Didymella lycopersici

Chancres à Didymella

(Didymella stem canker and fruit rot)

 

Généralités

  • Champignon signalé dans de nombreux pays, notamment européens (Grande-Bretagne, Allemagne, France, Pays-Bas, Italie, Espagne, Norvège, etc.). Décrit également en Nouvelle-Zélande, en Inde, en Afrique, et notamment au Maroc, dans plusieurs pays américains (Mexique, Canada, États-Unis), en Asie.
  • Sévit sur cultures de Solanacées plutôt en plein champ que sous abris, en sol comme en hors-sol.
  • Champignon plutôt spécifique des organes aériens de la tomate, que l'on peut aussi observer beaucoup plus ponctuellement sur le couvert végétal de l'aubergine, voire du poivron et de la pomme de terre.
  • Ses attaques sont sporadiques et plutôt rares sur aubergine en France.
  • Une fois présent dans une exploitation, il s'y maintient durablement.
  • Organes attaqués : feuilles, fruits, tiges.
  • Symptômes :
    • Lésions chancreuses sur tiges, légèrement concaves, situées à différents niveaux de la tige : parfois à la surface du sol ou juste au-dessous (pied noir), en hauteur au niveau des blessures d'effeuillage et d'ébourgeonnage. Plutôt humides et brun sombre, l'épiderme et le cortex se décomposent progressivement et les tissus du xylème brunissent.
    • Ces chancres s'étendent et ceinturent progressivement la tige et/ou les pétioles, perturbant ainsi les courants de sève.
    • À terme, jaunissement, flétrissement et dessèchement des feuilles situées en aval des lésions. Lorsqu'un chancre a ceinturé le collet, la plante entière peut mourir.
    • Tâches sur feuilles d'abord brunes et humides se nécrosant progressivement. Des motifs bruns en arabesques plus ou moins concentriques sont parfois visibles sur les tissus lésés. Ces tâches sont souvent chlorotiques en périphérie.
    • Des altérations se développent aussi sur les fruits, souvent au niveau de la cicatrice pédonculaire ; celles-ci sont humides, noires, et évoluent assez rapidement. À terme, de larges taches présentant des anneaux concentriques couvrent les fruits. Ces derniers peuvent se momifier progressivement ou tomber. Les symptômes sur fruits apparaissent aussi durant leur conservation et leur commercialisation.
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  • Confusions possibles : cercosporiose.
  • Signes : minuscules structures globuleuses (distinguables à l'oeil nu mais plus aisément avec une loupe), plus ou moins brunes à noires, parsèment les tissus altérés. Deux types de conceptacles, brunâtres à noires, sont formés dans les tissus :
    • Des pycnides sous-épidermiques ostiolées de diamètre compris entre 180 et 250 µm sur hôte et entre 140 et 200 µm sur milieu de culture  (forme anamorphe du champignon) ; elles sont à l'origine de conidies incolores, majoritairement unicellulaires mais aussi bicellulaires (2-3 x 6-10 µm).
    • Des périthèces, matérialisant la forme téléomorphe, sont plus rarement formées dans la nature (diamètre compris entre 120 et 210 µm). Ceux-ci donnent naissance à des ascospores également hyalines et bicellulaires (5,5-6,5 x 16-18 µm). 

Biologie 

  • Conservation : dans le sol sur les débris végétaux et la matière organique. Sa survie est augmentée en présence d'humidité, de matière organique et de températures assez basses. Peut être retrouvé sur les semences, sous la forme de mycélium et de pycnides. Il pourrait se conserver sur divers solanacées (aubergine, pomme de terre, tomate, poivron, morelle noire).
  • Sources d'inoculum : présent dans l'environnement des plantes en serre et sur le matériel ayant été en contact avec des plantes malades (piquets, tuteurs, poterie, etc.).
  • Infections : Les pycniospores sont majoritairement à l'origine des contaminations primaires ; le rôle des périthèces et des ascospores semble beaucoup plus limité. Les premières contaminations ont lieu à la suite d'une période humide, directement à travers la cuticule, par l'intermédiaire des stomates ou via les blessures. Ce champignon envahit ensuite assez rapidement les tissus qu'il altère.
  • Dissémination : assurée essentiellement par les pycniospores à la suite d'éclaboussures survenant durant une pluie ou une irrigation par aspersion ; à un moindre degré les outils, les mains et les habits des ouvriers au cours des opérations culturales. Les ascospores, lorsque des périthèces se forment, sont disséminées par le vent. Les semences peuvent également contribuer à la pérennisation et à la dissémination de ce champignon.
  • Conditions favorablesL'humidité est le facteur qui influence le plus le développement de D. lycopersici. Les pluies, les rosées matinales prolongées, les aspersions favorisent la maladie. L'eau stagnante sur les feuilles stimule la germination des spores, la pénétration des filaments germinatifs, et ultérieurement la formation des fructifications. Ce champignon se développe à des températures comprises entre 13 et 29°C, l'optimum se situant aux alentours de 20°C. Il affectionne plutôt les vieilles plantes et celles ayant reçu des fumures azotées ou potassiques réduites. Sa croissance est sensiblement réduite à partir de 30°C. 

Protection

  • Réaliser des rotations culturales de plusieurs années. Il conviendra bien sûr d’éviter de faire alterner l'aubergine avec d’autres solanacées ou de laisser des adventices de cette famille botanique dans la parcelle ou son environnement, en particulier la morelle noire qui devra être détruite assez systématiquement.
  • Désinfecter les sols particulièrement contaminés. La méthode employée variera en fonction du pays et du type de culture : vapeur, fumigant, fongicides (e-phy), solarisation. Cette dernière méthode, usitée notamment en Sicile et au Maroc, semble particulièrement intéressante pour réduire fortement la quantité d’inoculum en surface du sol. 
  • L’environnement de la serre et le matériel ayant été en contact avec des plantes malades devront être soigneusement désinfectés (eau de Javel, fumigants, divers produits). Les piquets pourront être solarisés. Ils seront recouverts d’un film de polyéthylène transparent et exposés tels quels au rayonnement solaire en période estivale. Les températures élevées obtenues sous le film détruiront une forte proportion de l’inoculum résident, ce champignon étant éliminé à plus de 50°C.
  • Désinfecter soigneusement les pépinières affectées.
  • Utiliser des graines indemnes.
  • Ne pas planter dans des sols hydromorphes.
  • Choisir une densité de plantation assurant une bonne aération de la végétation, un bon ressuyage après les pluies ou les irrigations par aspersion.
  • Eviter tout stress aux plantes, et leur assurer une fumure équilibrée, notamment en azote.
  • Pailler le sol pour constituer une barrière mécanique réduisant les contaminations
  • Préférer l'irrigation au goutte à goutte plutôt que par aspersion. Si ce n'est pas possible, cette dernière sera accomplie à des moments de la journée permettant le séchage rapide de la végétation.
  • Notons que les porte-greffes issus de croisements interspécifiques avec Lycopersicon hirsutum sont résistants à D. lycopersici. Le greffage aura un intérêt si les attaques sont surtout localisées au collet.
  • Eliminer les débris végétaux, les sortir des parcelles et les détruire. Ils ne devront en aucun cas être enfouis dans le sol.
  • Lorsque les premières taches ou les premiers chancres observés affectent un nombre limité de plantes, il peut être judicieux d’éliminer rapidement et soigneusement ces dernières en les glissant dans un sac plastique avant de les sortir de la culture.
  • Si besoin, pulvériser des fongicides en tenant compte des usages autorisés (e-phy). Les applications seront effectuées tous les 7 à 10 jours, sur des plantes sèches, et devront être renouvelées à la suite de pluies importantes excédant 20 mm. Rappelons que des souches tolérantes à certains fongicides ont été signalées. Méfiance, alterner les familles de fongicides différentes.
  • Signalons que quelques tentatives de contrôle biologique de D. lycopersici par Trichoderma harzianum ont été réalisées avec plus ou moins de succès.
Dernière modification : 17/10/2021
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • J Gaudin (INRAE)
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