Botrytis cinerea

Moisissure grise

(grey mold)

 

Généralités 

  • Champignon, ubiquiste et très polyphage.
  • Observé sur aubergine dans pratiquement toutes ses zones de production dans le monde. Sévit en plein champ, mais surtout sous abris.
  • Variabilité biologique mal connue, des souches résistantes à plusieurs fongicides ont été signalées dans plusieurs pays.
  • Grande variabilité génétique au sein de l'espèce B. cinerea. Ce champignon serait en fait un complexe d'espèces.
  • Organes attaqués : feuilles, fruits et tiges.
  • Symptômes :
    • Attaques possibles en pépinières humides entrainant des fontes de semis, des chancres au collet ou sur tiges, etc.
    • Symptômes présents sur tous les organes aériens.
    • Taches foliaires plutôt circulaires et humides, puis de teinte beigeâtre à brun clair et laissant apparaître des arabesques concentriques.
    • Les tissus affectés se nécrosent rapidement et entraînent un dessèchement de secteurs importants du limbe.
    • Ayant envahi les pétioles, B. cinerea peut ainsi s'installer sur la tige.
    • Lésions chancreuses humides dans un premier temps, puis de teinte beigeâtre à brune, se desséchant en évoluant et ceinturant les tiges sur plusieurs centimètres.
    • Flétrissements de rameaux.
    • Brunissement des pétales sénescents permettant l'envahissement des fleurs.
    • Pourriture molle et humide apparaissant au niveau de la cicatrice pédonculaire des fruits, parfois à leur extrémité. Lésions plutôt circulaires à allongées, brun pâle à brunes ; bien souvent, les tissus finissent par s'effondrer. Pourriture sur fruits observable aussi bien en cours de culture qu'après récolte (durant le stockage, le transport et la commercialisation).
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  • Signes : dense moisissure grise très caractéristique, constituée des conidiophores et des conidies du champignon. Présence parfois de sclérotes noirs de 2 à 5 mm de diamètre, rarement visibles sur les lésions.

Biologie 

  • Conservation : peut se conserver sur les graines, dans le sol, sur les débris végétaux et la matière organique grâce à son mycélium, ses sclérotes plats et ses conidies. Polyphage, il peut coloniser plusieurs centaines de plantes cultivées ou d'adventices qui contribuent à sa conservation et constituent des sources potentielles d'inoculum, c'est le cas de la majorité des plantes maraîchères. Contaminations primaires souvent aériennes et assurées par des conidies transportées par le vent, elles germent en quelques heures en présence d'une humidité ambiante d'au moins 95 %.
  • Infection : pénètre dans les tissus grâce au tube germinatif des conidies soit directement à travers la cuticule, soit à partir de diverses blessures ; le mycélium détruisant les parois des cellules et leur contenu. Les infections ont lieu approximativement après une quinzaine d'heures. B. cinerea s'installe aussi sur tous les tissus sénescents, nécrosés et/ou morts comme les pétales, les sépales nécrosés, les vieilles folioles. Il lui arrive de coloniser des tissus déjà altérés par d'autres agents pathogènes ou par des ravageurs. Il se généralise rapidement aux tissus, qu'il fait pourrir en quelques jours grâce à l'hydrolyse des substances peptiques.
  • Sporulation : produit une moisissure grise sur tous ses hôtes comme sur les débris végétaux, celle-ci est constituée de mycélium et de nombreux conidiophores longs et ramifiés. À leurs extrémités naissent des conidies ovoïdes à sphériques qui assurent la dissémination de B. cinerea. La sporulation peut débuter 3 jours après les premières contaminations.
  • Dissémination : le vent et des courants d'air qui assurent la dispersion des conidies, à un moindre degré la pluie et les éclaboussures d'eau. Elle est aussi assurée par les ouvriers au cours des opérations culturales. Le mycélium est à l'origine de contaminations par contact de tissus malades à tissus sains. 
  • Conditions favorables à son développement : affectionne particulièrement les ambiances humides, une humidité relative avoisinant 95 % et des températures comprises entre 17 et 23°C (conditions retrouvées surtout sous abris, mais aussi en plein champ lors de périodes pluvieuses ou à la suite d'irrigations par aspersion). Les plantes étiolées ou trop poussantes sont particulièrement vulnérables. La qualité des films plastiques influencerait plus ou moins le développement de B. cinerea, ainsi que les agrotextiles parfois utilisés pour protéger les plantes des insectes qui entraînent une élévation de l'hygrométrie, aggravant les dégâts. En conditions favorables, la durée d'un cycle est assez courte, de l'ordre de 4 jours. 

Protection

  • Réaliser un vide sanitaire sous abris, remplacer le plastique couvrant éventuellement le sol.
  • Désinfecter les structures et les parois des abris avant la mise en place de la culture afin de détruire les spores de B. cinerea présentes.
  • Aérer au maximum les abris afin de diminuer l’hygrométrie ambiante et, en particulier, d’éviter la présence d’eau libre sur les plantes. En période de temps couvert et humide, aérer et chauffer les abris permet de mieux gérer l’hygrométrie.
  • Rappelons que les substrats organiques permettent d’obtenir des plantes plus végétatives et donc plus sensibles à la moisissure grise.
  • Le remplacement des nitrates par des chlorures permettait de réduire très significativement les dégâts de B. cinerea en culture hors sol sous abris. De plus, l’enrichissement en calcium des tissus de l'aubergine abaisserait fortement sa sensibilité à ce champignon.
  • En plein champ, un système d’irrigation localisé par goutte à goutte et préférable à l'aspersion. Bien préparer et drainer le sol des futures parcelles en plein champ afin d’éviter la formation de flaques d’eau propices aux attaques de B. cinerea sur les feuilles au contact du sol. Orienter les rangs de plantation dans le sens des vents dominants afin que le couvert végétal soit bien aéré. Eviter les densités de plantation trop importantes et de blesser les plantes.
  • Les rotations culturales sont décevantes pour controler B. cinerea.
  • Irriguer sous abris uniquement lorsque les plantes sont en mesure d’évaporer afin déviter d'obtenir des plantes plus végétatives, aux tissus gorgés d’eau et succulents, et donc plus sensibles à B. cinerea. En plein champ, les irrigations par aspersion réalisées plutôt en cours de matinée — et jamais le soir — permettront aux plantes de sécher le plus rapidement possible.
  • Eviter tout stress aux plantes conduisant à des à-coups de croissance. La fumure azotée devra être maîtrisée. Elle ne sera ni trop forte (à l’origine de tissus succulents très réceptifs), ni trop faible (sources de feuilles chlorotiques constituant des bases nutritives idéales pour B. cinerea).
  • Rappelons que l’effeuillage de la partie basse des plantes favorise la maturation des fruits, simplifie la cueillette, et contribue à améliorer le climat du couvert végétal en améliorant la circulation de l’air dans la culture. Ne pas tailler durant les périodes couvertes et humides.
  • Eliminer très rapidement les débris végétaux en cours de culture, en particulier les plantes moribondes portant un à plusieurs chancres sur tige et les fruits pourris sur lesquels B. cinerea sporule. Faire pareil en fin de culture, afin qu’ils soient ultérieurement enfouis dans le sol et que le champignon puisse s’y conserver. Un labour profond facilitera la décomposition des quelques déchets restants
  • Des traitements fongicides préventifs sont souvent indispensables sous serre à certaines périodes de l’année pour contrôler ce champignon (e-phy).
  • Prudence dès que la végétation devient importante, surtout par temps couvert.
  • Soulignons que plusieurs familles de fongicides sont concernées par des phénomènes de résistance, donc alterner les familles chimiques de fongicides. Traiter à la suite des effeuillages, récoltes, etc. afin de protéger les plaies réalisées. Une bouillie fongicide épaisse peut être appliquée sur les jeunes chancres après les avoir curés, bien recouvrir aussi les lésions sur tige.
  • Maitriser les autres maladies et prédateurs car ils sont à l’origine de blessures, de nécroses tissulaires propices à l’installation de B. cinerea.
  • Un certain nombre de méthodes alternatives ont été ou sont expérimentées dans plusieurs pays (des extraits de compost, des antioxydants, des huiles essentielles de citron, un extrait de Reynoutria sachalinensis, du bicarbonate de soude, etc. ont aussi été testées).
  • Des bactéries et plusieurs champignons antagonistes ont été évalués pour contrôler ce champignon (des Streptomyces spp., des Bacillus spp., plusieurs levures, Aureobasidium pullulans, Microdochium dimerium, Gliocladium virens, G. catenulatum, Trichoderma harzianum, Ulocladium atrum, Chaetomium globosum, Clonostachys rosae, Rhodosporidium diobovatum, etc. Plusieurs prépations biologiques sont actuellement commercialisées.
Dernière modification : 18/10/2021
  • Auteur :
  • D Blancard (INRAe)
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