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Méthodes de protection


Il n'existe aucune méthode de lutte curative permettant de contrôler efficacement les virus en cours de culture, et en particulier le virus de la mosaïque de la tomate (Tomato mosaic virus, ToMV). Généralement, une plante infectée le restera toute sa vie.

Nous vous conseillons de consulter la rubrique « Méthodes de protection » de la fiche traitant du PepMV. En effet, les mesures permettant de contrôler les virus transmis par contact sont les mêmes, quel que soit le virus. Nous ne rapporterons ici que les informations spécifiques au ToMV.

Une attention particulière devra être apportée à la qualité des graines, car elles transmettent ce virus à un taux parfois très élevé. Si vous avez le moindre doute, celles-ci devront être désinfectées. À titre d'exemple, le ToMV peut être inactivé dans les graines par un traitement à la chaleur sèche (thermothérapie : 80°C pendant 24 heures, 78°C pendant 48 heures ou 70°C pendant 72 heures) ou par du phosphate trisodique (Na3PO4) à 10 % pendant 30 minutes à 1 heure. Signalons aussi la méthode utilisée à l'Inra d'Avignon, qui consiste à traiter les graines dans une solution à 2 % (v/v) d'acide chlorydrique (HCl), et à 3 g/l de pectinase. Cette enzyme assure une bonne séparation des graines et de la pulpe. Par la suite, les semences une fois séchées sont placées dans une étuve à 80°C pendant 24 heures (chaleur sèche). Le cumul de ces deux méthodes entraîne la dénaturation du virus. Plusieurs autres méthodes existent : discutez-en avec les ingénieurs spécialistes de protection des plantes qui vous indiqueront celle qui est couramment pratiquée dans votre pays.

Comme nous l'avons avancé précédemment, plusieurs gènes de résistance permettent de contrôler le ToMV :
- le gène « Tm » ou « Tm-1 », issu de Lycopersicon hirsutum, confère une résistance constitutive. Ce gène est apparu relativement instable car il a été rapidement surmonté par des souches de ToMV de pathotype 1 ;
- le gène « Tm-2 », situé sur le chromosome 9, a été obtenu successivement à partir de divers Lycopersicon peruvianum. Ce gène s'est avéré plus stable que le précédent, bien que des souches de pathotype 2 se soient manifestées à la suite de son utilisation, mais d'une façon moins rapide. Signalons une version « Tm-2-nv » qui est associée à un gène semi-léthal « nv » induisant chez les tomates homozygotes une nécrose en réseau (netted virescence) ;
- le gène « Tm-22 », allèle du gène « Tm-2 » et de même origine, est associé à des défauts de fertilité et de qualité des fruits à l'état homozygote.

Comme beaucoup de gènes d'hypersensibilité, « Tm-2 » et « Tm-22 » peuvent ne plus être efficients à des températures élevées. De plus, en présence d'un inoculum important lié à la proximité d'une culture sensible au ToMV, des lésions nécrotiques importantes peuvent être observées sur des plantes hétérozygotes pour les gènes « Tm-2 » ou « Tm-22», ceci par généralisation de la réaction d'hypersensibilité. Ce phénomène se produit notamment dans des serres où les températures varient entre 18-20°C la nuit et 35°C le jour.

De plus, comme nous l'avons indiqué précédemment, plusieurs souches ou pathotypes se sont avérés capables de surmonter les gènes « Tm-1 », « Tm-2 » ou « Tm-22 », utilisés seuls ou en combinaison. Six pathotypes ont pu au moins être définis ; leurs virulences respectives sont détaillées dans le tableau 49 bis.


Signalons qu'une souche nommée « M97 » contournerait la résistance des gènes « Tm-2 » et « Tm-22 » de la tomate. Elle pourrait constituer un pathotype supplémentaire.

Afin de rendre plus durable la résistance au ToMV, la stratégie de sélection élaborée a consisté à associer dans un même génotype différents gènes à l'origine de mécanismes différents. À titre d'exemple, les hybrides F1, aujourd'hui cultivés en serre, comportent les combinaisons de gènes suivantes : « Tm-1 » « Tm-22 » / « Tm1+ » « Tm-2+ » ou « Tm-1 » « Tm-2 » / « Tm-1+ » « Tm-22 » / mais surtout « Tm-22 » « Tm-2+ ».

La prémunition, consistant à infecter artificiellement des plants de tomate sensibles avec une souche « faible » de ToMV, a été utilisée par le passé pour contrôler ce virus. Ainsi, les plantes étaient protégées d'éventuelles infections par des souches agressives, aux symptômes beaucoup plus marqués. Les souches faibles utilisées avaient été obtenues par mutagenèse aléatoire à l'acide nitreux. C'est la souche hypoagressive MII-16 qui a été utilisée pour protéger les cultivars de tomate sensibles sous abri dans de nombreux pays d'Europe, d'Amérique, en Chine, au Japon et en Nouvelle-Zélande. En France, si la prémunition a été largement utilisée, son emploi a commencé à baisser progressivement à la fin des années 1980 avec la commercialisation de plus en plus de variétés résistantes. Rappelons que la prémunition présente quelques limites : elle n'est pas efficace à l'égard du TMV, et des symptômes aggravés peuvent être observés lors d'infection par d'autres virus, comme le CMV par exemple.

Signalons que le gène « N » de résistance au TMV a pu être isolé du tabac et transféré dans des tomates sensibles transgéniques, leur conférant ainsi une résistance au ToMV et TMV.


Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.

Dernière modification : 07/01/2013
  • Auteurs :
  • D Blancard (INRAe)
  • G Marchoux (INRA)