Jusqu'à présent, aucune souche de Fusarium oxysporum f sp. melongenae capable de contourner cette resistance n'a été détectée.