Méthodes de protection
- En cours de culture
Aucune méthode de lutte ne permet d’éradiquer cette maladie en cours de culture. On peut toujours tenter de bloquer son évolution en apportant une solution fongicide* (e-phy) au pied des plantes ou via le système d’irrigation au goutte-à-goutte. Par ailleurs, de légers bassinages peuvent être réalisés aux moments les plus chauds de la journée afin de réduire les flétrissements foliaires.
Les outils utilisés dans des parcelles contaminées doivent être bien nettoyés avant de servir dans d’autres parcelles encore saines. Il en est de même pour les roues des tracteurs. Un rinçage soigneux à l’eau de ce matériel suffira souvent à le débarrasser de la terre et de Verticillium dahliae.
Les résidus de culture, couramment enfouis dans le sol, sont abondamment colonisés par V. dahliae qui y produit de nombreux microsclérotes. Leur élimination limite ce phénomène et contribue à réduire l’inoculum laissé dans les parcelles.
- Culture suivante
Les rotations culturales empêcheront ou retarderont l’apparition de cette maladie. Pour être efficaces, elles seront suffisamment longues — au moins 4 années — et ne feront pas intervenir des cultures sensibles comme l’aubergine, la pomme de terre, le poivron, les cucurbitacées, le fraisier… Les monocotylédones, et notamment les céréales, ne semblent pas affectées par ce champignon vasculaire. Le pois, le haricot et le chou pourraient être utilisés dans les rotations car ils ne favoriseraient pas le maintien de l’inoculum dans le sol.
La destruction de certaines mauvaises herbes comme la morelle noire et l’amarante sera envisagée car ce sont des hôtes de V. dahliae.
On assurera une fumure équilibrée afin d’éviter d’obtenir des jeunes plantes aux tissus trop succulents. L’irrigation devra être optimale durant les périodes chaudes afin de limiter aussi les flétrissements.
La désinfection du sol avec un fumigant ; le dazomet, le métam-sodium seul ou associé au dimethyl polysiloxane (e-phy), ne présentera qu’une efficacité partielle et peu durable, et son coût pourra être élevé. Soulignons qu'aucun usage Verticilliose n'est disponible dans les traitements généraux du sol dans la base e-phy. La désinfection par solarisation, préconisée pour lutter contre d’autres champignons telluriques comme Rhizoctonia solani, permet de réduire l’incidence de V. dahliae. Ajoutons qu’il conviendra de ne pas travailler trop profondément les sols désinfectés avant la mise en culture, sous peine de faire remonter des microsclérotes dans la strate traitée.
L’immersion des parcelles contaminées pendant plusieurs jours contribuerait à limiter le nombre de microsclérotes présents dans le sol, en réduisant la quantité d’oxygène disponible et en augmentant la quantité de CO2. Cette mesure ne semble néanmoins pas réduire suffisamment l’incidence de la maladie pour être adoptée. Les propagules restantes suffisent à V. dahliae pour se développer sur son hôte.
Un fongicide est autorisé pour l’usage « traitement du sol » sur tomate (e-phy).
La solution la plus efficace consistera à utiliser des variétés résistantes. En effet, de nombreuses variétés actuellement cultivées possèdent une résistance monogénique dominante conférée par le gène « Ve » (issu de Lycopersicon pimpinellifolium et localisé sur le chromosome 9). Elles permettent de contrôler la souche commune (race 0, dénommée de façon erronée « race 1 »). Cette résistance est efficace à l’égard de V. dahliae, mais aussi de V. albo-atrum. Une race 2 capable de contourner ce gène de résistance a été décrite à la fin des années 1950 ; elle sévit maintenant dans plusieurs zones de production du monde : Amérique du Nord (États-Unis et notamment Californie) et du Sud, nord et sud de l’Afrique (Tunisie…), Australie et sud de l’Europe (France, Grèce…).
Le greffage sur un porte-greffe tomate, hybride intra- ou interspécifique, pourra être employé afin de contrôler la verticilliose. Signalons que ces porte-greffes ne possèdent que le gène « Ve » et peuvent donc être attaqués par la race 2.
Par ailleurs, plusieurs micro-organismes antagonistes sont signalés comme plus ou moins efficaces contre V. dahliae dans la littérature : Trichoderma viridae, Talaromyces flavus, Bacillus subtilis, Streptomyces griseoviridis, Pseudomonas fluorescens, Gliocladium roseum, Glomus mosseae, Penicillium oxalicum… Ils ne sont pas utilisés actuellement sur le terrain en France.
* Lutte chimique : Le nombre de pesticides disponibles pour un usage donné évoluant en permanence, nous vous conseillons de toujours confirmer votre choix en consultant le site e-phy du ministère de l’agriculture et de la pêche qui est un catalogue en ligne des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture homologués en France. Cette remarque est également valable pour tous les produits biologiques à base de micro-organismes ou de substances naturelles.