Biologie, épidémiologie
- Conservation, sources d'inoculum
Athelia rolfsii (ex Sclerotium rolfsii) se conserve plusieurs années dans le sol sur les débris végétaux, sous la forme de mycélium agrégé (figure 1), mais surtout de sclérotes (figures 2, et 3) qui constituent l'inoculum primaire. Ces structures sont retrouvées libres dans le sol ou associées aux débris végétaux. Leur persistance est plus importante dans les premiers centimètres qu'en profondeur. Ce champignon est aussi capable de se maintenir sur différents substrats organiques sous sa forme mycélienne à l'état de saprophyte.
Ce champignon est un pathogène très polyphage qui peut s'attaquer et persister sur quelques 500 plantes, cultivées ou non, appartenant à une centaine de familles botaniques. Parmi les légumes, signalons notamment le piment, l'aubergine, diverses salades, le melon, le concombre, la pastèque, le haricot, l'artichaut, la betterave, la carotte, le chou-fleur, le céleri, l'ail, l'oignon, le radis, le navet, la patate douce. De nombreuses plantes ornementales sont également susceptibles de l'héberger : le narcisse, le lys, le zinnia, le chrysanthème, l'arachide et le soja sont des hôtes potentiels importants dans les régions où ils sont cultivés. On le retrouve aussi sur pommier.
- Pénétration et invasion
Les premières contaminations ont lieu par l'intermédiaire du mycélium déjà présent dans le sol (figures 4 et 5) ou issu des sclérotes. Elles sont souvent localisées sur les parties des plantes situées au niveau de la surface du sol, à proximité ou en contact avec ce dernier. A. rolfsii produit, lorsqu'il est à proximité d'un hôte potentiel, des enzymes lytiques comme des polygalacturonases ainsi que de l'acide oxalique, un poison entraînant la mort cellulaire. Ainsi, il peut pénétrer directement dans les tissus et les envahir après les avoir décomposés grâce à l'action conjuguée des composés précédents. Son évolution inter et intracellulaire est très rapide, surtout si les conditions climatiques lui sont favorables. Ce processus parasitaire, qui dure de 2 à 10 jours en fonction des conditions climatiques, est à l'origine des altérations humides et des pourritures observées sur les différents organes. Sur les tissus lésés, il forme rapidement du mycélium et des sclérotes. Ces derniers peuvent germer rapidement car ils n'ont pas besoin d'une phase de dormance. Ils sont cependant capables de se conserver plusieurs années dans le sol sans germer.
- Sporulation et dissémination
La transmission de ce champignon est assurée par la terre contaminée par les sclérotes, le travail du sol, les outils et les engins aratoires souillés, l'eau et les plants produits dans des pépinières infestées.
La forme parfaite de ce champignon produirait assez rarement des basidiospores sur le mycélium à la périphérie des lésions. Ces spores pourraient être à l'origine de la dissémination aérienne du champignon sur de longues distances. Leur rôle épidémiologique, mal connu, devrait être assez limité étant donné la faible fréquence de cette forme de reproduction et l'absence de contaminations sur les parties hautes des plantes.
- Conditions favorables à son développement
Athelia rolfsii apprécie les climats chauds et prolifère à la suite de périodes humides et/ou d'irrigations. Il est capable de survivre dans une large gamme de conditions environnantes.
Il aime les sols acides, sa croissance mycélienne étant optimale entre pH 3 et 5 ; la germination des sclérotes s'effectue entre pH 2 et 5. Cette dernière semble inhibée au-delà de pH 7.
Les périodes de temps chaud et humide et les sols asphyxiants, favorisent son extension. Il se développe bien entre 25 et 35°C, sa croissance est bloquée au-dessous de 10°C et au-dessus de 40°C. Si son mycélium dégénère en dessous de 0°C, ses sclérotes supportent des températures de l'ordre de - 10°C. Il croît bien et produit de très nombreux sclérotes entre 27 et 30°C. L'humidité influence également la germination des sclérotes. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, celle-ci serait inhibée dans les sols saturés en eau, certains auteurs rapportant qu'elle serait optimale à des humidités relatives comprises entre 25 et 35 %. L'incidence de la maladie pourrait être supérieure dans les sols bien drainés et sableux. Les alternances de périodes humides et sèches stimuleraient la germination des sclérotes. La présence de substrats organiques, comme des feuilles sénescentes, pourrait augmenter la sévérité de la maladie.